Piratage du Twitter d’AP : les hackers ont-ils le pouvoir de faire plonger l'économie ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Obama "blessé" dans des "explosions" : un faux tweet a fait chuter Wall Street hier.
Obama "blessé" dans des "explosions" : un faux tweet a fait chuter Wall Street hier.
©Reuters

Panique

Piraté hier mercredi, le fil twitter de l'agence de presse américaine Associated Press a annoncé un attentat à la Maison Blanche qui aurait blessé Barack Obama, causant un mouvement de panique à Wall Street.

Charles Bwele

Charles Bwele

Consultant en technologies de l'information, designer multimédia.

Auteur du blog Electrosphère et de Stratégies dans le cyberespace (L'esprit du livre, 2011).

 

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Mardi, le fil twitter de l'agence de presse américaine Associated Press a été piraté, annonçant un attentat à la Maison Blanche qui aurait blessé Barack Obama. Immédiatement démentie, l'information n'en a pas moins causé un mouvement de panique à Wall Street. De telles attaques, se servant des vulnérabilités des organes d'information, sont-elles nouvelles ? Sont-elles dangereuses ? Peut-on imaginer qu'elles causent une chute plus importante de l'économie globale ?

Le Web social est un formidable vecteur de rumeurs mais aussi d'informations concordantes, notamment en cas d'événements spectaculaires ou tragiques. On l'a vu lors des attentats de Boston : un torrent informations concordantes provenant de Twitter, de Facebook, de Youtube, de Flickr ou de Google News a inondé le Net en quelques minutes. Le soi-disant attentat contre la Maison Blanche n'a eu, au final, qu'un impact très limité car aucune autre agence de presse, aucune chaîne d'informations et aucune administration fédérale n'a émis d'informations concordantes ou laissant peser quelque doute. Pas même un tweet envoyé par une stagiaire de la Maison Blanche avec son iPhone. En outre, si le président Obama avait passé ne fut-ce que quelques minutes sur une civière ou dans une salle d'opération, TMZ en aurait très probablement pipé mot. Rien de tel ici. L'économie globale en a vu d'autres...

Nos grandes institutions économiques - banques, places boursières, fonds d'investissements - sont-elles convenablement protégées contre ce type de menaces ?

Les milieux financiers sont quotidiennement alimentés par des rumeurs, des contre-vérités et des démentis qui, corollairement, font le jeu de la spéculation. A défaut d'être convenablement protégés contre de grossiers scoops, les institutions économiques et financières bénéficient d'une résilience globale à l'intox prodiguée par le Web social qui leur permet de recouper rapidement les informations. À l'ère des smartphones et des tablettes, quelques minutes suffisent pour obtenir confirmation ou démenti auprès de plusieurs collègues connectés sur Twitter ou Facebook. Comparons donc l'impact réel de ce tweet piraté d'Associated Press à celui de l'annonce de la faillite de Lehman Brothers en 2008...

Une annonce d'attentat sur le Twitter d'une agence de presse, Wall Street s'effondre. Que traduit une telle réaction de notre rapport à l'information et aux sources ?

Tout cela dénote une sensiblerie propre à l'ère informationnelle en général et aux médias sociaux en particulier, avec son lot d'hyperboles et de surenchères. Wall Street effondrée ? Le cours du Down Jones est revenu à la normale juste après les démentis d'Associated Press et de la Maison Blanche. La panique n'a duré qu'une heure et a certainement provoqué l'implosion de quelques traders hypocondriaques.

Cette attaque a été revendiquée par "l'armée électronique syrienne", qui serait au service du régime de Damas. Quelles sont les entités susceptibles de prendre les places économiques pour cible : Etats, groupes criminels, terroristes, adolescents en manque de fun ?


La Syrian Electronic Army est probablement douée pour le piratage de comptes Twitter mais doit encore faire ses preuves dans l'infoguerre. Voulait-elle réagir à cette intox également véhiculée sur Twitter quelques semaines plus tôt et faisant état de l'assassinat de Bachar El-Assad ? Peut-être. Qui aurait intérêt à cibler les places boursières ? Mon côté sarcastique confinerait sa réponse aux adolescents en quête de fun car jusqu'ici une intox même très sournoise n'a pas encore produit un impact comparable à celui d'une crise systémique comme la faillite de Lehman Brothers. Je vois mal des états, des holdings ou des multinationales jouer à un jeu qui se retournerait très vite contre eux. Les organisations terroristes sont plus versées dans les attentats à la bombe et le commerce d'otages pendant que celles criminelles éliminent des parrains rivaux, des intermédiaires gênants ou des chefs de la police. Ainsi, elles conservent une visibilité sur leurs actions et leurs conséquences et limitent de facto les risques. Nul doute qu'elles innoveront dans le « cyber » un jour ou l'autre. Pour l'instant, à quoi bon se disperser sur la toile sauf pour des buts essentiellement lucratifs ou à des fins de propagande ?

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