6ème semaine de congés : les Suisses refusent de travailler moins pour gagner autant<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Economie
6ème semaine de congés : les Suisses refusent de travailler moins pour gagner autant
©

Zone franche

A près de 70%, les électeurs suisses ont refusé par référendum une sixième semaine de congés. Abusés par la propagande patronale, ces naïfs craignaient d’y perdre en compétitivité…

Hugues Serraf

Hugues Serraf

Hugues Serraf est écrivain et journaliste. Son dernier roman : La vie, au fond, Intervalles, 2022

 

Voir la bio »

Aïe ! Ce sont les frontaliers français qui vont être de mauvais poil en arrivant au boulot ce matin : leurs collègues de travail helvètes ont en effet refusé, hier et à près de 70%, de s’octroyer une sixième semaine de congés payés…

C’est qu’ils sont comme ça, les Helvètes, sympas mais un peu bourrins. Contre toute raison, ils sont convaincus que c’est en continuant de travailler beaucoup (42 heures hebdomadaires en moyenne pour une durée légale de 45 heures) qu’ils préserveront leur niveau de vie élevé et leur quasi plein emploi.

N’importe quoi !

Le problème, c’est qu’ils ne sont pas assez perméables au consensus gaulois sur la façon d’aborder les grandes mutations du moment. Et bien trop sensibles à la propagande du patronat et des gnomes de Zurich. « Regardez les Français : depuis qu’ils sont passés aux 35 heures, leur chômage a explosé et leurs usines se délocalisent à la vitesse d’un cheval chinois au galop », assure benoîtement le MEDEF local.

Hum, c’est sûr, si l’on commence à introduire un argument aussi spécieux dans le débat, on ne va pas aller très loin. Oui la France compte proportionnellement trois fois plus de chômeurs que la Suisse, rémunère ses salariés jusqu’à deux fois moins, n’exporte plus grand chose quand le petit voisin inonde la planète de sa mécanique de précision et de ses molécules pharmaceutiques, mais il faut vraiment être d’assez mauvaise foi pour en conclure que c’est elle qui se plante.

Chacun sait bien, de fait, que si la France est dans les trente-sixième dessous, c’est justement parce qu’elle n’a pas encore suffisamment réduit la durée légale du travail et que c’est en passant aux 32 heures qu’elle redressera enfin la barre. Tout comme chacun sait bien que l’emploi est une sorte de gros fromage circulaire dont le volume est fixé par décret, sur la base d’une loi naturelle, et qu’il suffit de le découper en tranches toujours plus fines pour rassasier tout le monde.

Ah, s’ils faisaient du camembert, les bouffeurs de Gruyère, ils l’auraient compris depuis longtemps… Les frontaliers suisses travaillant en France pourraient d’ailleurs le leur expliquer, mais on me dit que c’est assez rare comme espèce. C’est dingue ce qu’ils sont à côté de la plaque, ces gens-là.  

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !