Petite liste des mesures Sarkozy détricotées puis retricotées depuis l'arrivée de Hollande<!-- --> | Atlantico.fr
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François Hollande détricote les réformes de Nicolas Sarkozy pour refaire les mêmes.
François Hollande détricote les réformes de Nicolas Sarkozy pour refaire les mêmes.
©wikipédia

Péneloppe Hollande

Depuis son arrivée à l'Elysée, François Hollande s'est attelé à un certain nombre de réformes, qui consistent souvent à défaire celles de Nicolas Sarkozy pour les refaire à l'identique, ou presque. Le gouvernement, derrière des habillages rhétoriques, est revenu sur des mesures de bon sens comme la TVA sociale (refaite purement et simplement à l'identique) ou les cotisations sociales, largement inspirées des aspirations de l'ancien président.

Christophe de Voogd

Christophe de Voogd

Christophe de Voogd est historien, spécialiste des Pays-Bas, président du Conseil scientifique et d'évaluation de la Fondation pour l'innovation politique. 

Il est l'auteur de Histoire des Pays-Bas des origines à nos jours, chez Fayard. Il est aussi l'un des auteurs de l'ouvrage collectif, 50 matinales pour réveiller la France.
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 >>> Concernant la TVA Sociale <<<

Christophe de Voogd : La TVA sociale représente une des mesures typique de l'aller-retour auquel on assiste depuis le début de ce quinquennat. Un certain nombre de mesures ont été défaites puis reprises de nouveau en raison de la dureté des temps. Il a bien fallu donner un peu droit au principe de réalité. Ce mouvement d'aller-retour est évidemment masqué par la rhétorique. On change la formulation, mais on retrouve en fait une inspiration qu'on avait voulu liquider. La première année du quinquennat Hollande a donné l'impression d'une volonté de faire table rase, ce que les Romains appelaient la damnatio memoriae. La damnation de la mémoire. On abolit la mémoire du prédécesseur. Il y avait sans doute un coefficient personnel d’hostilité, mais il y a également et indiscutablement  un choix idéologique. Il y a aussi un élément qui relève d’intérêts électoraux bien compris.  

>>> Concernant les retraites <<<

C'est tout à fait l'illustration du principe de réalité auquel il faut se résoudre parfois. Il n'est jamais reconnu non plus qu'il y avait du bon dans la réforme de Nicolas Sarkozy. Durant ce quinquennat on a donc re-tricoté cette réforme, mais uniquement « une partie des mailles » : la nouvelle réforme est très modeste et elle est très inégalitaire entre générations car fait porter tout l’effort sur les générations futures. Et il faudra réformer à nouveau d'ici trois ans.

Quant à  la mesure de Marisol Touraine rétablissant la retraite à 60 ans pour les travailleurs qui ont une longue carrière, elle favorise en fait énormément les fonctionnaires qui ont eu une période de formation payée  qui compte dans les annuités, les instituteurs  des anciennes écoles normales par exemple.

>>> Concernant les cotisations sociales <<<

François Hollande vient d’annoncer qu’il veut baisser les cotisations sociales et les impôts sur les catégories populaires. C'était, via d'autres moyens et d'autres voies, une aspiration qui était celle du début du quinquennat Sarkozy : redonner du pouvoir d'achat, en baissant les impôts. C'est encore une fois, et très clairement, un aller-retour. Trop d'impôt tue l'impôt. C'est absolument démontré et on n'avait pas besoin de deux ans d'expérience pour s'en apercevoir. La baisse annoncée par François Hollande lundi 31 mars ne prendra sans doute pas les voies techniques que Nicolas Sarkozy aurait pu emprunter. Pour éviter que le gouvernement n'apparaisse encore contradiction avec lui-même.

>>> Concernant la défiscalisation des heures supplémentaires <<<

On est encore tout à fait dans le flou, ce qui est la marque de fabrique de ce nouveau quinquennat. Il est donc très difficile de se prononcer là-dessus. Les mesures de Nicolas Sarkozy concernant les heures supplémentaires étaient favorables avant tout aux catégories populaires et aux classes moyennes inférieures. Elle favorisait aussi une clientèle du gouvernement actuel que sont les enseignants, chez qui on assiste aujourd'hui à une grogne. Les heures supplémentaires ont été re-fiscalisée, et c'est une mesure absolument catastrophique pour le gouvernement (on vient de le voir aux municipales). J'ai toujours été étonné que la droite, dans sa campagne de 2012 n’ait pas insisté sur ce thème, si porteur pour elle. En l'occurrence, on ne peut pas reprocher à François Hollande de ne pas faire ce qu'il a dit : c'était dans son programme. Ça n'en reste pas moins une erreur politique et économique majeure.

>>> Concernant la suppression d'Hadopi et le transfert de ses compétences (allégées) au CSA <<<

La loi Hadopi était une usine à gaz, qui ne fonctionnait pas. Était-ce vraiment quelque chose que Nicolas Sarkozy souhaitait ? J'en doute. Il était sous la pression d'un milieu qui lui était hostile – la culture, qui voulait protéger les droits d'auteurs. Hadopi, c'était une concession qu'il a faite à ce milieu (et qui ne lui aura pas servi à grand-chose)… Il y a aujourd'hui un consensus, aussi à droite, sur le ratage de cette réforme. François Hollande devra reprendre le sujet: la pression des milieux culturels est la même et est particulièrement bien relayée dans le gouvernement actuel. De toute façon, il faudra bien traiter cette question fondamentale : le devenir du droit des auteurs et des interprètes dans une économie numérique globalisée

>>> Concernant la renégociation du budget européen <<<

On sort de la question des lois. La politique européenne est un sujet en soi. Néanmoins, il est des choses qui ont beaucoup changé depuis la fin de l'époque sarkozyste : le tandem Franco-Allemand fonctionne beaucoup moins bien. Depuis l'élection de François Hollande, il n'y a pas eu de progrès majeur en Europe.

>>> Concernant les réformes pénales <<<

C'est intéressant parce que le bilan de Nicolas Sarkozy est contrasté, notamment en raison de la frénésie législative qui le caractérisait. Cet empilement et cette succession de lois est quelque chose de toujours mauvais dans un état de droit qui exige la stabilité juridique. Mais où en est la loi Taubira dont on ne parle plus depuis des mois ? Christiane Taubira restant Garde des Sceaux, celle-ci devrait être présentée au parlement. Cette loi qui vise à supprimer les peines planchers va avant tout provoquer un trouble avec la police (ce qui sera évidemment délicat pour Manuel Valls). C'est, de plus, une loi qui ne passe absolument pas auprès de la population. Le gouvernement devrait rencontrer ici une difficulté majeure.

>>> Et concernant le détricotage des propres réformes du quinquennat actuel, comme l'impôt à 75% <<<

A plusieurs reprises le Gouvernement a été sanctionné par le Conseil d'Etat et le Conseil Constitutionnel. Rappelons-nous le retour sur les 15 minutes d'attentes exigées pour les VTC ! De nombreuses fois, tant le Conseil d'Etat que le Conseil Constitutionnel ont rappelé que la liberté d'entreprendre est un des principes fondamentaux de la République, chose qu'on a tendance à oublier au Parti Socialiste, et particulièrement dans l'aile gauche. Ce n'est pas un choix idéologique « ultralibéral », mais un principe essentiel de la République.

Le sujet vous intéresse ?

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