Plus assez de vagues par surfeur en France : le surf, victime de son succès<!-- --> | Atlantico.fr
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Depuis juin, il y a eu à Biarritz 31 accidents de surf ayant entraîné une évacuation vers les centres hospitaliers.
Depuis juin, il y a eu à Biarritz 31 accidents de surf ayant entraîné une évacuation vers les centres hospitaliers.
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Ça farte ?

Depuis le début de la saison en juin, 31 accidents de surfs à Biarritz ont entraîné une évacuation vers les centres hospitaliers de la région. Des chiffres qui enregistrent une hausse de 5% chaque année.

 Ocean Surf Report

Ocean Surf Report

Créé en 2000, Ocean Surf Report est le site de surf français le plus visité avec plus de 30 000 visiteurs chaque jour. Il propose un service de météo du surf et des plages.

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Atlantico : Depuis juin, on dénombre à Biarritz 31 accidents de surf ayant entraîné une évacuation vers les centres hospitaliers, et 74 soins au poste de plage, dont trois accidents avec des tiers en cause. Les urgences de Bayonne précisent que chaque année elles enregistrent une hausse de 5% (voir ici). Généralement, quelle est la nature de ces accidents ?

Ocean Surf Report : Les accidents peuvent être liés à la planche. En tombant, on peut avoir ce qu’on appelle un « retour de planche », qui peut s’aggraver si l’une des dérives (ou aileron) nous percute. L’accident peut être causé par une collision, par exemple entre un surfeur qui remonte vers le large et un autre qui descend la vague. Des conflits peuvent se créer entre ceux qui pratiquent debout et ceux qui descendent les vagues allongés. De nouvelles planches comme le standing paddle sont beaucoup plus conséquentes en termes d’inertie, et sont donc bien plus dangereuses en cas de collision. Des accidents peuvent aussi se produire via la pratique elle-même : une personne qui casse son leash, le câble qui la relie à la planche, et qui n’est pas capable de rejoindre le rivage par ses propres moyens, risque de se trouver en difficulté, surtout en dehors des heures de surveillance. Tant qu’on est sous l’eau, on est en sécurité. Mais une fois à la surface, on peut vouloir se protéger avec la main contre un retour de planche, il est alors possible de se blesser sur les dérives. Les pieds son également exposés.

Cette hausse constante trouve-t-elle son origine dans la sur-fréquentation des spots ?

L’augmentation est sans aucun doute nationale, et s’explique par la pratique accrue. Les écoles sont de plus  en plus sollicitées pour des initiations, ce qui témoigne de cet engouement. Les planches ont évolué, elles sont en mousse, avec des dérives flexibles pour les débutants. Le sport est de plus en plus familial, les parents viennent découvrir avec leurs enfants, ou bien initier ces derniers.

Un spot de surf est ainsi composé : au large, les pratiquants libres, et devant, les écoles. Un brevet d’État permettant d’encadrer huit élèves, si quatre écoles sont présentes, on se retrouve tout de suite avec 32 planches dans l’eau. S’agissant d’un milieu naturel en mouvement, avec des courants, les néophytes n’ont pas la bonne maîtrise de leur planche. C’est pourquoi certains maires légifèrent, en limitant le nombre d’écoles.

Les pratiquants sont-ils trop nombreux à se lancer sans être suffisamment formés aux règles de sécurité ?

Comme à la montagne, on distingue deux types de publics : ceux qui vont se renseigner auprès d’une école, et ceux qui se lancent en découvrant par eux-mêmes. Mais alors qu’en ski on est très rapidement confronté à la difficulté de prendre un tire-fesses, la zone de surf est bien plus accessible. Les gens ne se rendent pas forcément compte des dangers, et se lancent en empruntant ou en louant une planche en ignorant les règles de priorité dans l’eau, les courants et les consignes de sécurité.

A quoi cet engouement pour le surf par le grand public tient-il ? Comment l'expliquer ?

On constate une évolution. Ce qui était une niche s’est démocratisé. Le nombre croissant d’écoles a incité à la pratique et le matériel pour débutants s’est amélioré, ce qui fait qu’en une semaine un néophyte est capable de tenir sur sa planche et de descendre des petites vagues. Ce qui était une pratique extrême est devenu un sport-loisir.

La création d’un « permis surf » semblant impossible et contradictoire avec la philosophie même de la discipline, quelles solutions sont envisageables pour limiter les accidents ?

Un permis surf serait assez extrême, mais aurait son utilité. Les accidents sont surtout dus à « l’ignorance » des gens. Il faut tout simplement connaître les règles de sécurité : ne pas partir à plusieurs sur la même vague, se protéger la tête en cas de chute, ne pas lâcher sa planche lorsque d’autres personnes sont à proximité… Toutes ces consignes permettent d’éviter les accidents. Le meilleur des remèdes reste l’éducation des gens. Les consignes élémentaires sont d’ailleurs affichées sur les plages. Il faudrait aussi les inciter à passer par les écoles.

Lorsque les surfeurs sont très nombreux, il faut aussi savoir réagir de manière raisonnable, et « passer son tour » certains jours car sinon on risque de percuter quelqu’un d’autre. Le raisonnement est le même que pour les pistes de ski saturées : on envisage d’autres options. Les jours de petite houle, les surfeurs confirmés pourraient prendre la décision de laisser l’océan aux débutants.

Les spots de surf n’étant pas infinis, est-il souhaitable pour la discipline que le nombre de pratiquants n'augmente pas indéfiniment ?

Dans le monde, certaines zones sont réservées en raison de la taille de la vague ou de la présence de rochers. Sur certains spots d’Hawaï, par exemple, la sélection des personnes capables de se mesurer aux vagues se fera naturellement. Un débutant ne restera pas plus de dix minutes à l’eau.

Le terrain pourrait changer. La pratique du surf est peut-être appelée à évoluer, notamment au travers du développement des piscines à vagues. Cela permettrait peut-être de désengorger le spots. Certaines villes pourraient aussi développer la pratique de nuit, en éclairant les spots. Le surf de nuit se fait une fois par an à Anglet, alors pourquoi ne pas le faire toutes les nuits ?


Propos recueillis par Gilles Boutin

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