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La transparence, cet ambitieux projet de loi... dont il ne reste rien
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Mort-née

Le projet de loi sur la transparence est discuté à partir d'aujourd’hui à l’Assemblée nationale, largement remanié à la suite de la fronde menée par le président de l’Assemblée nationale, Claude Bartolone. Le patrimoine des élus sera consultable sur démarche personnelle des citoyens, mais non divulguable.

Bruno de la Palme

Bruno de la Palme

Bruno de la Palme est journaliste économique et politique. Après la direction du service économique de RFI, il a participé au lancement de l’émission Capital sur M6. Il est aujourd’hui réalisateur indépendant de documentaires pour la télévision. Il a publié 100 ans d'erreurs de la gauche française (la Boite à Pandore 2012).

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Rappelons que toute cette histoire de loi sur la transparence a commencé à cause de l’affaire Cahuzac. Le président était comme le roi nu, incapable de savoir que son ministre du budget, chargé entre autres de faire la chasse à la fraude fiscale, avait un compte en Suisse depuis des années. En guise de contre-feu, la gauche a habilement recouru à la promesse d’une grande loi générale de réorganisation de la vie publique française, alors que c’était son camp qui était en cause.

Dans la droite ligne de ce grand discours sur la volonté de transparence à tout prix, tout le monde a cédé au ridicule en faisant étalage de son patrimoine, à coup de canapés, de vélos et de Twingo. Très vite, Claude Bartolone est monté au créneau, conscient que transparence et socialisme ne faisaient pas forcément bon ménage. Comme l’a fait remarquer Nicolas Sarkozy, "les socialistes détestent l’argent quand ça n’est pas le leur." Il faut se réjouir que le président de l’Assemblée nationale ait obtenu l'abandon de l’obligation de publication des patrimoines des élus, ramenée à une possibilité de consultation par les citoyens, sans autorisation de divulgation. Autre point extrêmement dangereux : la gauche voulait profiter de ce "combat pour la moralisation" pour faire la chasse aux professions en manque, selon elle, d’honorabilité pour faire de la politique. Au pilori notamment, la profession d’avocat. Nous nous serions retrouvés avec 100% de fonctionnaires à l’Assemblée nationale. Pour rappel, les Socialistes ont 72% de députés fonctionnaires, alors que la moyenne, à l’image de l’UMP, se situe à 40-45%.

La montagne a donc accouché d’une souris. Cette loi ne présente pas d’utilité, car elle ne sert qu’à conforter la gauche dans sa conviction qu’elle est la garante d’une certaine moralité. Le "camp du Bien" manifeste une fois de plus sa volonté de laver plus blanc que blanc. Ce projet de loi est à l’image de la prestation de dimanche de François Hollande dans l’émission Capital sur M6 : les sujets étaient bons, les questions pertinentes, mais dans tous les compartiments il a botté en touche.

Le projet tel qu’il apparaît aujourd’hui a cela de rassurant qu’il ne répond pas à l’éternelle volonté de transparence de la gauche. Ses chantres louent le modèle scandinave, mais oublient que là-bas la chose se fait naturellement. En France, depuis des décennies l’argent, les riches et les entrepreneurs sont stigmatisés. La moindre possession de biens devient absolument suspecte. Si la réforme était passée telle que François Hollande l’avait voulue au départ pour faire face à l’énormité de l’affaire Cahuzac, nous aurions fait un pas de plus dans le totalitarisme de l’égalitarisme, poison dangereux et porteur de délation qui pousserait chacun à regarder à la moindre occasion dans l’assiette de son voisin.

On peut donc être rassuré de voir aujourd’hui ce qui ressort de ce texte, à savoir pas grand-chose. Mais gardons en tête qu’il est certain qu’ils voudront aller plus loin. Suite au prochain numéro, donc.

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