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Les Virus, l’économie, les politiques et la mort. Premières leçons de la gestion de la pandémie
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LES ENTREPRENEURS PARLENT AUX FRANÇAIS

Denis Jacquet évoque cette semaine les premières leçons qu'on a apprit de la crise sanitaire de notre « ami » COVID.

Denis Jacquet

Denis Jacquet

Denis Jacquet est fondateur du Day One Movement. Il a publié Covid: le début de la peur, la fin d'une démocratie aux éditions Eyrolles.  

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Le monde pourrait s’écrouler. Pour préserver nos nations d’un virus, qui reste à ce jour porteur de 2000 morts en France, contre 18 000 de la grippe en 2018, contre, selon les évaluations récentes, entre 280 et 571 000 morts du H1N1 (Swine flu) dans le monde, en 2008 pour 1.4 milliard d’individus contaminés à l’époque (contre 600 000 contaminés à l’heure actuelle et 26 800 morts). Pourquoi n’avions-nous eu aucun confinement à l’époque et pourquoi pourrions-nous en ressentir des conséquences plus lourdes aujourd’hui ?

Il est vrai, que la gestion de la crise de l’époque n’a rien à voir avec aujourd’hui. Pourtant Obama n’était pas soupçonné comme Trump, d’être un homme dont le cœur ne bat que pour le business, sans compassion. Tout le monde a été totalement débordé comme aujourd’hui. Les morts se sont accumulés, bien plus vite qu’aujourd’hui. Et pourtant, le confinement n’avait pas paru être la solution à l’époque. Il encore trop tôt pour tout analyser aujourd’hui, mais il peut être intéressant de se poser la question de l’évolution de la société depuis la crise précédente.

Tout d’abord, la santé est restée un enjeu fort, mais l’occident, notamment la France y a perdu en partie sa place. Une médecine paralysée par le principe de précaution, et les accusations de tous les maux, notamment des Labos, pris la main dans le sac sur quelques affaires médiatiques, ont jeté le dévolu sur ces industries majeures. Moins de risque, moins de résultats. Ces leaders d’hier sont désormais en danger et incapables de jouer ce rôle de leader. Les déremboursements, la réduction de la liste des médicaments pris en charges, ont poussé un peu plus les labos à réaliser des économies. Du coup, le moindre lit médical, le moindre test, le moindre masque, le moindre réactif, est désormais produit en Inde et en Chine, pour en baisser le coût, et quand la Chine s’arrête….

Idem sur les médicaments, quand l’État Marocain confisque la Chloroquine, Sanofi, ne peut plus livrer la France, qui dans un élan de précaution se fait des nœuds au cerveau, en se demandant, soudainement, si un médicament produit depuis 50 ans et consommé par des millions de personnes chaque année en Afrique, poserait tout à coup, des problèmes de sécurité. Double peine.

Aucun plan massif pour revisiter l’efficacité de notre médecine, mais des plans successifs pour en réduire le coût, sans améliorer son fonctionnement, ont conduit à une paupérisation des soignants, de leurs conditions de travail, de l’équipement, et même de la R&D. Notre Reine est restée belle, mais endormie au mieux, ridée profondément, en réalité. Belle de loin.

Ce qui a changé, c’est que la dette des États a continué sa course vers les sommets, ou les bas-fonds, selon la façon de le voir. Dès lors, nos économies reposent de plus en plus sur du bluff, sur la confiance que nous pouvons encore avoir en elle, sur leur capacité résiduelle à s’endetter encore un peu plus, et de rembourser, au final. Mais la baudruche est prête à exploser. Les USA, sous la pression de Trump -dont le plan personnel n’inclue pas de perdre les élections- injectent tout ce qui reste à injecter. En Europe, cette position s’est opposée pendant à peine quelques jours, à la volonté de Christine Lagarde, désireuse (et surtout consciente de la réalité) de ne pas creuser notre tombe un peu plus, avec une pioche sans manche. Volonté mise à bas par le début du confinement et l’effondrement des bourses mondiales.

Certains Etats commencent à stocker de l’or depuis quelques semaines, afin que leurs économies, au moment de leur effondrement possible, soient enfin basées sur une richesse concrète, une valeur palpable. Nous arrivions déjà au bord du gouffre, et tentions de gagner quelques centimètres, avant d’être totalement submergés pour ne pas sombrer trop vite. Un confinement total, extensif, sera la vague de trop, qui tuera le malade. L’enjeu cette fois, nous tiraille bien plus qu’en 2008, et c’est ce qui rend le dilemme bien plus terrifiant qu’à cette époque.

Ce qui a également changé, c’est l’accroissement de la défiance à l’égard du politique, qui se cherche un terrain résiduel de légitimité, une raison à donner au peuple de lui accorder encore un peu de crédibilité et lui laisser le pouvoir. La santé s’est imposée comme le thème majeur. Face à un citoyen qui ne croit plus à l’emploi, la croissance, l’égalité des chances, ou à l’identité, le politique doit à tout prix trouver un soldat Ryan à sauver. Il doit assurer qu’il n’existera pas un citoyen abandonné par l’État, qui en profitera, avec ses fonctionnaires et politiques, pour fustiger tous ceux qu’il a pourtant, par manque de stratégie, poussé au crime. Et faire au passage, du médecin un héros, à qui il demandait il y a encore quelques semaines des efforts supplémentaires. Tout à coup, on souhaite les réhabiliter et mettre un plan Marshall de la santé. On rêve ! Des avions pour sauver quelques malades, des trains médicalisés pour apporter des médicaments, des moyens bourrés de bonnes intentions, qui manifestent de la part du politique, un opportunisme sans limite, celui d’avoir trouvé le bon filon pour se rabibocher avec « le peuple ». Et cela marche. Les sondages n’ont jamais accordé à Macron autant de confiance depuis le début des Gilets Jaunes.

Mais cela n’est pas soluble dans la réalité. Celle de l’augmentation inquiétante des violences conjugales, du nombre d’enfants battus, défenestrés, en croissance incontrôlée, sans parler de l’impact sur les handicapés, dont on commence à peine à parler. Pas soluble dans la réalité économique, celle de la mort économique de nos entreprises. Surtout les plus petites.

Cette réalité une fois dévoilée, cette popularité s’effondrera, avec un effet inverse amplifié, si la récession arrive. Et le retour de bâton sera sévère, car alors le subterfuge sera levé. Sans cash, sans plus d’endettement possible, sans plus d’injection possible, avec une planche à billet épuisée, le peuple tombera d’un peu plus haut et votera pour tous les populistes de la terre. Il est temps d’écouter Peter Drucker, et relire ses écrits sur le lien entre récession et totalitarisme. Si Jean Tirole, qui n’est pas un homme qui aime se pavaner sur les plateaux contrairement à certains de ses collègues français, sort de sa réserve, ce n’est pas par hasard. Il voit le danger. Et étrangement, Trump, que l’on accuse de tous les maux ici en Europe, le voit bien, et cherche toutes les solutions pour remettre chacun au travail. La mort des salariés, qui doivent choisir entre payer leurs vivres au quotidien et leur assurance santé. La mort des PME/TPE, seuls pourvoyeurs d’emplois, en net, dans tous les pays occidentaux, serait la mort des salariés qui y travaillent. La mort à venir des femmes battues, des handicapés, explosera à la face de ce qui pensent que seul le confinement est la solution. Elle est importante, pendant 1 temps, le plus court possible, mais ce n’est pas la seule, et ne pas penser aux solutions alternatives, serait criminel. Alors pensons, fort et prenons les décisions qui concernent la France, le monde, non plus uniquement avec un conseil scientifique, mais également avec des représentants de la société civile, notamment de la société économique. Pas pour « wall street » comme le diront les alter-mondialistes, mais pour les salariés, les hommes et femmes des territoires ruraux, des villes, petites et moyennes. L’humanité est au bord du gouffre, et se cantonne à une solution unique qui arrange le politique. Pensons large et pensons demain. Pour une fois voyons un peu plus loin que le bout de notre nez.

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