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La crise mondiale du coronavirus va consacrer la suprématie de la révolution digitale et  la victoire des GAFAM...
©DAMIEN MEYER / AFP

GAFAM

Le virus qui a miné la planète toute entière a sanctuarisé l’utilité indiscutable du digital. Le 21ème siècle sera donc indiscutablement le siècle du digital, dominé par les Gafam.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

Il est aussi l'auteur du blog http://www.jeanmarc-sylvestre.com/.

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L’épidémie mondiale du coronavirus n’a pas tué la mondialisation comme certains prennent plaisir à l’annoncer. L’épidémie n’a pas davantage tué l’économie de marché comme système universel d’organisation de la production des richesses.

Mais l’épidémie a sans doute tué les idéologies "prêtes-à-penser”, ce virus n’est ni de droite, ni de gauche. Il n’a ni frontière, ni religion. C’est un ennemi sans drapeau, sans visage, sans uniforme, mais qui, comme à la guerre, sème la terreur et pour finir la mort. Aucun traitement, aucun vaccin connu jusqu’alors pour le vaincre. Sinon, les plus riches l'auraient trouvé et acheté.

Son seul adversaire est finalement l’intelligence humaine, intelligence individuelle et collective et cette intelligence humaine n’a qu’une seule arme : le digital. Une fois sortis du cauchemar, au moment du réveil, on va se rendre compte que le digital nous a sauvé la vie et en nous sauvant la vie nous a fait changer.

Cette épidémie a imposé et sacralisé la révolution digitale et tous les acteurs qui l’ont faite. L’épidémie aura, quoi qu’on dise et quoi qu’on fasse, surtout changer la façon de travailler et de vivre ensemble dans le monde entier.

1 La façon de travailler va durablement changer. La mise en place du télétravail à très grande échelle va être le seul moyen de réponde à la nécessité de continuer à créer de la richesse et à respecter les règles de confinement, seul moyen d’épuiser l’épidémie. On estime aujourd'hui que le télétravail peut couvrir en moyenne 30% du PIB. Alors on pense immédiatement aux activités de service décentralisables qui ont pu être réalisées par le télétravail : l'éducation, la formation, la recherche, le travail administratif, la banque et la gestion de tous les flux financiers, tout le travail d’organisation et de programme, toutes les distractions, musique, cinéma, visites de musée, etc

Mais le digital aura aussi permis une explosion de la télémédecine, la pratique juridique, et surtout le E-commerce à condition que puisse se développer les services de livraison.

Cette façon de travailler ne sera pas abandonnée une fois le virus complètement éradiqué. Ce changement dans les process de travail concerne tous les acteurs, les chefs d’entreprise, les syndicats et l’Etat. Certains secteurs seront complètement bouleversés, à commencer par celui de la santé et de la prévention. C’est le traitement de la data qui a aidé les Coréens à sortir de la crise.

2° la façon de vivre ensemble va aussi durablement changer. La pratique du confinement a obligé tout un chacun à inventer une façon de vivre ensemble en famille, entre générations, entre voisins. Et le seul lien qui a permis de rester en contact avec les autres est passé par le téléphone portable, le smartphone, et toutes les applications, pour passer le temps, lire un livre, écrire, regarder un film, faire du sport, jouer, faire de la cuisine, mais aussi pour s’informer, se soigner etc.

Cette révolution digitale va impacter tout le 21ème siècle, exactement comme la machine à vapeur avait dominé le 19e siècle et l'électricité celui du 20ème siècle.

Ces grandes inventions, comme la démontré Fernand Braudel, ont engendré des révolutions puissantes dans la mesure où elles intéressent le plus grand nombre. Lensemble de la population, quelques soient les dieux, les idéologies, les croyances, les inégalités, les riches comme les pauvres.

Ces grandes révolutions ont beaucoup plus de conséquences que les révolutions politiques qui consacrent en général un clan contre un autre. La révolution française a donné le pouvoir à la bourgeoisie, la révolution bolchevick a donné le pouvoir à la classe ouvrière, non propriétaire.

La révolution industrielle, électrique ou digitale donne le pouvoir à tous. Sans distinction de richesses ou de privilèges et ces révolutions dordre technique obligent les régimes politiques à se réformer. Le système soviétique est tombé parce qu’il était incapable de répondre à la demande de son peuple.

Mais comme la révolution industrielle ou électrique, la révolution digitale va nécessiter d’énormes investissements en matériels, en serveurs, en équipements de communication et en recherche. C’est exactement ce qui a commencé à se faire dans le monde entier avec la montée en puissance des grandes entreprises du digital. Les fameux Gafam. Les Google, Amazon, Facebook, Microsoft, Apple qu'ils soient américains ou chinois. Et on voit bien que les deux pays se livrent à une concurrence effrénée pour le contrôle des marchés, des matières premières, des énergies, mais aussi des datas. Sauf que lors de cette épidémie, on s’est aperçu et cela pour la première fois que l’humanité se partage les données scientifiques. Y compris la Chine. Comme quoi dès que les valeurs humaines sont en risque, les peuples en arrivent à faire taire leur rivalité et deviennent plus intelligents. Les Chinois ont découvert la carte du génome du virus, et ce sont sans doute des Français et des Allemands qui sur la base de cette carte seront les premiers à découvrir soit un traitement soit un vaccin.

Le seul problème grave aujourd’hui est que les réponses à ces épidémies nécessitent moins dintelligence individuelle quune intelligence collective pour appliquer les règles et accepter de consentir ensemble un effort qui revient le plus souvent à hypothéquer certaines libertés. D’où la lenteur et l'hésitation des démocraties à mettre en place les comportements nouveaux. D’ou la réactivité des pays autoritaires comme la Chine ou ceux qui font peu de cas de la liberté de pensée et de la protection des données personnelles comme la Corée du Sud. Comme l’écrit très justement le philosophe André Comte Sponville, “faut-il vivre en dictature pour être préservé du Coronavirus, ou prendre le risque de le contracter dans une démocratie? ".  Il préfère, je préfère, nous préférons affronter les risques de la démocratie. Pour André Comte Sponville, « donnons plutôt à nos démocraties les moyens d’être efficaces, par exemple en respectant scrupuleusement les règles du confinement." A une condition, ajoute-t-il, de ne pas faire de la santé, la valeur suprême de la société. La santé est un bien très précieux, mais la liberté, l’amour, et la justice sont des valeurs plus hautes »

Ce qui veut dire que le confinement est incontournable à condition qu’il n’engendre pas une famine parce que les biens alimentaires ne seraient pas acheminés, à condition qu’il n’engendre pas une guerre civile entre ceux qui pensent pouvoir s’en exonérer et ceux qui ne le pensent pas. Entre ceux qui peuvent accéder à des médicaments qui seraient interdits à d’autres.

En bref, à condition que le pouvoir politique assume ses décisions et leur application. Son principal levier d’action  est évidemment dans le digital et la formidable capacité qu’il offre pour traiter l’information.

Cette crise va donc imposer dans le monde entier l’univers digital, tout comme au 19e siècle, la machine à vapeur s’est imposée comme moteur du décollage économique et tout comme au 20ème siècle, l'électricité s’est généralisée sur toute la planète.

Toute la question au 19e siècle et au 20e siècle aura été de savoir qui contrôle les matières premières et l’énergie, le charbon, le pétrole ou le nucléaire.

Avec le digital toute la question sera de savoir qui contrôlera les opérateurs de réseau, les producteurs de logiciels et ceux qui gèreront la Data. Aujourd’hui, le digital mondial est fourni et contrôle par les entreprises américaines les plus puissantes du monde, les fameux Gafam, et les entreprises chinoises comme Alibaba, Huawei et quelques autres.

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