L'économie doit-elle rimer avec écologie pour éviter un désastre en 2050 ?<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Consommation
L'économie doit-elle rimer avec écologie pour éviter un désastre en 2050 ?
©

Mal de terre

Alors qu'un rapport remis le 30 janvier à Ban Ki Moon tire la sonnette d'alarme sur la capacité de résilience des systèmes naturels, en préparation du prochain sommet de la Terre en juin à Rio, peut-on réellement fondre l'écologie dans le marché de manière efficace ?

François  Saint-Cast

François Saint-Cast

François Saint-Cast est docteur en économie Université Paris 12 Val de Marne. il est fondateur de Diagnostic & Systems, spécialisé en étude d’impacts économiques. Initiateur de Eco Eco Index Project.

 

Voir la bio »

Atlantico : Ban Ki-Moon a évoqué à Addis Abeba un rapport sur l'économie et l'environnement. Il a exprimé le souhait que l'on n'ignore plus le coût de la croissance sur l'environnement. Il a souligné d'ailleurs le fait qu'en 2030, "la planète aurait besoin de 50% de nourriture en plus, 30% d'eau en plus et 45% d'énergie en plus" et que l'on devait changer de mode de production au risque de nuire à l'écosystème et à l'homme. Partagez-vous son pessimisme ? 

François Saint-CastCe n'est ni de l'optimisme ni du pessimisme, mais le simple exposé d'une réalité. La population mondiale devrait se stabiliser autour de 9 milliards d'habitant en 2050. Compte tenu de la progression des consommations par habitant du fait de la croissance des pays émergents, ces chiffres paraissent assez réalistes. Mais il n'y a là rien d'insurmontable.

Ces questions passent par une progression importante des technologies et des procès économes en énergie et en matières. Ainsi qu'un développement des pratiques de recyclage et d'utilisation des déchets. Il reste que toute chose égale par ailleurs, c'est-à-dire à technologie constante nous serons incapable de satisfaire les besoins de tous. 

Le rapport pointe notamment la possibilité d'un nouveau lien entre la production d'eau, d'énergie et de nourriture ? 

Nous connaîtrons certainement des tensions importantes sur l'ensemble des énergies et des matières premières, particulièrement agricoles. Mais aussi sur l'ensemble des minerais. Dans le contexte géopolitique actuel où chaque nation entend défendre ses positions et accroître sa sécurité énergétique, il y a là de fortes sources de conflits armés soit régionalement pour le contrôle de l'eau par exemple, soit plus globalement pour les énergies et les minerais. La raréfaction de ces ressources et l'avidité des Nations ne peuvent être atténuées que par des organisme internationaux dotés de pouvoirs pour trancher les litiges, à l'image de l'OMC en ce qui concerne le commerce. Ceci obligerait à accepter des pertes de souveraineté des Etats.


Selon vous pouvons-nous sérieusement réunir l'écologie et l'économie ? 

L'écologie et l'économie ne sont pas des disciplines opposées, bien au contraire. Toutes deux visent à l'affectation optimale des ressources. Jusqu'à une époque récente la théorie économique considérait que les ressources étaient inépuisables. Ce n'est plus le cas maintenant. Il en est de même pour les déchets qui en période d'abondance et de faible prix des matières représentent une externalité négative, mais qui en période de plus grande rareté et d'augmentation des prix des matières constituent de plus en plus un marché rentable par le recyclage.

L'incitation à l'économie et au retraitement se fera naturellement au fur et à mesure que le prix des matières augmentera. On peut cependant accélérer le processus grâce à des politiques d'incitation financière.

C'est ce que propose Eco-Eco-Index Project qui repose sur un bonus malus environnement s'appliquant par secteur d'activité sur les établissements des entreprises. L'index combine une mesure de l'eau consommée, des GES, et de l'énergie, pondérée par la valeur ajoutée produite et le nombre d'emplois.  Par secteur d'activité (code NAF) les plus dépensiers en énergie payent à leurs concurrents plus économes (voir pour le détail ici )

On peut penser aussi à une exonération totale ou partielle de TVA sur les produits issus du recyclage ou qui incorpore une proportion de produits recyclés. Ou encore, l'accentuation des déductions fiscales sur les investissements liés au logement et visant à économiser l'énergie... Au final, je pense que notre salut repose sur le développement de la connaissance qui passe par des politiques d'instruction publique à l'échelle mondiale. Plus nous aurons de personnes qui chercheront des solutions alternatives plus nos chances de trouver seront grandes.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !