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"Allah est grand 
et Tartuffe est son prophète !"
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Cher Pascal Boniface...

Dans une récente interview publiée sur Atlantico, Pascal Boniface reprochait à Charlie Hebdo de "penser que l’Islam en tant que tel est une plus grande menace pour la défense des libertés que les autres religions". Benoît Rayski lui répond...

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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M. Boniface préfère les Guignols de l’info à Charlie Hebdo : c’est son droit. Les caricatures de Mahomet ne font pas rire M. Boniface : c’est encore son droit. M. Boniface est le champion toutes catégories du combat contre ce qu’il appelle « islamophobie » : c’est son affaire. Mais son propos demeure à tous points de vue intéressant : il constitue le sommet le plus achevé de ce que peut être la mauvaise foi et l’hypocrisie, un domaine où pourtant la concurrence est rude. Il faut lire, ou relire, son entretien, tant il est accablant pour son auteur.

M. Boniface laisse entendre qu’il est pour la mesure, l’équilibre et l’équité. La sagesse même ! Et de surcroît elle émane d’un apôtre de la douceur et de la bienveillance. Selon M. Boniface, Charlie Hebdo ne respecte pas, mais pas du tout, ces très saints principes. En effet, l’hebdomadaire taperait, selon lui, beaucoup plus sur l’Islam que sur le Christianisme et le Judaïsme. On ne contestera pas ce constat. Mais qu’il soit permis de poser quelques questions à M. Boniface.

Aurait-il eu connaissance d’une pression insistante du Pape, obligeant l’Italie à adopter une loi punissant de mort le blasphème contre le Christ ? Pourrait-il nous citer les noms des évêques et des cardinaux qui auraient prononcé des fatwas (désolé, je n’ai pas trouvé l’équivalent en latin), promettant le châtiment suprême à des écrivains qui auraient mis en doute la virginité de Marie ou le dogme de la Sainte Trinité ? Serait-il en mesure de nous indiquer combien de mosquées ont été incendiées, avec leurs fidèles à l’intérieur, par des fanatiques chrétiens ?

S’agissant des rabbins (qu’il ne faut surtout pas oublier, faute de quoi on se verrait reprocher d’être un abominable sioniste !), il devrait aussi nous faire savoir combien de femmes impudiques et adultères, et il y en a un paquet en Israël, ont été lapidées ou fouettées à Tel-Aviv ? Et il est certainement en mesure de nous communiquer le nombre de juifs refusant de porter la Kippa qui ont été insultés, humiliés, et emprisonnés dans les geôles de « l’entité sioniste » ?

Il aura également à cœur, j’en suis sûr, de nous faire savoir combien de juifs, extrémistes et surexcités, sont allés brûler le drapeau iranien et attaquer les ambassades d’Iran, suite à la publication à Téhéran d’une très délicate caricature montrant la petite Anne Franck au lit avec Hitler ? Fort de toutes ces informations, nécessaires et importantes, il les communiquera sans aucun doute à la rédaction de Charlie Hebdo. Alors celle-ci n’aura plus aucune excuse pour ne pas taper aussi fort sur les curés et les rabbins que sur les imams…

Je voudrais, pour finir, me livrer à un petit rappel de la guerre d’Espagne. Cette guerre-là fut particulièrement cruelle. Les Franquistes combattaient au nom du Christ-Roi. Et avec la bénédiction de l’Eglise ils tuèrent, par dizaines de milliers, des républicains, des communistes et des anarchistes. Ces derniers n’étaient pas non plus des enfants de chœur : ils exécutèrent des milliers de prêtres catholiques. Mais au Pays Basque, il se trouva des curés qui refusèrent le Christ-Roi des Franquistes et prirent le parti de la République espagnole. Les Franquistes les fusillèrent allègrement. Et c’est à eux, à ces prêtres-là que vont mes pensées. J’attends, contrairement à M. Boniface, qu’il y ait des imams qui agissent comme le firent les prêtres basques. Comme Pascal, je ne crois qu’aux témoins qui se font égorger. 

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