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Taxe Tobin : 
les traders en sauveurs ?
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Zone franche

Pour sortir de la crise, encourageons les transactions financières inutiles et l’enrichissement des banquiers !

Hugues Serraf

Hugues Serraf

Hugues Serraf est écrivain et journaliste. Son dernier roman : La vie, au fond, Intervalles, 2022

 

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Au bon vieux temps du service militaire et des corvées de latrines, on imagine avec horreur ce qu’aurait pu donner un régiment sans fortes têtes : pas de punis, pas de passage de serpillière !

Les systèmes dont le bon fonctionnement est adossé la nécessité de comportements déviants sont souvent efficaces, mais la morale n’est pas exactement leur fort. La taxe Tobin, qui est un peu l’équivalent financier du nettoyage de cagoinces et doit contribuer à sauver une Europe ruinée par les spéculateurs (enfin, c’est une façon de voir…), ne sera donc un succès que si ces derniers continuent de s’en donner à cœur joie !

Eh oui : plus ils tradent, les traders, plus ils casquent. Plus ils s’en mettent plein les fouilles et multiplient les opérations inutiles permettant de grappiller quelques centimes ici et là, plus ils alimentent les caisses publiques…

D’ici trois ans, si les petits cochons ne la boulottent pas, la taxe imaginée en 1972 par l’économiste américain dont elle a adopté le nom devrait donc s’installer sur notre vieux continent épuisé et permettre aux États de s’enrichir en dormant ― comme disait François Mitterrand à propos de ces gens qui gagnent de l’argent à ne rien faire.

En prélevant de 0,01 à 0,1% de la valeur des opérations selon leur type (plus c’est mal, plus c’est cher), le dispositif peut effectivement s’avérer extrêmement rentable : appliqué dès cette année, il aurait ainsi rapporté quelque 55 milliards d’euros, ce qui aurait bien l’affaire de nos amis grecs…

La question se pose toutefois, si les équilibres budgétaires se mettent à dépendre des turpitudes d’une poignée de types à bretelles et cheveux gominés assis devant un mur d’écrans Bloomberg, d’aménagements permettant, plutôt que de restreindre leurs coupables activités, de les stimuler un poil.

On peut bien entendu continuer à les vouer aux gémonies (j’adore cette expression, on ne voue plus suffisamment aux gémonies maintenant que l’on fait du « bashing » sur Twitter), mais avec une certaine modération, histoire de ne pas les envoyer faire du tourisme aux îles Caïman ou au Bahamas ― là où il fait chaud toute l’année et ou « Tobin Tax » est probablement le nom d’un cocktail avec du rhum et des fruits rouges.

Tiens, c’est un peu comme avec cette nouvelle taxe sur les très hauts revenus. Frappant quiconque est rémunéré plus de 250 000 euros par an, soit une large majorité de professionnels de la finance, ce dont on se doutait, elle ne touche qu'un misérable 1% de la population. Si c'est avec eux qu'on doit éponger les déficits, on n'est pas au bout de nos peine. Hum, des traders plus âpres au gain, et surtout plus nombreux, c'est peut-être ça, la solution...

Mais avant qu'un politique ait le courage de le dire, hein...

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Note : chat échaudé craint l'eau froide, prenons les devants et préemptons les commentaires outragés. Non, je ne me fais pas réellement l'avocat des vilains traders. C'est pour rire. Les traders sont méchants. Les petits chiens sont mignons. Il faut respecter les limitations de vitesse et ne pas doubler dans la queue au cinéma. Pensez à manger cinq fruits et légumes chaque jour.

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