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Le terrorisme islamiste 
ne disparaîtra pas
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Renouveau terroriste

Dans un enregistrement audio, Ben Laden salue les révolutions arabes et appelle les musulmans à répandre le mouvement. Après sa mort, al-Quaïda qu'il avait lui même fondé semble bien affaibli, ce qui ne veut pas dire que le terrorisme est mort pour autant.

Marc Crapez

Marc Crapez

Marc Crapez est politologue et chroniqueur (voir son site).

Il est politologue associé à Sophiapol  (Paris - X). Il est l'auteur de La gauche réactionnaire (Berg International  Editeurs), Défense du bon sens (Editions du Rocher) et Un  besoin de certitudes (Michalon).

 

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Le déclin d’al-Qaïda ne signifie pas celui du terrorisme islamiste. Il continuera, perpétré par des loups solitaires ou par des acteurs non-étatiques soutenus par des États, car ses causes restent intactes. D’aucuns affirment que le printemps arabe démontre la victoire irrésistible de la démocratie et des valeurs occidentales. Il suffirait maintenant de faire reculer la pauvreté et l’illettrisme pour faire disparaître à jamais le terrorisme. Cette thèse ignore plusieurs facteurs historiques.

L’islamisme répond, d’abord, à la demande de spiritualité. Il se présente comme une alternative à la saturation consumériste. Il dénonce l’Occident comme un univers impie et dominateur qui maltraite et défie la seule vraie religion. Se greffe ici une tentation totalitaire qui promet de laver l’affront de l’humiliation par le sacrifice. Les totalitaires du XXe siècle voulaient déclencher la guerre pour que certaines populations obtiennent leur dû historique.

Les mouvements islamistes se chargent, aussi, d’une aspiration démocratique, la demande de solidarité. L’islamisme est perçu comme une offre de fraternité. C’est l’offre qu’assumaient, un siècle plus tôt, en Europe, les associations caritatives chrétiennes et les caisses de secours du courant socialiste. L’islamisme prend en charge, enfin, la demande de proximité, qui est l’une des aspirations démocratiques fondamentales. C’est le nœud du problème. Le caméléon Al-Qaïda fait souche dans des contrées escarpées ou désertiques. Vu leur difficulté d’accès, les allégeances et l’entraide y sont primordiales.

L’islamisme radical est une franchise commerciale

En Afghanistan, au Yémen et au Sahara, al-Qaïda épouse les modes de vie traditionnels qui sont schématiquement ceux des farouches tribus bédouines. L’islamisme radical est une franchise commerciale qui estampille du sceau du Jihad les agissements de peuples nomades vivant à l’occasion de rapines. Il puise dans ce terreau propice des recrues ou des appuis. Des tribus façonnées par une topographie rugueuse sont coutumières des guerres irrégulières. Des zones de revendications indépendantistes ou irrédentistes sont redoutées par des pouvoirs centraux défaillants à assumer leurs prérogatives régaliennes. La Libye jouxte Al-Qaïda au Maghreb islamique et Kadhafi garde des fidélités dans ces groupes touaregs du Sahel.

Aux yeux d’une partie du monde musulman, Ben Laden avait une « bonne image », celle du berger et du pèlerin. A cette présence visuelle, s’ajoute une voie calme et posée. Sur une vidéo de propagande, Ben Laden explique à un groupe de gens ordinaires les raisons qui sont derrière les problèmes auxquels ils font face. Contre toute attente, sa séduction tient à ce qu’il sait emprunter le registre de la conviction rationnelle. Posant volontiers devant des livres, il prétend être le messager et le serviteur du Prophète. Avec la permission d’Allah, même les gens frustes sont capables de l’écouter et de le comprendre. Il véhicule une forme de chaleur humaine. Il est celui qui, à la tête d’une poignée de combattants, a su tenir la dragée haute à l’hyperpuissance américaine.

L’islamisme offre un brevet de respectabilité à des pratiques perçues comme exprimant à la marge coutumes folkloriques et traditions populaires. Déracinés dans la modernité, certains musulmans sont la cible d’une offre commerciale planétaire qui joue sur le respect des us et coutumes. C’est une offre extrêmement plastique propre à séduire, par Internet ou par bouche-à-oreille, le fils de famille et le va-nu-pieds. Elle invite à ramasser le drapeau de la dignité, foulé au pied par le matérialisme de l’Occident. Elle exprime la rancœur de populations qui attendent ce qui leur reviendrait au regard de la grandeur de l’Islam.

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