OUI à un déficit plus élevé. Mais pas celui-là<!-- --> | Atlantico.fr
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Bruno Le Maire et Emmanuel Macron lors d'un Conseil des ministres.
Bruno Le Maire et Emmanuel Macron lors d'un Conseil des ministres.
©CHRISTOPHE ENA / POOL / AFP

Les entrepreneurs parlent aux Français

Les prévisions du gouvernement étaient optimistes, faute de réalisme. La réalité à la tête dure et les faits sont têtus.

Denis Jacquet

Denis Jacquet

Denis Jacquet est fondateur du Day One Movement. Il a publié Covid: le début de la peur, la fin d'une démocratie aux éditions Eyrolles.  

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Bruno Le Maire ne sait pas compter. Ce serait lui ou un autre cela ne changerait rien. Troquer Lemaire pour un autre politique, qui comme les autres n’a jamais eu à compter, parce qu’il n’a jamais eu à travailler avec autre chose que la détresse et les impôts des autres, ce serait la même chose. Bien sûr il y a encore quelques Raymond Barre ou Delors prêt à remettre la rigueur budgétaire à l’ordre du jour et rester insensibles aux cris des sondages, mais à 99%, Lemaire ou un autre « fusible », le résultat aurait été le même. L’ordre venait d’en haut. Quant aux prévisions de recettes et de dépenses, les gouvernements n’ont jamais su les faire. Le politique préfère l’optimisme, c’est mieux pour les sondages d’opinion. Ce Gouvernement refuse de compter depuis 2020, puisque le « quoi qu’il en coûte » est un concept « cool ». Sauf que désormais, on sait ce que cela coûte et coûtera. Pour quel bénéfice ? Aucun. En revanche, cette culture de la limite du déficit budgétaire devrait avoir une limite simple. Est-elle le reflet d’une dépense politique démagogique ou d’un investissement d’avenir ? Dans le premier cas, il faut châtier les coupables. Dans le second, il faut leur construire une statue, nos descendants l’honoreront ! 

Pourquoi en sommes-nous là ? Tout le monde le sait, je l’ai crié sans cesse depuis 4 ans, donc je ne vais pas me répéter. Je l’avais prévu dès 2020 en préparant mon livre, pas de surprises. Quand on prend de bonnes mesures pour servir de mauvaises décisions au final, en maths, moins par plus, cela fait toujours moins. Nous sommes en dessous du moins. A la température que le Gouvernement nous inflige et a préparé de longue date pour gagner en 2022, on gèle. Nous allons geler. Nous avons emprunté à des taux délirants, et le coût du service de la dette, en 2027, sera insupportable. Bonne chance au successeur. Les rapports de toutes les boutiques crédibles vous donnent des chiffres pour 2027 qui donnent le vertige et froid dans le dos. La nausée et les mains sales diraient d’autres. 

Gabriel Attal qui est celui qui ment avec le plus de talent, indiquait sur TF1 il y a 10 jours que si l’on ne s’était pas endetté en prenant les mesures de chômage partiel et autres mesures au service de mauvaises décisions, nous aurions aujourd’hui un chômage explosif à assumer, et qu’il a pu éviter cela. C’est juste faux ! Le taux de liquidation des PME est le plus haut depuis 30 ans, parmi les PME les plus riches en emplois. Plus encore, les dizaines de milliers d’indépendants et d’entrepreneurs désormais sur le tapis, ne figurent pas sur les chiffres du chômage, car pour récompenser leur prise de risque quotidienne et de les avoir condamnés à mort en 2020 et 2021, ils n’ont droit à RIEN. 

Les chiffres du chômage ont été masqué par la disparition de centaine de milliers de salariés qui ont déserté le travail et ont dû être remplacés, et surtout par l’accélération du départ des seniors, arrivés à l’âge de la retraite, qui ont libéré des postes en masse pour les remplacer. Car nous avons eu un peu de croissance, mais elle n’était pas « nette » (à aucun point de vue) mais une croissance de rattrapage. Quand vous partez du dessous du niveau de la mer, revenir à la surface représente déjà une hausse considérable. Mais vous avez toujours 80% du corps sous l’eau ! 

Fausse bonne tenue des chiffres de l’emploi. Fausse croissance. Vrai déficit. L’équation est mortelle. Mais emprunter autant en période de taux forts était une hérésie, tout le monde le savait. Les taux négatifs, c’est fini, cette aubaine (et hérésie) est derrière nous. Ainsi, toute personne sensée, entrepreneur notamment, qui sait compter lui (ou elle), savait que les recettes ne pouvaient être au RV. Une faillite massive des PME, bien entendu, c’est moins de recettes fiscales. Plus de TVA, plus de taxes locales, plus d’impôt sur les sociétés. Qui à part un politique pouvait oublier cela ? 

L’inflation conduit les ménages modestes, qui eux aussi subissent le contrecoup du « quoi qu’il en coûte », à consommer moins, d’ailleurs la baisse des volumes de vente de la grande distribution en sont la preuve flagrante. Ils vendent autant, car les prix ont augmenté, mais moins de produits. Ce qui se propage sur toute la chaîne de valeurs. Moins de taxes, moins d’IS.. Qui, à part un politique peut négliger cela dans ses calculs. Il faut encore faire ses courses pour le savoir ! 

Les prévisions du Gouvernement étaient optimistes, faute de réalisme. La réalité à la tête dure et les faits sont têtus. Ils se rappellent toujours à vous, un jour ou l’autre. Et ce jour est arrivé. 

Il est de bon ton désormais, de vouloir mettre au coin ces mauvais politiques qui calculent si mal et mettre le pays à la diète, en sucrant à tout va pour tenir les promesses de non-fiscalisation. Petit rappel des diététiciens, en sucrant on ne favorise pas la diète, au contraire. Il y a un juste un tout petit problème, qui lui aussi avance masqué, c’est que l’augmentation des impôts est déjà une réalité. Mais masquée derrière des prix, des taxes indirectes, ou imposée par d’autres que le Gouvernement. On appelle cela la lâcheté et la substitution. 

2 exemples ? Le prix de votre essence à la pompe. C’est un impôt, qui a augmenté, puisque le prix reste élevé, grâce à un bel alignement entre Total et l’État, alors qu’il est plus bas partout dans le monde. C’est donc bien un impôt. Autre exemple, la taxe TV et la taxe d’habitation. Tous ceux qui paient également la taxe foncière ont bien compris que ces 2 taxes ont largement été compensées par l’augmentation de la taxe foncière, qui à Paris, pourrait atteindre, grâce à une Maire sans limite, 40%. Bien entendu, cela ne concerne pas toujours les mêmes personnes, notamment pour les locataires qui ne sont pas propriétaires, mais une nation c’est au final une colonne droite et une colonne de gauche, comme tout bilan, et lorsque la disparition de l’un se compense par l’augmentation de l’autre, la nation au sens global ne gagne rien. La pression fiscale globale reste la plus forte d’Europe. 

Devons-nous revenir sous la barre des 5% pour autant ? Oui et Non. Oui si nous continuons à dépenser. Non si nous investissons. La grande différence qui peut exister entre le même Euro, c’est le placement qui en est fait, l’objectif qui lui est fixé. 

D’une part, les métropoles nous assomment de nouveaux fonctionnaires et intérimaires, pour nous avoir promis simplification, productivité et synergies. Au final, l’inflation du nombre de fonctionnaires territoriaux continue, sans même évoquer pour éviter d’aller dans les détails, les hôpitaux qui font massivement appel à de mauvais docteurs étrangers, moins formés, et surtout à des gardes à des prix ahurissants et des intérimaires qui coûtent le double, ou plus. Et ce n’est qu’un exemple dans une botte de foin. D’autre part, l’État, qui innove peu et ne traduit pas ces éventuelles innovations en moins de coûts, en moins de fonctionnaires, en moins de gabegies. L’exemple doit venir d’en haut et il est vrai que le costume qui voyage en première dans l’avion donne un assez mauvais signal à tous. Pourquoi faire des efforts puisque ceux « du haut » n’en font pas. Dans une entreprise Bruno Le Maire aurait été viré aussitôt. Une règle impossible dans un Gouvernement. Et qui l’aurait remplacé de toutes façons ? Mais quel exemple !! 

L’état ne se remet pas en cause, mais cherche bien des coupables. Les chômeurs, les arrêts maladie, qui il est vrai sont une plaie, surtout dans la fonction publique et notamment territoriale. Savez-vous qu’il y a plusieurs milliers de diplomates, en permanence, au placard, pour non-compatibilité politique, que nous payons chaque jour à ne rien faire, souvent pendant des années ? Même si la situation a changé (un peu) rappelez-vous du rapport Pérotin, enterré pour le scandale qu’il dénonçait sur ces syndicalistes payés par l’État, à ne rien faire, pour s’acheter une éventuelle paix sociale ? 

Bref vous l’avez compris, repasser sous les 5%, ou les 4%, quand on gère aussi mal les comptes publics, est essentiel. 

Mais rêvons un moment. Si ce même argent était investi ? Si il pouvait nous acheter un avenir, être annonciateur de dépenses moins importantes, de meilleur fonctionnement, de compétitivité, d’ambition pour la France (et l’Europe), de retour sur investissement, d’entreprises performantes dans les secteurs les plus porteurs, de domination économique, de maintien ou d’amélioration de notre place dans le top mondial, au lieu d’une lente descente aux enfers ? Alors là oui, je dirais même, allons-y, 6% ne me ferait pas peur. Si ces 6% nous rapportent à terme moyen et long, 10, 100 fois ce qu’ils nous auront quitté, il ne faut pas avoir peur de défier le diktat du taux, la bêtise du seuil théorique. Si la dette est un investissement rentable, elle n’est qu’un mauvais moment à passer qui non seulement se remboursera seule, mais laisser à la France, des bénéfices. Mais là, en revanche votre Sœur Anne préférée ne voit rien venir. 

Garantir les investissements dans les secteurs d’avenir (plutôt que les financer) et ainsi en faire 100 fois plus. Garantir les investisseurs privés. Faire naître des champions via la commande publique, comme aux USA depuis 40 ans. Subventionner l’énergie pour revenir au niveau des USA. Ouvrir l’accès aux terres rares, dont nous pourrions être un des leaders mondiaux, grâce à des littoraux parmi les plus riches au monde (notamment dans les DOM TOM). Investir dans l’IA. L’espace. Le quantique. Les PME des territoires et surtout leur transmission, qui nous promet à 15 ans un cataclysme, puisque 38% d’entre elles ne trouveront pas de repreneurs et transformeront ainsi en cendres, les emplois et les entreprises qui faisaient vivre encore ces territoires. Revoir notre politique en Afrique, en y investissant massivement, mais autrement, en l’enrichissant, en enrichissant ses citoyens et non plus ses dirigeants, et surtout, en transformant sur place, afin de laisser une plus large partie de la valeur ajoutée sur place et ainsi profiter sans exploiter, de ses ressources majeures. Uranium (Niger), Or (partout), Terres rares…

NON. Il ne faut pas avoir peur de franchir des taux d’endettement importants, qui peuvent se négocier (certains secteurs en ce moment empruntent à nouveaux à taux négatifs, pourquoi pas la France ?) à de meilleures conditions et surtout, nous offrir un avenir. Un avenir c’est une croissance, plus de taxes, de ressources, plus d’emplois, moins de chômage. Des technologies au service de l’État c’est moins d’État et plus efficace et donc moins coûteux. Cela s’appelle le retour sur investissement dans le monde des entreprises. Il serait temps de laisser entrer par la grande porte de l’État, des concepts qui ont prouvé leur succès dans la sphère privée.

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