Macron en Israël : les entreprises sont capables de gérer le risque économique, mais sont désarmées contre le risque géopolitique<!-- --> | Atlantico.fr
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Emmanuel Macron rencontre des ressortissants franco-israéliens qui ont perdu des proches, ainsi que des familles d'otages, à Tel Aviv, le 24 octobre 2023.
Emmanuel Macron rencontre des ressortissants franco-israéliens qui ont perdu des proches, ainsi que des familles d'otages, à Tel Aviv, le 24 octobre 2023.
©CHRISTOPHE ENA PISCINE AFP

Atlantico Business

Les perspectives économiques n'inquiètent pas les chefs d'entreprise pour 2024 ; en revanche, les risques géopolitiques et l'impact socio-politique les désolent grandement. Ils savent gérer leur modèle économique, mais sont impuissants face au terrorisme, à l'antisémitisme et aux idéologies autoritaires.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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En décidant de passer la journée en Israël Emmanuel Macron répond à une sorte d’obligation qu'il a de protéger la force et le rôle de la France au niveau international. Mais au delà, aura-t-il les moyens de contribuer à trouver une solution au conflit entre Israël et le Hamas. Si seulement il peut le faire ! tant mieux mais peu d’acteurs et les observateurs le croient .

Les chefs d’entreprise pour leur part considèrent, qu’au-delà de la tragédie humaine, que le monde n’avait pas besoin d’un nouvel affrontement de cette ampleur. Les chefs d’entreprises se débrouillent de la conjointure et gère les risques de la conjoncture economique mais les risques de la géopolitique les désespèrent parce qu’ils n’ont aucune prise , aucune réponse . 

Les chiffres de la macroéconomie se sont évidemment dégradés en cette fin d'année, un peu partout dans le monde. Les effets de la reprise après la COVID se sont progressivement estompés, et la séquence que nous avons traversée a laissé sur le carreau des pans entiers de l'économie qui ne s'étaient pas protégés. Cependant, globalement, grâce à l'innovation et aux investissements, l'essentiel des structures ont tenu le choc.

Pour 2024, il faudra gérer l'atterrissage, digérer les poussées inflationnistes et traiter les excès de dettes, mais les appareils économiques savent faire. On saura échapper aux ruptures d'approvisionnement en énergie l'hiver prochain, alors que c'était plus compliqué l'année dernière. Par exemple, l'Europe a su se mettre d'accord sur une politique énergétique plus cohérente, et la France a enfin déterminé un prix de l'électricité qui permettra à EDF de satisfaire les besoins, à un prix qui ne pénalisera pas notre compétitivité tout en dégageant les moyens nécessaires aux investissements nécessaires à la décarbonation, c'est-à-dire les équipements nucléaires et ceux de l'énergie naturelle.

Les perspectives de croissance pour 2024 paraissent un peu trop optimistes, car le commerce mondial est en berne à cause de la Chine, et l'économie américaine s'essouffle. Les budgets publics resteront profondément déséquilibrés en raison du poids des dettes. Cependant, il s'avère que, pour la majorité des pays occidentaux, ces dettes sont soutenables, c'est-à-dire qu'elles sont financées sans difficultés, soit par des crédits extérieurs, soit par l'épargne nationale.

La seule préoccupation sérieuse des chefs d'entreprise est la programmation des mutations incontournables, l'adaptation aux innovations digitales, et surtout la réponse au réchauffement climatique.

Les risques géopolitiques et leurs résonances sur la situation socio-politique sont beaucoup plus compliqués à assumer pour les chefs d'entreprise. Que faire avec des marchés sous le contrôle de pays autoritaires, dont on découvre qu'ils ne respectent pas les contrats passés, comme c'est le cas en Asie ? Ou alors avec ceux comme la Russie, qui tombent carrément dans le terrorisme, comme c'est le cas en Ukraine ? Que faire avec les pays qui soutiennent très officiellement les courants islamistes et terroristes ? Dans de nombreux cas, les entreprises n'ont pas le choix, car certains pays sont sous sanctions, comme la Russie ou l'Iran, par exemple. Mais que faire avec des pays qui ne respectent pas les codes de la morale occidentale et n'ont très souvent que la corruption comme contrepartie à la relation sociale ?

Au-delà, les risques géopolitiques s'exercent à deux niveaux.

D'une part, ils peuvent désorganiser les chaînes d'approvisionnement lorsque les flux commerciaux sont bloqués ou boycottés.

D'autre part, ces risques géopolitiques entraînent des réactions sociales, des manifestations qui perturbent grandement leur activité. Un seul exemple, les événements liés au conflit entre Israël et le Hamas perturbent beaucoup l'activité touristique dans les grandes capitales ou dans les compagnies aériennes. À Paris, comme à Londres ou à Berlin, les annulations de réservations sont légion, tout comme en Égypte, en Arabie saoudite ou en Israël. La vague de contestation est évidemment de nature à perturber l'activité. Piégée par une rupture d'approvisionnement, une entreprise peut essayer de diversifier ses sources ou même relocaliser ses fabrications quand c'est possible. Mais paralysée par des manifestations locales ou par un climat social délétère, le chef d'entreprise ne peut pas faire autre chose que de se rétracter et attendre. Mais attendre, pour une entreprise, c'est contre nature.

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