Ce début de la semaine commencera par la fin : fin d'un monde, sans la naissance d'un autre. Mode d'emploi<!-- --> | Atlantico.fr
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Des manifestants pour la défense de l'environnement lors d'un rassemblement.
Des manifestants pour la défense de l'environnement lors d'un rassemblement.
©FRED SCHEIBER / AFP

Les entrepreneurs parlent aux Français

La technologie et la course aux ressources rares transforment les équilibres économiques à travers le monde.

Denis Jacquet

Denis Jacquet

Denis Jacquet est fondateur du Day One Movement. Il a publié Covid: le début de la peur, la fin d'une démocratie aux éditions Eyrolles.  

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A la lecture du titre, vous vous êtes saisis d'une plaquette d'aspirine, on sait jamais, quand le titre est aussi obscur, tout peut arriver et mieux vaut être armé contre les démonstrations absurdes et un peu tordues. Je vais essayer d'économiser votre estomac, et garder la légèreté nécessaire à un début de semaine sous le signe du réchauffement climatique puisque je lisais qu'il faisait 28° à Paris ce dimanche, ce qui va encore faire perdre du chiffre d'affaires aux vendeurs de chocolat chaud.
Nous assistons depuis quelques années, à la fin ou à minima, la fin potentielle de nombre de choses qui définissent l'équilibre mondial tel que nous le vivions, avec des soubresauts et des surprises, certes, mais néanmoins sans changement de cadre révolutionnaire. Les panneaux signalétiques accompagnaient une route qui semblait répondre à des règles bien connues. Et tout à coup, patatras, on sentait bien quelques signaux étrangers, mais on ne leur accordait pas assez d'importance. Et pourtant, en silence, ils ont tissé la fibre d'un nouvel ordre mondial potentiel.
Tout d'abord la Chine et la fin de la domination de l'Occident. Avant mon livre...non je plaisante. Avant 2015, vous en entendiez peu parler. Les USA un peu, l'Europe pas du tout. Elle semblait ne pas avoir de ligne directe avec ses Ambassades, qui elles-mêmes semblaient avoir cédé à la seconde vague de l'opium des peuples, et voyait chaque jour, sous son nez, la révolution se mettre en place, sans en réaliser un seul instant, l'immensité et la puissance. Depuis, et quelques livres après (Pourquoi votre Patron sera Chinois?), la Chine est devenue le 2nd centre du monde. On en prédit la chute, avec constance, environ tous les 2 ans depuis que j'écoute les commentaires de tous ceux qui pensent avoir compris ce pays Continent, mais qui passent tous à côté de l'essentiel. Elle a bâtit sa route de la soie et pas uniquement celle dont on parle régulièrement. Non, elle a bâtit une économie, maintenu un espoir, tracé des plans, tous exécutés quasiment à merveille, elle a continué à relier tous les points virtuels et physiques sur la planète, afin de favoriser les échanges entre la Chine et le reste du monde, aller et retour, car un bateau n'a jamais le droit de revenir les cales vides. 
Désormais, tous les regards se tournent vers elle, jalousie et envie, haine ou admiration, mais rien ne peut lui enlever son irrésistible ascension, qui malgré les cassandres, n'en est qu'à son début. Elle est l'alpha et l'oméga de tant de gentils Etats, qui ne veulent que du bien à l'Occident, et se prête au jeu pour consolider son pouvoir. Russie, Turquie et tant d'autres désormais réunis au sein des BRICS, qui viennent de doubler de taille et faire ainsi doubler nos défis et nos périls. Nos patrons deviennent Chinois, car les Chinois ne sont plus seuls. Ils se battent ensemble, pour prendre le pouvoir sur le monde. 
Fin de l'Occident en tant que puissance démocratique libre, face à une force multiple qui capture les ressources et les utilise pour dominer le monde. En attendant, nous n'avons aucun pouvoir sur eux et eux, feront ce qu'ils veulent, quand ils veulent. Le Gendarme Américain pourrait bientôt rejoindre celui de St Tropez. Nostalgique, désuet, sans pouvoir.
Fin du travail tel que nous l'avons connu ces 50 dernières années. L'IA va transformer notre relation à la donnée, à notre façon de la processer (ou de ne plus la processer justement).Le travail va perdre la plupart du temps en nécessité, en valeur, tant la "machine " fera tellement mieux et infiniment plus vite. C'est la fin d'un différentiateur essentiel entre le doué en classe et de sa contrepartie plus proche du radiateur, qui pourra accéder à la même information, la même analyse et obtenir les mêmes options, sans avoir eu besoin de passer (en France) par la case Math avec mention obligatoire. C'est par là même, l'éventuelle fin de la compétition économique, puisqu'ils auront tous accès aux mêmes données, aux mêmes conclusions. Entre 2 sociétés concurrentes, qui décident de la même façon, comment se fera la concurrence? Sur un reste de génie humain, qui permettra de l'exécuter avec plus de justesse que son concurrent? Sur la qualité des hommes capables de l'implémenter, renforçant ainsi la nécessité de parier sur l'excellence et les hommes? A suivre.

Fin dés théories économiques. Nous assistons à une crise sans précédent. Une crise de la consommation, de la croissance, de l'inflation, sans véritable récession mondiale. Une récession non totalement récessive, qui résiste à la montée des taux, en tuant sans tuer totalement.  Un volume de chiffre d'affaires maintenu qui cache de plus en plus mal la baisse des volumes vendus et la marge indispensable pour investir. Une inflation démesurée, qui ralentit certes, mais ne s'écroule pas face à un chômage historiquement bas, avec des carnets de commande de plus en plus vides. Une épargne qui semble sans fin, mais qui quitte le terrain de la consommation. Une baisse des transactions immobilières, sans baisse majeure des prix. La liste pourrait être plus longue encore.
Fin d'un climat prévisible. Les vendanges reculent dans leur date chaque année. A New-York on passe de la canicule aux inondations en moins de 24 heures. Il fait 28° degrés à Paris le 1er Octobre. La chaleur change trop pour ne pas mettre en danger la culture du chocolat en Côte d'Ivoire, du café en Amérique du Sud.  Les incendies ravagent nombre de pays, la sécheresse est totale en Espagne. C'est la fin du changement linéaire au profit du démarrage d'une imprévisibilité totale.
Fin du génie politique. Ah non, cela c'est déjà le cas depuis au moins 25 ans. Suivant ! La fin des lumières? Pas plus. Il y a longtemps que les ampoules sont grillées. 
La fin de l'Europe comme référence démocratique et puissance économique. A moins de 20 ans.. La fin possible du dollar comme monnaie de référence des échanges internationaux que les BRICS vont tenter de faire voler en éclat mais qui était déjà en route. La fin du rêve d'un envol Africain, anéantit par la montée de l'Islam et la main mise de la Chine et de la Russie. La fin de la classe moyenne, qui sombre toujours et plus que jamais vers le bas. Etc...
Bref c'est le début de la fin et le début d'un nouvel ordre, d'une nouvelle puissance, poussée par la démographie (ou son absence), la technologie et la course aux ressources rares. Personne ne sait bien dire où et comment elle va, mais tout le monde devrait s'accorder sur le fait qu'elle arrive au pas de course, quand en Europe, l'immobilisme est en marche selon l'expression fameuse issue de la IIIème République, trouve encore plus son sens aujourd'hui.

Ce tableau sommaire, lui, annonce la fin de ma tribune de la semaine, qui pose des faits et des questions, sans être capable d'y apporter la moindre réponse.
Bonne semaine !

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