La philosophie générale des bourrins faisant un carton sur une synagogue de Pittsburgh n’est pourtant pas si différente de celle des barbus se payant un supermarché casher à Vincennes ou une école primaire à Toulouse : parce que des juifs à gros pif contrôlent le monde et le mènent à sa perte par pure cupidité, il faut bien qu’un héros se dévoue de temps en en temps pour les en empêcher — serait-ce au péril de sa vie…
Mais bon, on s’en doute, dans leur incarnation redneck, les shabbatophobes ne trouveront ni l’excuse d’une enfance malheureuse chez Reporterreni celle du combat anti-impérialiste peut-être un poil dévoyé chez Edwy Plenel. Ils resteront juste des méchants.
Du point de vue des victimes, en revanche, c’est du pareil au même : être mitraillé par un facho les accusant de faciliter l’arrivée de migrants arabes aux Etats-Unis ou par un djihadiste leur reprochant d'organiser le débarquement d’olims occidentaux en Israël, c’est avant tout être mitraillé.
L’antisémitisme militant a ceci de particulier qu’il se déniche toujours un argument contemporain en surplus des préjugés judéophobes standards histoire, on imagine, de se rallier les fameux « sans opinion » des sondages. Déicide dans l’Antiquité, meurtres de petits enfants au Moyen-âge, inhumanité biologique chez les nazis, collusion avec les illuminatis et les franc-maçons chez les complotistes post-modernes, anticolonialisme chez les gauchistes en peau de lapin... Il y a forcément une bonne raison de les détester.
Avec le gros vilain authentique de Pittsburgh, toutefois, massacrer des juifs anonymes redevient universellement indéfendable. Pourvu que ça dure.
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