Accord nucléaire iranien : les ayatollahs en rêvaient, Trump l’a fait<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
International
Accord nucléaire iranien : les ayatollahs en rêvaient, Trump l’a fait
©STEPHANE DE SAKUTIN / AFP

Transformisme

La métamorphose express de l’Iran en victime innocente de l’impérialisme américain et du « sionisme » est le plus joli coup marketing recensé au Moyen-Orient depuis le « linkage » Koweït-Palestine par Saddam Hussein en 1991.

Hugues Serraf

Hugues Serraf

Hugues Serraf est écrivain et journaliste. Son dernier roman : La vie, au fond, Intervalles, 2022

 

Voir la bio »

Bachar Al Assad est un excellent boucher mais un bien mauvais communicant. En 91, un Saddam Hussein flairant la déroute avait miraculeusement transformé l'invasion du Koweït et de ses puits de pétrole en opération de défense de la Palestine (le fameux "linkage" d'Arafat) et de lutte contre l'impérialisme américain.

Chez nous, une (bonne) partie de l’opinion progressiste avait alors révisé son point de vue sur le dictateur à moustache, instantanément métamorphosé en nouveau Nasser, et l'on avait vu se multiplier les « historiens » expliquant que le Koweït, tout bien considéré, était bel et bien un morceau d’Irak lui ayant été scandaleusement piqué par les puissances coloniales...

S’il était meilleur en marketing, Assad ouvrirait donc un second front majeur sur le Golan, Israël répliquerait (de "manière disproportionnée", n'en doutons pas), et les 500 000 civils massacrés ces dernières années passeraient immédiatement par profits et pertes au nom du combat contre le « sionisme ». Même les djihadistes en herbe partis d’Europe pour assister la résistance avant d’aller refonder le califat changeraient leur kalach d’épaule et en feraient leur nouveau héros.

Après tout, le régime iranien chiite, théoriquement ennemi mortel des sunnites (je sais c’est compliqué, on dirait un sketch des Inconnus sur les conflits multi-bandes du Moyen Orient), est déjà en train de se refaire une virginité dans l’opinion sur le dos de Trump et passera bientôt pour une victime au motif que Tsahal réplique aux bombardements lancés depuis la Syrie.

Oui, Trump est un sale type d’une manière générale, et sa sortie du JCPOA est probablement une erreur en particulier. Oui, Netanyahou est un démagogue court-termiste composant sans vergogne avec son extrême droite et bloquant délibérément toute avancée dans le processus de paix avec les Palestiniens (qui ne l'y encouragent guère mais c'est une autre histoire).

Mais, non, il n’est pas scandaleux qu’Israël soit préoccupé par un régime de fanatiques manifestant régulièrement son intention de le rayer de la carte, déterminé à se fabriquer une bombe nucléaire pour y parvenir (c’est tout l’objet du fameux accord international et des ambiguïtés sur sa mise en œuvre), finançant les terroristes du Hezbollah venant tout juste de remporter les élections au Liban, et l’attaquant depuis le territoire de son allié syrien (d’où il dispose désormais de troupes au sol et d’importants moyens logistiques).

On peut bien s’intéresser à ce qui se passe là-bas. Et, même, on le doit parce que les implications nous concernent tous qu'on le veuille ou non. Mais on n’est pas forcé de se choisir la lecture manichéenne assortie à son kit de prêt-à-penser parce que c’est moins prise de tête.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !