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Les États-Unis sur le point
de faire faillite ?
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Dette américaine

Les États-Unis ont atteint le plafond limite de leur dette publique. Le Congrès doit voter les coupes budgétaires à effecteur pour essayer de faire des économies. Mais le président Obama se heurte à la majorité républicaine et l'abysse du déficit budgétaire américain ne cesse de se creuser. Si le système financier américain chute, c'est le monde entier qui se dirigera vers une crise beaucoup plus grave que celle de 2008.

Philippe Herlin

Philippe Herlin

Philippe Herlin est chercheur en finance, chargé de cours au CNAM.

Il est l'auteur de L'or, un placement d'avenir (Eyrolles, 2012), de Repenser l'économie (Eyrolles, 2012) et de France, la faillite ? : Après la perte du AAA (Eyrolles 2012) et de La révolution du Bitcoin et des monnaies complémentaires : une solution pour échapper au système bancaire et à l'euro ? chez Atlantico Editions.

Il tient le site www.philippeherlin.com

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Depuis ce lundi 16 mai, les États-Unis ne peuvent plus émettre d’obligations pour financer leur déficit budgétaire. Ils ont atteint la limite maximale de la dette publique (14 294 milliards de dollars) qui est fixée par le Congrès or celui-ci, à majorité républicaine, s’oppose aux représentants démocrates et au président Obama sur l’ampleur des coupes budgétaires à opérer, il empêche donc, pour le moment, le relèvement de ce plafond.

En raclant les fonds de tiroirs, le secrétaire au Trésor (équivalent de notre ministre des Finances) Timothy Geithner pense pouvoir tenir jusqu’au 2 août. Après c’est le défaut de paiement, les États-Unis qui n’honorent plus les échéances de leur dette (paiement des intérêts et remboursement des emprunts arrivant à échéance), et cela aurait des conséquences cataclysmiques car ces obligations se trouvent dans les bilans d’une grande partie des institutions financières du monde, les faillites seraient nombreuses et la crise bien plus grave que celle de 2008 !

Bien sûr, on peut raisonnablement penser qu’il ne s’agit là que d’un bras de fer politique et que le spectre d’une nouvelle crise forcera à un compromis. Néanmoins ce compte à rebours se déroule dans un contexte très tendu : de nombreux États et collectivités locales sont au bord du dépôt de bilan, le marché immobilier ne redémarre pas, la reprise s’avère anémique et peu créatrice d’emplois…

Et surtout, la Fed, la banque centrale, n’a pas encore confirmé si son programme de « Quantitative easing » serait poursuivi après le mois de juin. Car les obligations US, personne n’en veut ! Ni les institutions financières américaines qui n’en achètent presque plus, ni le Japon qui doit faire face à sa reconstruction après le terrible tsunami, ni la Chine qui doute de leur valeur et se tourne vers d’autres devises ou l’or. Résultat la Fed fait tourner la planche à billets pour acquérir ces titres, créant ainsi de la monnaie sans contrepartie réelle, ce qui se traduit par de l’inflation (hausse du prix des matières premières), des bulles (marché actions), en somme une fragilisation générale de l’économie.

Si la Fed ne prolonge pas son Quantitative easing, le Trésor devra nettement augmenter les taux d’intérêts de ses emprunts pour attirer le chaland, ce qui rendra la charge de la dette insupportable, et si elle le prolonge, l’inflation risque de devenir hors de contrôle et de faire s’effondrer le dollar. Dilemme.

Le psychodrame du Congrès, telle une danse au bord du précipice, illustre surtout le désarroi de la classe politique américaine devant l’ampleur inédite du déficit budgétaire (1.480 milliards pour 2011), une Fed qui subventionne l’ensemble du système financier, une économie poussive, et la vaine recherche d’une porte de sortie. Le relèvement du plafond de la dette interviendra assurément, mais il ne résoudra rien.

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