Si, l’austérité est bonne pour la croissance... à condition de l’appliquer à l’Etat, pas aux Français<!-- --> | Atlantico.fr
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Jean-Marc Ayrault a déclaré que la France ne menait pas une politique d'austérité.
Jean-Marc Ayrault a déclaré que la France ne menait pas une politique d'austérité.
©Reuters

Mémo à Jean-Marc Ayrault

Jean-Marc Ayrault a déclaré que la France ne menait pas une politique d'austérité, comme s'il s'agissait d'un point fort. L'austérité devrait au contraire, en passant pas une baisse des impôts et une réduction des dépenses publiques, soulager les Français.

Erwan Le Noan

Erwan Le Noan

Erwan Le Noan est consultant en stratégie et président d’une association qui prépare les lycéens de ZEP aux concours des grandes écoles et à l’entrée dans l’enseignement supérieur.

Avocat de formation, spécialisé en droit de la concurrence, il a été rapporteur de groupes de travail économiques et collabore à plusieurs think tanks. Il enseigne le droit et la macro-économie à Sciences Po (IEP Paris).

Il écrit sur www.toujourspluslibre.com

Twitter : @erwanlenoan

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Lundi, le premier Ministre Jean-Marc Ayrault a affirmé que la France ne menait pas une politique d’austérité, comme s’il s’agissait d’un point fort pour un pays au bord de l’abîme budgétaire… Cette déclaration montre combien le gouvernement se trompe dans ses réponses économiques : baisser les dépenses publiques ce n’est pas faire de l’austérité, c’est soulager les Français et relancer la croissance !

S’il parlait des dépenses publiques, Jean-Marc Ayrault était d’une rare clairvoyance. En la matière, en effet, parler d’austérité serait une vaste plaisanterie. La dépense publique ne cesse de croître : alors qu’elle représentait environ 35 % du PIB au début des années 1960, elle devrait atteindre un peu plus de 56 % en 2012, un record ! Quant à la dette publique, elle est de 90 % ! En effet, pas de cure d’austérité.

Au regard des comparaisons européennes, on ne peut cependant pas donner raison au premier Ministre lorsqu’il ajoute que les finances publiques sont bien gérées en France… Ce n’est pas totalement de son fait, ses prédécesseurs n’étaient pas très rigoureux non plus ; mais les décisions récentes du gouvernement ne vont pas contribuer à ralentir les dépenses : le nombre de fonctionnaires augmente pour la première fois depuis 10 ans et le ministre de l’Education promet d’augmenter les enseignants ! Autant de mauvais signes.

Si l’Etat ne connaît pas l’austérité, le gouvernement ne peut ignorer que les Français, eux, se serrent la ceinture : le pouvoir d’achat baisse, la consommation était atone en 2012. Les impôts augmentent pour tous, faisant croître l’exaspération fiscale.  

Les propos du premier Ministre montrent en réalité que la gauche reste prisonnière de cadres idéologiques pour le moins dépassés. Si l’on suit le raisonnement du gouvernement, il ne faudrait pas baisser la dépense publique, afin de soutenir la croissance. Triple erreur.

La première erreur c’est de croire que la France souffre d’un manque de consommation. Le déficit extérieur semble montrer que le problème vient plutôt d’un manque de production (les 35h et le coût du travail n’y sont pas pour rien). Soutenir la consommation est incertain : elle suppose une augmentation des dépenses publiques que la France ne peut se permettre ; elle risque surtout de conduire à une hausse de l’épargne, les Français étant terrorisés par l’avenir.

La deuxième erreur est de prétendre que la dépense publique soutient la croissance. D’abord, c’est ignorer les débats récents aux Etats-Unis qui tendent à montrer que l’effet multiplicateur n’est pas au rendez-vous des plans de relance. Ensuite, c’est manquer de voir qu’aujourd’hui, en France, la dépense publique est plus une menace sur la liberté économique et la stabilité qu’une opportunité. Avec un tel niveau de prélèvements et de dettes, la situation n’est pas saine.

La troisième erreur, c’est de faire semblant d’ignorer qu’il existe une politique fiscale alternative, favorable à la croissance. Le gouvernement a fait le choix de maintenir la dépense publique et d’augmenter les impôts. Il pourrait au contraire choisir de baisser les deux ! Ce serait doublement bénéfique : cette solution libérerait les acteurs économiques tout en obligeant les collectivités publiques à une saine gestion. Au final, elle serait favorable à la croissance !

Le gouvernement de François Hollande a choisi d’encourager la dépense publique et de se lancer dans un concours de créativité fiscale. Ces deux voies sont clairement négatives pour la croissance.  Comme ses prédécesseurs, il fuit devant la responsabilité de baisser le poids écrasant de la dépense publique. L’austérité, si elle conduit à une gestion réellement rigoureuse des collectivités publiques doit passer par une baisse des impôts et une réduction drastique des dépenses publiques. Alors, la croissance sera encouragée.

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