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Le chef de l'Etat s'est donné deux ans pour "redresser la France" et a détaillé plusieurs mesures fiscales lors du JT de 20h de TF1, dimanche soir.
Le chef de l'Etat s'est donné deux ans pour "redresser la France" et a détaillé plusieurs mesures fiscales lors du JT de 20h de TF1, dimanche soir.
©Reuters

Rentrée télévisée

Sur TF1, François Hollande a fixé "l'agenda du redressement" et annoncé un tour de vis budgétaire de plus 35 milliards d'euros. Du jamais vu depuis 30 ans.

Anita Hausser

Anita Hausser

Anita Hausser, journaliste, est éditorialiste à Atlantico, et offre à ses lecteurs un décryptage des coulisses de la politique française et internationale. Elle a notamment publié Sarkozy, itinéraire d'une ambition (Editions l'Archipel, 2003). Elle a également réalisé les documentaires Femme députée, un homme comme les autres ? (2014) et Bruno Le Maire, l'Affranchi (2015). 

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Toutes les premières rentrées sont décidément difficiles pour  les présidents français nouvellement élus… Après François Mitterrand, Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy, François Hollande en fait à son tour la douloureuse expérience avec une vertigineuse chute de popularité dans un contexte économique "d‘une gravité exceptionnelle" selon ses propres termes. Avec trois millions de demandeurs d’emplois et une croissance encore revue à la baisse pour être ramenée à zéro en 2012, François Hollande reconnait qu’il est  contraint d’"accélérer", même s’il prend soin de rappeler qu’il ne pouvait pas "faire en quatre mois ce que ses prédécesseurs n’ont pas fait en cinq ans ou en dix ans". Cependant sa prestation sur TF1 avait tout d’une séance de recadrage, et de remise en perspective de son action, afin de corriger l’impression de flou perçue par l’opinion, et largement relayée, voire amplifiée par la presse magazine. Rattrapé par la crise et une mauvaise évaluation de la répartition des compétences entre l’Elysée et Matignon, François Hollande est contraint de remonter en première ligne, de durcir le ton en matière de sécurité, voire de rappeler  que "le  nucléaire est encore majoritaire jusqu’en 2025", afin de porter un coup  d’arrêt aux cafouillages ministériels. Le Président e la République a précisé que le rôle du Premier ministre est "d’animer et de coordonner l’action du gouvernement". Voilà qui marque un retour à une configuration plus classique de l’exécutif avec, à la clef, les premières tensions entre l’Elysée et Matignon.

Dimanche, le vocabulaire du chef de l’Etat était quasi-guerrier : il se voit "en situation de combat" : combat tous azimuts pour inverser la courbe du chômage (grâce aux emplois d‘avenir, aux contrats de génération et à la réforme du marché du travail), et ramener le déficit public à 3%. Dans son souci de montrer qu’il exerce toute son autorité, François Hollande a rappelé qu’il "fixe le cap et le rythme". Le cap, c’est le retour de la croissance et le rythme, c’est celui des "réformes" pour atteindre "l’agenda 2014", un horizon plus souriant  que l’année 2013 à venir, qui s’annonce douloureuse, notamment sur le plan fiscal.

Le cap, c’est  aussi "l’emploi" dans sa globalité, et François Hollande compte beaucoup sur les négociations engagées par Michel Sapin afin d‘obtenir à la fois une meilleure protection des salariés  grâce à la formation professionnelle et une plus grande souplesse pour les chefs d‘entreprises contraints de réduire leurs effectifs. L’aboutissement de ce projet, calqué sur le modèle allemand, serait un véritable progrès dans le domaine des relations sociales en France. L’autre volet de cette réforme est la réforme du financement de la protection sociale ; la TVA sociale a été abrogée avant même sa mise en œuvre : il faut trouver d‘autres sources de financement  pour alléger le coût du travail  et renforcer la compétitivité des entreprises françaises. François Hollande a promis que  ce ne sera pas exclusivement par une hausse de la CSG, même si elle n’est pas écartée. Car s’il faut alléger le coût du travail, il faut aussi réduire la dette. On était prévenu depuis le printemps : d‘après la Cour des Comptes, il faut trouver trente milliards pour passer de 4,5 à 3% de déficits à la fin 2013, conformément aux exigences du Pacte budgétaire européen. Autrement dit, les impôts vont (beaucoup) augmenter l’année prochaine, et pas uniquement pour les "riches". L’Etat fera 10 milliards d’économie, les grandes entreprises seront largement mises à contribution pour 10 milliards, et les 10 milliards restant seront prélevés chez les ménages les plus aisés, mais quand on sait que la taxation à 75% des plus gros revenus ne rapporterait que quelques centaines  de millions au fisc, on  comprend aisément que pour trouver 10 milliards, Bercy va faire preuve d‘imagination. François Hollande, en appelant au "patriotisme", n’a-t-il pas dit que "chacun doit prendre sa part" ? Certes, mais la potion qu’il veut administrer au pays n’est-elle pas trop sévère ? La croissance sera-t-elle au bout du chemin ? Le débat sur le Budget 2013 promet  d‘être houleux au Parlement. Déjà les économistes crient à la menace de récession, voire de dépression et posent la question : au nom de l’orthodoxie budgétaire, le malade doit-il mourir guéri ?

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