Budget, éducation, Europe, Roms, Syrie... Les patates chaudes de la rentrée pour le gouvernement Ayrault<!-- --> | Atlantico.fr
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Jean-Marc Ayrault doit s'occuper de nombreux dossiers épineux pour cette rentrée.
Jean-Marc Ayrault doit s'occuper de nombreux dossiers épineux pour cette rentrée.
©Reuters

Retour en force

"La rentrée c'est maintenant"... le Premier ministre s'entretient ce mercredi matin avec le président de la République avant le conseil des ministres.

Nicolas Barotte

Nicolas Barotte

Nicolas Barotte est journaliste au service politique du Figaro. Il couvre l'actualité du Parti socialiste depuis 2004. Il a suivi l'ascension de François Hollande, de sa traversée du désert à la campagne présidentielle de 2012. 

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Europe : les enjeux du sommet franco-allemand

La crise européenne n’est pas finie. François Hollande a donné le sentiment avant l’été d’avoir remporté un succès en imposant son plan de croissance à Angela Merkel. En réalité, cela n’a pas suffi à régler tous les problèmes et on voit bien que la Grèce est toujours en sursis. Elle attend le déblocage de l’aide européenne de 31 milliards d’euros dont elle a besoin. Toutefois, la chancelière allemande s’y oppose fermement, continuant à refuser l’assouplissement des conditions d’attribution de l’aide. Mais il y aura forcément un accord car la perspective d’une aggravation de la crise n’est favorable à personne.

Angela Merkel est tenue par des problématiques nationales, notamment les élections qui l’attendent dans un an. Elle ne peut pas paraitre en situation de faiblesse. D’autre part, François Hollande tente de ne pas gâcher le succès politique qu’il a connu avant l’été. Ils doivent donc trouver un compromis politique qui leur permet à tous deux de ne pas se compromettre dans leur propre pays. Angela Merkel est une vraie fausse alliée malgré toutes les divergences qui existent entre eux.

L’autre enjeu pour François Hollande, c’est l’adoption du pacte de stabilité budgétaire à la rentrée. Pour que sa majorité accepte de voter ce paquet global, croissance et stabilité, qui comporte la fameuse règle d’or dont la gauche ne voulait pas pendant la présidentielle, François Hollande a besoin de montrer que, sur le plan européen, il garde une forme de leadership. Il risque donc d’y avoir des rapports de force entre notre couple franco-allemand !

Emeutes urbaines, démantèlement des camps de Roms : vers une coordination de l’action gouvernementale sur les sujets de sécurité ?

La  gauche n’a jamais été très à l’aise avec les questions de sécurité. Ils sont toujours en difficulté sur ces sujets malgré une forte évolution depuis une dizaine d’années. Souvent, la gauche préfère agir sans trop communiquer. Sur le fond, la gestion sera assez peu différente de celle de Nicolas Sarkozy. On l’a bien vu pour les camps de Roms qui ont été démantelés comme cela avait été fait en 2010 sous un gouvernement de droite. Martine Aubry demande elle-même qu’à Lille les camps soient évacués, alors qu’elle était une opposante farouche de la politique de Nicolas Sarkozy sur la question.

En outre, le gouvernement va être confronté à une difficulté de taille : celle de concilier les positions divergentes entre Manuel Valls qui incarne l’aile la plus droitière du gouvernement et Christiane Taubira qui défend des positions d’une gauche plus décomplexée. Jean-Marc Ayrault aura pour mission de trouver un arbitrage. Il va recevoir dès demain les associations de défense des Roms et il aura l’occasion de discuter avec les ministres concernés par ces questions-là. Une des pistes qui est suggérée par le gouvernement est celle de faciliter l’accès au marché du travail des populations Roms. L’accent est mis sur l’intégration par le travail. Mais lorsque l’on creuse sur le sujet, la question de la fermeté revient immédiatement. Pour preuve, Valls a donné une interview la semaine dernière dans Libération et s’est montré très ferme sur les questions de sécurité. Aussi ferme qu’aurait pu se montrer un Nicolas Sarkozy…

Jean-Marc Ayrault devra évidemment lancer une coordination transversale entre les ministères pour régler le problème des Roms. Mais cela restera une façade. Dans un contexte de crise, le temps est plutôt aux économies. Les populations Roms ne seront certainement pas considérés comme prioritaires dans l’action du gouvernement.

Budget : entre réduction des déficits et réformes fiscales

C’est une des questions qui préoccupent le plus les Français. Le problème de François Hollande et de Jean-Marc Ayrault sera de faire de l’austérité sans le dire et sans le montrer. Les économies à réaliser cette année sont considérables et ayant été élu sur la base de la rupture avec Nicolas Sarkozy, le président doit tenir les promesses faites à la population pour les laisser respirer quelques temps. Il doit montrer, avec le gouvernement, que la priorité est redonnée à l’emploi.

Pour ce qui est de la fiscalité, se pose la question de la mise en place de la mesure phare de la taxation à 75 % sans faire fuir les richesses et sans pénaliser trop ceux qui créent de l’emploi. Plusieurs pistes sont alors à l’étude, celle d’une taxation temporaire, celle qui protègerait les artistes de la taxation... Toutefois, il ne doit pas entrer dans le piège qui consisterait à renier ses promesses de campagne. François Hollande a déjà en tête sa réélection et il sait très bien que les premières semaines du quinquennat marquent les esprits.

Sur le blocage du prix de l’essence, François Hollande avait promis d’agir. Il pensait pouvoir gagner du temps. Aujourd’hui les prix recommencent à augmenter et il se retrouve contraint par son programme de campagne. Il n'a plus le choix.

Il peut aussi faire le pari de donner tout à la rigueur dans un premier temps en espérant que dans maximum deux ans la croissance revienne et qu’il puisse redonner un peu d’air à la population.

International : la crise syrienne, cette épine dans le pied de Hollande ?

Sur la question syrienne, la comparaison avec Nicolas Sarkozy ne joue pas en la faveur de l’actuel président. Nicolas Sarkozy avait su agir et remporter un succès avec la chute des Khadafi. On voit bien qu’avec la crise syrienne, mis à part dire que Bachar Al-Assad doit partir, François Hollande peut assez peu de choses parce que le contexte politique et international est compliqué et épineux. La droite multiplie ses attaques sur le sujet encourageant Hollande à entrer en contact avec Vladimir Poutine. Cependant, on se doute bien que la Russie n’accordera pas son soutien à la France sur ces questions diplomatiques.

En outre, François Hollande n’a pas les moyens d’une guerre. Il vient de décider le retrait des troupes françaises d’Afghanistan. Dans ce contexte, ce ne serait pas très cohérent de demander une intervention internationale en Syrie. La matière internationale n'a jamais été la spécialité du président, il avance donc prudemment sur ces sujets. C’est un très bon angle d’attaque pour la droite et il l’a bien compris.  

Education : la jeunesse au cœur des réformes ?

François Hollande avait fait de la jeunesse son sujet principal de campagne. On voit bien, toutefois, que le président cultive l’ambiguïté. En effet, il avait émis beaucoup de promesses, dont l'allocation d’autonomie, ce qui n’est pas réalisable compte tenu des manœuvres budgétaires. Là encore, il laisse un sentiment de promesse non aboutie.

En outre, le principal problème dans l’Education nationale est celui de trouver des professeurs. Dans certaines filières le nombre de postulants est en forte baisse. Il va donc falloir redonner envie aux jeunes de devenir prof. Cette baisse du nombre de vocation est liée à plusieurs facteurs plus structurels : l’élévation du niveau d’étude requis, la précarisation du métier assez mal payé et mal considéré… Ce sont de très long chantiers qui pourraient se révéler très couteux.

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