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Face à l’aggravation de la crise, Bruno Le Maire renforce les mesures de soutien mais évite toute nouvelle contrainte réglementaire
©LUDOVIC MARIN / AFP

Atlantico Business

Les entreprises approuvent majoritairement les mesures de soutien du gouvernement, mais s’inquiètent des effets de la deuxième vague et ne supportent plus l’allongement des délais de paiement.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Globalement, les chefs d’entreprise considèrent que le gouvernement a pris des mesures de soutien adaptées à la situation économique, c’est ce qui ressort du baromètre 2020 du cabinet Arc, un baromètre établi comme chaque année à la même époque sur la base d’une enquête terrain effectuée par l’IFOP. Une grosse majorité est donc satisfaite de l’arsenal d’aides sorties depuis le début de cette crise et notamment, l’assurance chômage partiel qui a permis de protéger les contrats de travail, les fonds de solidarité plus destinés aux petites entreprises et aux indépendants, ainsi que les plans garantis par l’Etat, les fameux PGE (plus de 100 milliards d’euros)  mais revers de la médaille, 62 % d’entre eux estiment que ces mesures risquent d’être encore insuffisantes pour contenir les faillites qui s’annoncent.

L’intervention complète de Bruno le Maire : https://www.cabinet-arc.fr/bruno-le-maire-quelle-visibilite-pour-les-entreprises-en-2021/

Pour plus d’une entreprise sur deux, « certains de leurs clients rencontrent de grandes difficultés économiques pouvant aller jusqu’au dépôt de bilan », indique encore cette 10e édition du baromètre Cabinet ARC (juristes d’entreprises).

Ce qui trouble les chefs d’entreprise, c’est évidemment le manque de visibilité et les risques de déséquilibre des trésoreries. Peu ou pas de clients pour beaucoup, c’est moins de recettes de trésorerie pour faire face aux frais fixes. C’est bien ce qui tue les industries du tourisme, de l’hôtellerie et de la restauration ou encore de l’évènementiel, l’industrie du voyage ou de l’aéronautique.

La deuxième vague, après un été qui avait pu laisser penser que les choses iraient mieux du coté sanitaire, a encore aggravé la situation, obligeant Bercy à renforcer les dispositifs d’aides et de protection (assurance chômage, exonérations de charges etc)  mais évitant toute mesure règlementaire.  C’est le leitmotiv du ministre qui semble répondre au président du Medef qui se félicite de l’accompagnement, mais qui redoute que l’on mette les entreprises sous perfusion pour une durée indéterminée et qu’en contrepartie, on leur impose des contraintes réglementaires comme il y en a déjà trop.

Au delà des mutations structurelles, cest la question des délais de paiement qui revient en tête des sujets dinquiétude. Plus d’un tiers des sociétés interrogées estime qu’ils se sont encore allongés depuis le début de la crise : le retard moyen de paiement en 2020 est de treize jours, contre dix jours en 2019, avec d’importantes disparités entre PME et grands groupes. « Cela traduit ce quont vécu les entreprises ces derniers mois : activité totalement à larrêt pour certains secteurs, blocages volontaires des factures malgré laccès aux prêts garantis par l’État (PGE) et une trésorerie suffisante, services administratifs à réorganiser en télétravail… » explique Denis Le Bossé, président de Cabinet ARC, qui estime à 700 milliards d’euros − soit sept fois le montant alloué au plan de relance par le gouvernement − la somme des créances en attente de versement.

Commentant ces résultats, Bruno Le Maire s’est engagé à renforcer le contrôle de l’application de la loi, notamment par les entreprises publiques qui sont très souvent peu rigoureuses sur le respect des délais. A tel point d’ailleurs que beaucoup de PME renoncent à répondre à des appels d’offre venant des services publics par crainte de ne pas en être payées.  

A ce propos, une écrasante majorité des entreprises seraient prêtes à accepter l’instauration d’une notation des comportements en matière de délais de paiements. On oblige aujourd’hui les entreprises à respecter des ratios de solvabilité ou de liquidités, on leur demande de poursuivre des objectifs sociaux, sociétaux ou environnementaux. On pourrait leur demander de respecter la loi sur les délais de paiement.

Il faudrait donc, instaurer un système de notation afin de connaître le comportement de paiement d’une société. Le tout contrôlé, par exemple, par les commissaires aux comptes.  Cette mesure est souhaitée par 84 % des entreprises interrogées, qui pourraient ainsi savoir à quoi s’attendre avant de s’engager commercialement. 

Pour Bruno Le Maire cest « une bonne idée. Sur le principe, jy suis favorable », réagit le ministre, en souhaitant la mise en place, « quand la période sera plus favorable », de critères « objectifs et transparents »..

« Une situation compliquée à l’heure où le plan de relance peut apporter de multiples opportunités de contrats aux PME », relève le ministre, qui fait allusion particulièrement les projets de rénovation thermique des bâtiments publics de l’État, qui représentent 2,7 milliards d’euros. « Nous allons renforcer les exigences vis-à-vis des administrations afin quelles respectent leurs délais de paiement », assure Bruno Le Maire. Dans le privé, des réunions auront lieu « secteur par secteur », pour établir « un diagnostic lucide et transparent ». Et, pourquoi pas nommer des médiateurs spécifiques à certains secteurs, comme cela a déjà été le cas pour l’aéronautique? Accompagner les entreprises, surveiller l’application des règles et ne pas en imposer de nouvelles ?

 Le ministre rappelle donc que « les entreprises les plus en difficulté » pourront bénéficier « au cas par cas » d’un report de remboursement de leur PGE d’une année supplémentaire. Actuellement, ceux-ci ne font l’objet d’aucun remboursement la première année : cette mesure reviendrait donc à doubler cette période de franchise. Les prêts, eux, doivent bénéficier de taux d’intérêt négociés avec les banques compris entre 1 % et 2,5 %, rappelle-t-il.

Enfin, « pour anticiper le retour de la croissance, cest maintenant quil faut investir », lance le ministre aux entreprises. Au besoin en souscrivant un prêt participatif, produit hybride entre des prêts à long terme et des prises de participation (sans droit de vote) au capital des entreprises. A ce sujet, Bruno Le Maire a confirmé que l’enveloppe prévue, initialement fixée à 3 milliards d’euros, passait à 20 milliards d’euros.

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