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Territoires. Numérique ou la mort ?
©Reuters

Les entrepreneurs parlent aux Français

Cette semaine de trêve, dont nous avions bien besoin puisque les précédents congés datent quand même de plus de 6 semaines, est propice aux épisodes, et nous allons donc prolonger ce que nous écrivions dans ces colonnes, la semaine passée. Est ce que le numérique peut sauver le « Soldat Territoire » ?

Denis Jacquet

Denis Jacquet

Denis Jacquet est fondateur du Day One Movement. Il a publié Covid: le début de la peur, la fin d'une démocratie aux éditions Eyrolles.  

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Nos territoires meurent, et deviendront rapidement un mouroir proche de ce que nos aînés avaient décrit dans le fameux « Soleil Vert » des années 70, avec le non moins fameux Charlton Heston. Un endroit où faute de place, on éliminera ceux qui « insistent ».

Le numérique est un outil docile qui adore remplir les vides. Pour peu qu’on lui donne un vide à remplir, il est prêt à s’offrir sans discrimination, avec une originelle neutralité, peu enclin à faire de la race, de la couleur ou de la religion, une raison pour discriminer. Il est prêt à offrir son débit à ceux qui en ont besoin, et comble du sens de l’ouverture de ses tuyaux, il est même disposé à y laisser place au pire comme au meilleur, au nom d’une « forme de laïcité numérique ».

Pour que le numérique soit utile aux territoires, il faudrait que les territoires puissent en profiter autant que les villes. Si l’on concentre l’investissement, logiquement d’un point de vue économique, mais de façon aveugle d’un point de vue humain, nous courrons vers une société qui n’aura même plus ces 2 vitesses qu’on évoque habituellement. Il y aura ceux qui sont définitivement à l’arrêt et ceux qui iront–trop-vite. 

Il faut donc autant miser sur le territoire, que le territoire misait sur la nation. C’est la responsabilité de l’Etat, que de s’assurer que la fibre, la 5G, le haut débit de tous poil, viennent s’offrir au moindre village, dans chaque campagne. Donnons leurs les moyens de nous surprendre, et de réaliser que la richesse vient de la diversité, et donc des territoires. Les urbains profitent et innovent peu. La peur de tout perdre les rend captifs d’un confort, qui en retour leur interdit le risque et donc l’innovation. Les territoires n’ont rien à perdre et la fibre peut les faire gagner. Investissons dans nos territoires !

L’investissement permettra plusieurs mouvements parallèles, qui se complèteront sans que nous n’ayons rien d’autre à faire, et c’est la magie humaine, celle de l’imprévisible et du chaos, que de nous surprendre et d’innover. Pour le bénéfice des exclus de ce début de siècle. A quoi pourrions nous penser ? Faites défiler avec moi, dans un ordre désordonné, les bénéfices ou pistes potentielles :

Le travail à distance

Face à la congestion des villes, il va augmenter de façon irrésistible. Une fois que les petits chefs auront compris que le pouvoir ne se mesure plus à la masse des employés courbant physiquement l’échine et baissant le regard, il se développera même, de façon colossale. La montée du travail indépendant, y contribuera également, pour nombre de consultants, graphistes, codeurs, informaticiens, conseils de tous poils, qui pourront désormais exercer à distance, eux aussi, et fuir des villes qui deviendront le « camp de la concentration ».

Le travail à distance peut redonner espoir et activité, aux territoires dont les compétences ont fui vers le mirage des villes. Un graphiste heureux et inspiré par la nature qu’il retrouvera intacte, dans la Creuse, le Lubéron ou la campagne Bretonne, pourra vivre heureux en région, manger des produits sains, respirer un air plus pur et éviter le stress inutile et montant, du Parisien. Il travaillera à 30 secondes de son domicile, la distance séparant sa chambre de son bureau ne risquant pas d’être un obstacle à la ponctualité que le Parisien a perdu,bienque roulant en scooter sans respecter ni les feux, ni les stops, ni les sens interdit.

Ainsi enrichies d’une population jeune et connectée, la campagne ou la ville moyenne, vivra un afflux de diplômés numériques, soucieux d’alimenter de leur qualité de vie et de leur bonne rémunération, les écoles et services publiques,qui étaient sur le point de quitter les lieux, faute de rentabilité.

Mais pour cela, il faut la fibre. La 4G minimum, partout ! Pas de nomade numérique sans connexion. Pas de rebond sans un fil à la souris ou un wifi en guise de vent du sud.

Les activités humaines réinventées. Je ne sais pas dire l’avenir des systèmes de blockchain généralisés, attachés ou non, à une crypto-monnaie, à la valeur folle et incontrôlable. En revanche, si il y a bien un endroit où ces systèmes pourraient prospérer, c’est bien sur les territoires. 

En fabricant une économie déconnectée de la réussite, des réalités économiques, à qui le système n’attribue plus de valeur, et qui ne se voit plus d’autre avenir que la tombe, nous offrons ainsi à ces modes « hors systèmes » une opportunité unique de s’inventer un monde, à défaut de continuer à appartenir au nôtre. Il va falloir faire de nos territoires, des lieux d’expérimentation de nouveaux modes d’échange, d’activités humaines. Des modes qui échapperont ainsi à l’impôt et au droit, faute de rentrer dans les cases d’un système qui les a abandonné. Et après tout pourquoi pas ? Comment taxer ceux qu’on abandonne le jour où ils s’en sortent, alors que leurs taxes, n’ont pas servi à les maintenir dans la République ?

Le numérique va redonner de la valeur au fonctionnement tribal, à l’échange non monétaire, aux services entre particuliers. De l’imprimante 3D, aux services publiques réalisés par….. le publique, le tout payé en services échangés ou en monnaies locales, nous pouvons imaginer que les territoires perdus de la République, trouvent ainsi un mode de fonctionnement qui pourrait rendre tentant de faire œuvre de séparation de notre nation. A moins que l’Etat ne modifie lui aussi son système de fonctionnement, et ne deviennent un « animateur » de cellules indépendantes au lieu d’un noyau central décidant de la vie de chacun. 

Pour cela il faudra une fibre optique au service d’une nouvelle vision, et d’une nouvelle fibre post républicaine. Il faudra de l’internet. De la 4G, de la fibre. De l’investissement. Passer de la zone blanche à la zone vierge. La zone blanche est celle de l’inexistence, la zone vierge, celle du rebond. Il y a encore de nombreuses autres pistes, que nous garderons pour le 3ème épisode, la semaine prochaine.

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