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Dépenses publiques, dette et épargne des ménages : les trois chiffres qui donnent la mesure du mal français
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Atlantico Business

A l’heure où le président de la République essaie de sortir l’Europe de la crise politique, les finances publiques prouvent qu’il faudrait vraiment commencer à faire le ménage chez nous.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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On peut toujours se plaindre de Bruxelles (trop de technocrates), de nos partenaires européens (trop arrogants), de l’euro structurellement inadapté aux finesses de l’économie, de la banque centrale qui n’en fait jamais assez, des banques, des critères de Maastricht etc… Selon les besoins, nous avons dans les placards de la politique une collection de bouc émissaires toujours prêts à sortir de leur boite pour justifier nos turpitudes.

Mais les hasards de l’actualité viennent de nous apporter trois chiffres marqueurs du mal français : la dépense publique, l’endettement pour payer la dépense et l'épargne des français qui vient garantir la dette. Tout est simple. Trop simple.

D’abord, le montant de la dépense publique et sociale. Plus de 56% du PIB. Alors, certains nous diront qu‘il suffirait d’avoir de la croissance et d’augmenter le PIB pour faire tomber la part des dépenses publiques. Les mêmes d’ailleurs viennent aussi nous rappeler que ces dépenses publiques sont nécessaires au soutien de la demande. La réalité est que le montant de la dépense publique pèse sur la compétitivité du système de production. Quand on constate que la France dépense 280 milliards de plus que l‘Allemagne en dépenses publiques et sociales alors que le système administratif en Allemagne est de meilleure qualité qu’en France. La dépense administrative y est plus efficace dans la plupart des domaines, santé, éducation, logement, social, retraite, sécurité etc.

Ensuite, le montant de la dette publique qui atteint les 100% du PIB, 2500 milliards d’euros, et c’est principalement une dette qui finance les dépenses de fonctionnement. Alors cette dette est supportable tant que les taux d’intérêt sont aussi bas. Normalement, les dépenses de fonctionnement (publiques et sociales) devraient être financées par l’impôt et les prélèvements sociaux. Sauf qu’on voit mal l’Etat décider le doublement des prélèvements obligatoires. Mieux vaudrait décréter la mort du système.

Enfin, le montant de l’épargne des français atteint les 5000 milliards d’épargne financière et fait de la France le champion du monde avant les japonais. Alors, certains vont s’en réjouir. Les économistes sérieux ne peuvent que le déplorer. C’est la marque du conservatisme, de l’inquiétude et du vieillissement.

Il s’agit du stock d’épargne des français hors patrimoine immobilier. Alors l’abondance d’épargne s’explique par le vieillissement de la population et l’ampleur des pensions de retraites qui, quoi qu’on dise, permettent de maintenir le niveau de vie des retraités. Ce qui prouve au passage que le pays n’a pas globalement de problème de pouvoir d’achat ou de demande. Le pays a plutôt un problème d’offre de produits et de services donc de compétitivité du coté des entreprises.

Cette épargne qui représente le double du stock de dettes, sécurise le système financier, ce qui explique que l'Etat n'a pas de difficultés pour s’endetter. Alors on serait en Argentine, ça serait une excellente nouvelle. Mais en France, ça prouve que les épargnants ont une aversion au risque et consacrent leur épargne au financement du déficit budgétaire sous forme d’obligations et de bons du Trésor, que ce soit par souscription directe ou par assurance-vie.

Les français sont étonnants, ils rechignent à payer leurs impôts (ils ont raison) mais financent la dette publique.

La boucle est bouclée. Beaucoup de dépenses publiques et sociales, c’est beaucoup de dettes pour les financer et beaucoup d’épargne privée pour garantir la dette publique.

Ces trois agrégats économiques font de la France un triple champion du monde dans chaque catégorie mais expliquent aussi notre incapacité à affronter les contraintes de la réalité internationale. Du coup, on préfère s’enfermer dans un discours fumeux et expliquer que la réalité a tort.  

La France est un pays formidable.

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