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Netanyahou, meilleur ennemi d'Israël ?
©YIANNIS KOURTOGLOU / POOL / AFP

La morale dans les chaussettes

Confronté à un groupe terroriste se servant de civils comme chair à canon, Netanyahou se comporte comme le premier dictateur moyen-oriental venu, se lavant les mains de la dimension morale de ses actions et considérant qu’une défaite médiatique n'est qu'anecdotique.

Hugues Serraf

Hugues Serraf

Hugues Serraf est écrivain et journaliste. Son dernier roman : La vie, au fond, Intervalles, 2022

 

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Le Hamas envoie des jeunes se faire tuer par stratégie marketing, on l’aura compris, mais c’est bien Israël qui les tue.

Comme la plupart des commentateurs de salon, je n’ai pas la moindre idée de la manière dont on défend une frontière sans tirer à balles réelles sur les intrus. Mon expérience de l’armée se limite à la demi-journée passée à raconter des bobards à des médecins militaires pour me faire réformer il y a trente ans.

Mais on a du mal à concevoir que tout soit vraiment mis en oeuvre pour éviter les pertes humaines même si je lis, chez certains experts, parfois à peine plus gradés que moi, que des morts par dizaines depuis le début de cette affaire et compte tenu du contexte, ce n’est pas beaucoup.

Le Hamas n’a évidemment jamais tablé sur un succès de l’opération au sens où ses troupes de barbus, mêlées à des ados remontés comme des pendules, franchiraient effectivement la frontière pour prendre le contrôle d’Israel. Il se disait au contraire qu’il y aurait des morts en culottes courtes, des télés occidentales pour les filmer, et que c’est la bataille de la communication qu’il remporterait.

En ce sens, pas de doute, sa victoire est éclatante.

Confronté à un groupe terroriste se servant de civils comme chair à canon, Netanyahou se comporte en effet comme le premier dictateur moyen-oriental venu, se lavant les mains de la dimension morale de sa réaction et considérant qu’une défaite médiatique est anecdotique.

Mais c’est une erreur. Il y aura sûrement des « pragmatiques » ou de simples cyniques pour considérer que tuer des gens, dans ces circonstances, est dans l’ordre des choses et qu’il faut être bien naïf pour penser autrement.

Qu’il faut avoir été bien imprégné de moraline islamo-gauchiste pour s’en émouvoir.

Et que de toute manière, ils étaient prévenus, les ados remontés comme des pendules.

Lorsqu’un pays à prétention éthique se met à se foutre à ce point de ce qu’on dit et pense de lui à l’extérieur au nom de l’efficacité, il devient la Russie ou le Venezuela. En l’espèce, Netanyahu peut bien se prévaloir du soutien de Trump, des extrêmes droites souverainistes ici et là, et sans doute de ces juifs à travers le monde qui entérieneraient n’importe quelle saloperie par réflexe dès lors qu’elle leur est vendue comme indispensable à la survie d’Israel.

Mais même ce soutien-là est désormais remis en question. Aux États-Unis, où réside la communauté juive la plus indispensable à Israël, on commence en effet à se demander en quoi assurer le service après-vente du Likoud est un devoir sacré. Et en quoi l’affection naturelle et légitime pour le pays est synonyme d’alignement systématique sur un gouvernement de démagogues à courte-vue inaugurant une nouvelle implantation en Cisjordanie par semaine et plaçant, au bout du bout, ses tireurs d’élite au service du Hamas.

Si j’étais Netanyahou, je me dirais d’ailleurs que l’événement politique le plus significatif de ces dernières semaines, ce n’est pas le transfert de l’ambassade américaine à Jérusalem, mais plutôt le refus de Nathalie Portman d’aller chercher un prix au risque d'avoir à lui serrer la main.

Mais bon, je n’ai même pas fait mon service militaire. Je n’y connais rien en stratégie...

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