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L’immobilisme sur les rails : entrepreneurs et syndicalistes, deux mondes sans frontière commune
©JEAN-SEBASTIEN EVRARD / AFP

Les entrepreneurs parlent aux Français

La défense des intérêts particuliers n’est en aucun cas le socle de l’intérêt général. Modifier leur statut n’entame en rien, l’intérêt général, la préservation du service public.

Denis Jacquet

Denis Jacquet

Denis Jacquet est fondateur du Day One Movement. Il a publié Covid: le début de la peur, la fin d'une démocratie aux éditions Eyrolles.  

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Certains trouvent à l’immobilisme une vertu cardinale. Ne rien changer serait paré d’une vertu rare, celle de respecter le passé. L’inaction et l’absence de remise en cause répondraient à une nécessité de justice sociale et surtout de respect d’acquis sociaux obtenus de haute lutte. Une simple interrogation, un début de réflexion, une possible adaptation au temps est entachée automatiquement, d’un soupçon d’irrespect de la lutte syndicale, d’injustice au détriment des plus faibles, d’insulte à l’histoire. Etc. Foutaises!

Chaque avantage dans la vie a une explication, une contrepartie. Si sa cause disparaît, il doit en être tout autant de sa conséquence. Le statut des cheminots, bien que moins scandaleux que celui de la RATP, pas moins scandaleux que la plupart des fromages encore offerts à nombre de politiques  en « transition temporaire », doit évoluer avec le temps. Comme pour tout le monde.

La défense des intérêts particuliers n’est en aucun cas le socle de l’intérêt général. Modifier leur statut n’entame en rien, l’intérêt général, la préservation du service public. Bien au contraire ! Son évolution permettra justement, de maintenir son rôle, dans les meilleures conditions, y compris financières, afin que les petits avantages des uns, ne se maintiennent pas, au détriment des impôts des autres.

Le combat mené n’est pas celui de la vertu sociale et de la spécificité du service public, mais bien du maintien d’un fromage syndical, qui sait que son incapacité à gagner cette bataille aura une odeur de sapin pour Sud Rail, et la CGT, dans une entreprise qui pouvait s’accommoder de plus de 920 ETP, des salariés fantômes, affectés à un poste qu’ils n’ont jamais occupé, pour se vouer à 100% à leur délégation syndicale, au frais du contribuable. La guerre n’est pas celle du service public, mais de la rente syndicale. Il n’y aurait rien à redire, si la SNCF était bénéficiaire et souhaitait aménager des conditions favorables pour ses salariés. Car ce serait un choix respectable, qu’elle ferait avec son argent. Malheureusement, mis à part les pirouettes et le montage financier  qui permet le bénéfice en isolant la dette,  la réalité, c’est que les avantages se font avec nos impôts.

Comme pour la RATP, qui je l’espère sera la prochaine cible du gouvernement. Un statut unique et inique, scandaleux, dans une entreprise qui continue à augmenter ses effectifs à un moment où son chiffre stagne ou régresse chaque année. Dotée d’avantages totalement scandaleux, quand on considère à quel point un restaurateur, une infirmière  ou un routier est tellement moins bien traité. Dans l’indifférence générale. Et les quelques français qui soutiennent cette grève, sont les mêmes qui hurlent à la mort quand on augmente leur impôts.

Ne pas réformer le service public, dans son intégralité, et surtout l’administration, et ses décideurs du haut de la pyramide, est le condamner à terme, en l’offrant au GAFA, qui feront mieux et moins cher. La douleur sera alors plus vive encore !

Un cheminot demain, ressemblera, à s’y méprendre, à un salarié. En effet, le transport, lui aussi est en pleine révolution, sous la pression des nouveaux modèles économiques (VTC, co-voiturage, transports multimodaux et interactions entre ces transports à organiser demain, régression de la propriété des véhicules…). Le service public pourra continuer à exister, malgré la disparition d’avantages incompréhensibles pour les français (logements sociaux, rente syndicale, repos compensatoires, retraites…). Personne n’a jamais dit que les cheminots étaient milliardaires. On dit simplement que la nation ne peut pas faire de différences entre ses enfants, sauf pour ceux dont les conditions particulières, le méritent. De plus, tout cela va se faire en douceur, sans impact pour les « anciens ». Ce combat n’est donc lié, ni à la défense du service public, ni aux acquis sociaux, mais uniquement au combat de la dernière chance pour des syndicalistes dictatoriaux, dont les pratiques contre les non syndiqués, sont étouffées pour échapper à des enquêtes qui les qualifieraient facilement de harcèlement à l’heure du #MeToo.

Le contraste est sidérant si l’on considère cette magnifique génération, de jeunes et moins jeunes, qui se lancent dans l’entrepreneuriat. Ces femmes et hommes, dont  le risque absolu offre à notre société l’innovation, l’évolution, la croissance et les emplois. Loin de l’immobilisme, ils voient leur absence de statut comme la plus belle garantie d’une vie animée par la passion, face à leurs amis rentiers, qui n’ont de passion que pour eux mêmes. Les uns crient à l’aventure au profit du plus grand nombre, quand les autres nous collent au sol, au profit d’un nombre restreint. C’est leur vie et leur incertitude qui nous offrent le plus beau service public possible. Le service qu’ils rendent au public, à la nation, au prix de la précieuse sécurité défendue par les autres, c’est de préserver les acquis des uns, au sacrifice des leurs. La société change, alors ils s’y adaptent, proposent, évoluent, remettent en question, disruptent. Pendant que les autres s’offrent à nos frais, une double-couverture pour l’été, et paralysent la nation, les entrepreneurs se mettent à nu en plein hiver, pour lui offrir la mobilité, un train pour l’avenir, un futur, sur des rails solides. Leur réussite contrairement à leurs trains, fera arriver la France à l’heure de la croissance.

Les seuls qui mériteraient un statut, n’en réclament pas ! Quand certains justifient leurs avantages du simple fait de ne pas dormir chez eux quelques nuits par mois, ou de travailler quelques week-ends dans l’année, les entrepreneurs comptent les nuits où ils dorment tout court, sans aucune compensation, souvent au détriment de leur propre vie personnelle, et sans se mettre au travers des voies pour autant. Comment la terre peut-elle mettre au monde 2 catégories d’individus aussi différents. Ceux dont la facilité est l’obsession, face à ceux qui font de la difficulté une source de motivation.

Pendant que les uns ont les yeux qui brillent face à l’avenir, les autres ne brillent qu’en regardant le passé. J’espère, mais j’avoue ne pas douter, que le Président ne lâchera pas. Il ne portera pas pour autant, une quelconque atteinte au service public, il lui permettra au contraire se de reprendre et se réinventer, à l’aune d’un monde nouveau.  Evoluer n’est pas régresser !

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