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Pourquoi ​Edouard Philippe ​doit poser la question des banques régionales pour relancer l'industrie​ française​
©CHARLY TRIBALLEAU / AFP

Urgence

Il s'agit clairement de réindustrialiser la France et pour cela de dire haut et fort que rien ne peut se faire sans donner la priorité à l'investissement productif.

Loïk Le Floch-Prigent

Loïk Le Floch-Prigent

Loïk Le Floch-Prigent est ancien dirigeant de Elf Aquitaine et Gaz de France, et spécialiste des questions d'énergie. Il est président de la branche industrie du mouvement ETHIC.

 

Ingénieur à l'Institut polytechnique de Grenoble, puis directeur de cabinet du ministre de l'Industrie Pierre Dreyfus (1981-1982), il devient successivement PDG de Rhône-Poulenc (1982-1986), de Elf Aquitaine (1989-1993), de Gaz de France (1993-1996), puis de la SNCF avant de se reconvertir en consultant international spécialisé dans les questions d'énergie (1997-2003).

Dernière publication : Il ne faut pas se tromper, aux Editions Elytel.

Son nom est apparu dans l'affaire Elf en 2003. Il est l'auteur de La bataille de l'industrie aux éditions Jacques-Marie Laffont.

En 2017, il a publié Carnets de route d'un africain.

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Il s'agit clairement de réindustrialiser la France et pour cela de dire haut et fort que rien ne peut se faire sans donner la priorité à l'investissement productif. Cela a conduit à la réforme de l'ISF, à celle du traitement fiscal, mais ces affichages sont insuffisants quoique très forts symboliquement. Il faut maintenant entrer dans le vif du sujet, ne pas laisser partir à l'étranger nos pépites qu'elles soient grandes, moyennes ou petites. J'ai donné des exemples, Alstom, aussi bien en énergie qu'en transports, Mérial notre numéro 1 mondial vétérinaire vendu aussi aux Allemands, et tout ce que nous avons connu ces dernières années. Ce qui est vrai des entreprises industrielles emblématiques est encore plus vrai pour les moyennes et les petites. Par défaut de fléchage de l'épargne nationale vers le secteur productif nous laissons partir des fleurons en nous réfugiant derrière les règles du capitalisme international. On a encore le droit de revendiquer l'intérêt national et tous les pays le font...sauf nous ! Il faut donc sauver nos vieilles pépites et permettre aux nouvelles de rester en France pour permettre une réelle réindustrialisation du pays.

Le rôle de l'Etat ne doit pas être de choisir mais de nous doter des mécanismes de régulation nécessaires avec les branches, les banques, en essayant de ne pas mettre des fonctionnaires aux commandes de l'appareil industriel. Il faut retrouver le sens du risque et seuls les vrais industriels peuvent remettre en selle ce principe essentiel. La BPI a clairement joué un rôle déterminant dans les dernières années, mais elle a laissé les industriels maitres à bord lors de ses interventions.

La seule chose que l'on doit attendre du Premier ministre est qu'il dise que c'en est fini de laisser notre appareil industriel se déliter et qu'autour du dossier Alstom il va reprendre les discussions pour que dans le secteur électromécanique où nous avons des premières positions mondiales nous allons revenir après discussions avec General Electric et Siemens. L'affaire Alstom a été une catastrophe pour notre image à travers le monde, il est encore temps de réagir dans les territoires la situation est claire, dès que l'industrie s'en  va l'économie s'effondre et on a désormais bien compris son importance ! C'est récent, hélas ! Il faut néanmoins regarder l'avenir et non essayer de régler sans cesse les problèmes des erreurs passées. Pour cela il faut permettre aux entrepreneurs industriels locaux de se développer à l'international quand ils en ont les possibilités techniques et industrielles. Cela veut dire régler leurs problèmes, de capitaux propres sans les déposséder et sans les obliger à des taux de rentabilité déments pour satisfaire les fonds prédateurs. Les Banques régionales qui traitaient historiquement ces cas ne le peuvent plus en France depuis la crise de 2008 et les règles prudentielles qui en ont été la conséquence. J'observe qu'en Allemagne, mais aussi en Italie et en Espagne, ce problème de croissance de l'entreprise industrielle est traité par des banques régionales ! Il est clair que les épargnants ont compris qu'il fallait investir dans l'industrie pour sauver leurs territoires, il leur faut maintenant les instruments chez leurs banquiers pour les guider ! Faire grandir les petits, permettre aux ETI de grandir encore plus, créer des écosystèmes en favorisant les clusters, mettre le numérique à la portée de tous les entrepreneurs, tout cela ne peut marcher que si des fonds propres sont disponibles sans exiger la mise au clou de fortunes personnelles qui souvent n'existent pas. Historiquement, ce sont les banques régionales qui ont réussi, mais elles ont désormais des boulets aux pieds.

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