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Macron ne sera vraiment président que lorsqu’il aura le courage d’ouvrir les trois grands chantiers qu‘il a promis
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Atlantico Business

On laissera aux professeurs de SciencesPo le soin d’expliquer comment un jeune inconnu, brillant mais novice en politique aura réussi en moins d’un an à accéder en finale de l’élection présidentielle, avec toutes les chances de remporter cette compétition qui va l’opposer à Marine Le Pen.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Ce que l’on sait, c’est qu’indépendamment de son ADN personnel, de sa jeunesse, de sa capacité à renouveler le système politique, de son expertise pour assumer les grandes mutations, ce que l’on sait, c’est qu ‘Emmanuel Macron à développé un diagnostic sévère de la situation économique et sociale française, un diagnostic non complaisant du fonctionnement du système politique français et que ce diagnostic correspondait à ce que la majorité de l’opinion ressentait. Ce diagnostic correspondait même à celui que formulait l’ensemble des dirigeants politiques sans pouvoir en tirer les leçons.

Mais ce que l’on sait aussi, c’est qu’à partir de ce diagnostic, Emmanuel Macron a tracé les grandes lignes d’une stratégie de redressement qui ne passe pas seulement par des réformes qui pourraient être douloureuses, mais qui passent aussi par l’exploitation des opportunités de progrès offertes par les mutations incontournables.

Son problème, c’est qu’avec cette campagne, Emmanuel Macron a emmené 25% du corps électoral, beaucoup de jeunes, beaucoup de diplômés, de cadres et d’habitants des grandes villes, beaucoup de Français qui ont pu profiter de la mondialisation et qui ont les moyens d’aller plus loin encore.

Dans ces conditions, il faudra aussi convaincre ceux qui n’ont pas voté Macron au premier tour, parce qu‘ils sont dans une situation plus difficile : ils sont au chômage, ils vivent plutôt à la campagne ou dans des villes moyennes blessées par les délocalisations.

Alors, dans ces conditions, Emmanuel Macron va, dans les 100 premiers jours, vivre dans l’euphorie, parce qu‘il incarne un tel changement que chacun va passer son temps à le décortiquer et à s’en féliciter. Mais au bout de 100 jours, il faudra donner du corps à cette stratégie de redressement, du corps et du contenu.

Emmanuel Macron va devoir ouvrir trois séries de chantiers considérables pour gagner son pari de jeune président.

Un chantier politique d’abord, parce que Emmanuel Macron n’a pas d’équipe, pas de gouvernement et surtout pas de majorité. Il n’a pas de parti pour organiser ses élections, il n’a pas de députés pour mailler le pays de relais fiables et loyaux. Emmanuel Macron va devoir construire des coalitions majoritaires. Donc faire des compromis. Ce chantier va s’ouvrir dès cette semaine avec des tractations qu’il faudra mener avec les hommes rescapés des partis qui vont exploser.

Un chantier économique ensuite, parce le projet d’Emmanuel Macron repose sur l’idée que la France a besoin de se redresser, et par conséquent de créer de la richesse qui créeront des emplois. Ce chantier là nécessitera une collaboration étroite avec les chefs d’entreprise et les syndicats. Le projet est de considérer les grandes mutations comme des opportunités. Tout mettre en œuvre pour profiter de la révolution digitale. Tout mettre en œuvre pour profiter de l’économie de marché et de la concurrence. Tout mettre en œuvre pour profiter de la mondialisation.

Enfin, remettre en route la construction européenne, parce qu'Emmanuel Macron aura été avec François Fillon celui qui a développé l’ambition de protéger l’Union européenne et même de la renforcer. La plupart des candidats ont cru que l'opinion publique française considérait que l'Union européenne, l'euro, le libre échange, la Banque centrale européenne, étaient des facteurs de blocage alors que c’est tout le contraire. Ceci dit, il faut relancer cette Union européenne vers plus de fédéralisme.

Ces trois chantiers vont s'ouvrir dans un écosystème qui n'est pas toujours très favorable. Sauf qu'Emmanuel Macron n’aura pas le choix.

S’il veut réussir sa mission, il devra délivrer des résultats pour ne pas décevoir ceux qui l'ont suivi au départ, mais aussi ceux qui l'ont rejoint pour échapper à la stratégie du Front national.

Emmanuel Macron va se retrouver avec une problématique inverse à celle de François Hollande. Comme son prédécesseur, il devra obtenir des résultats et remettre le pays dans la course internationale, sauf qu’il ne sera pas obligé de faire le contraire de ce qu’il a promis.

Emmanuel Macron aura été élu sur une thématique sociale-libérale, très pro business et très européenne. Ce qui n'était pas le cas de François Hollande.

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