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Pourquoi les milieux économiques se mobilisent pour sauver le soldat Fillon
©REUTERS/Ralph Orlowski

Atlantico Business

Trois raisons expliquent pourquoi les milieux économiques ne lâchent pas François Fillon.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Si les députes de la majorité, qui ont pris la température dans leurs circonscriptions, sont remontés à Paris avec la gueule de bois, les milieux économiques, qui sont beaucoup plus pragmatiques, se sont également agités pendant tout le week-end. Au Medef, à la Cgpme, dans les Chambres de commerce, à la Fnsea, et même chez les artisans, on a sondé, discuté et négocié. Une série de conciliabules dont il ressort globalement, qu'il leur faut sauver le soldat Fillon.

Après avoir passé une phase d’émotion, après avoir écouté François Fillon qui a passé son temps au téléphone, les patrons de Paris ou de province considèrent qu’il n’y a sans doute pas d’autres solutions.

En gros, ils estiment que François Fillon a évidemment fait une erreur de ne pas clarifier immédiatement cette situation forcement ambiguë en période électorale. Mais ils reprochent surtout au candidat et à ses conseillers proches de ne pas avoir eu conscience dès le départ que cette affaire allait mettre le feu à leur projet. Erreur grossière qui montre à quel point les hommes politiques vivent dans une bulle. La réflexion la plus partagée : "si un patron avait fait la même chose, il aurait été viré par son comite d’entreprise, par ses actionnaires et ses clients". A vérifier, mais c’est un autre problème.

Ceci étant, la règle d’or chez les chefs d’entreprise est de s’adapter. Et quand ils mettent à plat toutes les pièces du dossier, ils tombent sur "la nécessite de sauver le soldat Fillon".

Et de mettre en évidence trois grandes raisons, pour l’instant, incontournables :

1ère raison : François Fillon n’a, jusqu'à preuve du contraire, rien fait d‘illégal. Alors les chiffres peuvent choquer mais ils répondent à une réalité que les hommes politiques n’ont jamais voulu assumer. Un député, un sénateur, un ministre gagne entre 5 000 et 6 000 euros par mois. Ça peut paraître beaucoup pour un cadre d’entreprise ou de la fonction publique, ça peut paraître considérable pour un chômeur de longue durée condamné au RSA, mais pour un responsable du travail exécutif ou législatif, cela n'est pas suffisant. La meilleure preuve est que la plupart ont des niveaux de vie bien supérieurs, correspondant à leurs émoluments officiels. Y compris les députes européens qui ne sont pas extérieurs à ce type de contraintes.

Alors que ceux qui sont ministres vivent sur leur ministère, les autres cumulent les mandats ou s’arrangent pour conserver dans la famille une partie des budgets de fonctionnement. Au total, un homme politique a un niveau de vie qui correspond en gros à trois fois son indemnité. Il ne peut guère faire autrement. Les moins scrupuleux cèdent hélas à la corruption.

Il faudra avoir le courage de mettre à plat les ressources financières du personnel politique, mais surtout, il faudra reconnaître qu’ils ne sont pas assez bien payés.

Dans ce contexte là, les problèmes de François Fillon n’ont vraiment rien de scandaleux. Encore faut-il en parler et cesser par démagogie de considérer que les députés ne sont là que pour s’enrichir, parce que, rares sont ceux que la politique a enrichis.

2e raison : le contenu du programme de François Fillon correspond à ce qu’il faut faire pour redresser l’économie du pays. François Fillon est sans doute le seul des candidats à droite à avoir construit un programme cohérent pour permettre à ce pays d’affronter les mutations qui s’imposent à tous : la mondialisation, qui n’est pas porteuse de chômage contrairement à ce que beaucoup croient ; la concurrence internationale, qui est un moteur du progrès ; la révolution technologique, qui est le triomphe de l’intelligence. Affronter ces défis, les transformer en opportunités, constituait la charpente du projet Fillon sachant qu'il mariait avec équilibre les impératifs de la modernité et la demande de protection sociale. Marier l’obligation d’accompagner la modernisation avec le respect des valeurs et de l’identité, sans abandonner, au contraire, les ambitions européennes.

3e raison : les milieux économiques ne voient pas de plans B possibles et acceptables à l’intérieur de la droite et du centre. Le plan B le plus facile à imaginer a été de tester Alain Juppé, mais Alain Juppé a été tellement humilié par le résultat de la primaire qu‘il a posé des conditions difficilement acceptables. Il voudrait que François Fillon vienne le chercher, que Nicolas Sarkozy et au moins 100 parlementaires lancent un appel public, et enfin qu’il puisse reprendre son programme et qu’on jette le projet Fillon. Tout cela est évidemment difficilement réalisable.

Les autres solutions traduisent beaucoup plus les dissensions à l'intérieur de la droite et les bagarres d’égos. Les solutions qui sont poussées ici et là portent des candidatures possibles de François Baroin, Xavier Bertrand, Laurent Wauquiez, ou même Gérard Larcher, le président du Sénat.  Bref, no way pour jouer gagnant.

Quand aux autres candidats, leurs offres politiques sont absolument inapplicables dans le contexte actuel. Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen sont en dehors du système d’économie de marché. Benoît Hamon a fait des promesses irréalisables et insupportables au monde des affaires (le revenu universel, l’effacement des dettes et les référendums d’initiative populaire). Il est donc inaudible par le monde du business et inquiétant pour les investisseurs étrangers.

Reste Emmanuel Macron, qui ne laisse pas insensible les patrons d’entreprise, mais dont ils pensent qu’il est peut-être menacé par le principe de Peter comme disent les manuels de management.

Son programme est encore assez flou, assez peu rigoureux. Mais surtout, la ruée des députés et du personnel politique qui ne veulent pas s’associer à l’aventure de Benoît Hamon va faire d'Emmanuel Macron, au mieux l'héritier de François Hollande, au pire son otage. Et ça, c’est insupportable au monde des affaires parce que c’est l'assurance de l'immobilisme.

Paradoxalement, le succès de Macron lors de son dernier meeting, dopé par l’arrivée des hommes de François Hollande, en fait peut être sa fragilité. 

Le principe de Peter disent les experts en management : tout homme touché par le succès, la grâce ou la chance, n‘en finit pas de gravir les échelons du pouvoir, jusqu’au moment où il atteint son niveau d’incompétence sans en avoir conscience. 

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