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Hollande ou Sarkozy, les riches se font la malle
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Zone franche

Les gérants de fortune genevois n’ont pas d’opinions politiques. Leurs clients français non plus.

Hugues Serraf

Hugues Serraf

Hugues Serraf est écrivain et journaliste. Son dernier roman : La vie, au fond, Intervalles, 2022

 

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C’est Le Monde (pas Le Figaro) qui nous le confirme dans une enquête parue hier : les riches commencent à se sentir pousser des ailes dans la perspective de la présidentielle. Ça n’a ni l’envergure de l’émigration de 1789, ni même de celle de 1981, mais, apparemment, les gérants de fortune genevois ont mal aux mains à force de se les frotter d’aise. Et si 44 des 300 plus grands magots suisses étaient déjà gaulois au dernier décompte, cette proportion pourrait bien s’accroitre assez rapidement.

La Grande-Bretagne et la Belgique ont également la côte, mais s’installer autour du Léman reste le nec plus ultra chez le réfractaire aux impôts. Ça doit être le bon air de la montagne et la joie nostalgique de payer sa baguette en francs dans une boulangerie de la vieille ville…

La presse économique locale l’a également remarqué, qui rappelle à ses lecteurs qu’à l’inverse des gabelous français qui vous taxent en fonction de vos revenus et votre patrimoine ― les crapules ! ―, le fisc helvète travaille au forfait et c’est une vraie seconde chance au grattage ! Mais ça devait se savoir puisque 2 000 de nos concitoyens, pas tous tennismen, en bénéficient déjà.

Ah on peut toujours les détester, les montrer du doigt comme autant de traitres à la patrie, leur rappeler que leur fortune, c’est à ce pays de parasites collectivistes qu’ils la doivent, c’est peine perdue. Entre le passage de 45 à 46% de la tranche marginale de l’IR et la contribution exceptionnelle sur les hauts revenus mise en place par Sarkozy himself, ils ne se sentent plus appréciés ― les pauvres.

On peut aussi leur demander, s’ils délocalisent leur business vers un pays dont les coûts salariaux et la monnaie font passer les nôtres pour d’aimables plaisanteries, pourquoi ils ne choisissent pas plutôt le Vietnam mais, là encore, on ne fait pas boire un âne qui n’a pas soif.

Notez qu’à lire l’enquête du Monde jusqu’au bout, qui titre pourtant sur la peur spécifiquement hollandaise des rupins voyageurs (« Au secours la gauche revient ! »), on se rend bien compte que la politique, c’est bien le dernier de leur soucis. C’est en tout cas le point de vue de l’avocat vaudois Philippe Kennel, qui importe une trentaine de « frouzes » par an en temps normal mais a déjà monté le dossier de dix personnes sur le seul mois de janvier 2012 : « ils comprennent bien que l'État français a besoin d'argent, et qu'on ne les laissera pas tranquilles, quel que soit le vainqueur à l'élection présidentielle ».

Les riches, c’est sûr, ils sont difficiles à aimer.

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