Les classes moyennes ne croient plus au politique mais attendent beaucoup des grandes entreprises<!-- --> | Atlantico.fr
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"Sans les entreprises, il est évident que la France ira droit au mur.”
"Sans les entreprises, il est évident que la France ira droit au mur.”
©Reuters

2012, par les classes moyennes

Un panel de plus de 130 Français issus des classes moyennes ont été amenés à converser sur la plateforme collaborative FreeThinking. L'étude s'est déroulée du 4 au 7 janvier 2012. Quelles sont leurs attentes pour cette année présidentielle, frappée par la crise ? (Épisode 5/5).

Véronique  Langlois et Xavier Charpentier

Véronique Langlois et Xavier Charpentier

Véronique Langlois et Xavier Charpentier ont créé en mars 2007 FreeThinking, laboratoire de recherche consommateur 2.0 de Publicis Groupe.

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Feuilleton "2012, par les classes moyennes"

Épisodes précédents...

 1 : Dans la tête des classes moyennes : "Pour moi, le triple A, c'est garder Assez d'Argent pour Alimenter ma famille"
 2 :Dans la tête des classes moyennes : les hommes politiques, jugés responsables de la "Grande Dépossession"
 3 :Dans la tête des classes moyennes : une campagne présidentielle pour rien ? 
 4 :  Entre repli sur soi et révolte dans la rue, le cœur des classes moyennes balance ?

Dernier enseignement de cette recherche : s’il est aujourd’hui clair que les politiques - du moins ceux en place depuis de nombreuses années - sont accusés d’avoir si mal utilisé leur pouvoir qu’ils en sont aujourd’hui dépourvus, les choses sont très différentes du côté des grandes entreprises françaises : elles sont reconnues comme au centre du système ; une centralité qui s’exprime dans une véritable « Penalty of leadership ». Parce qu’elles ont le pouvoir de changer les choses, elles doivent montrer que leur pouvoir est utile, c’est à dire l’utiliser. 


Les grandes entreprises françaises ont le pouvoir de changer les choses

Cette opinion largement partagée sur le blog FreeThinking n’a rien à voir avec une forme d’empathie à l’égard des grandes entreprises. Mais elle témoigne d’une conscience très forte du rôle central que détiennent les entreprises en matière d’emploi et de croissance. De leur capacité à être moteur dans la sortie de crise, si elles utilisent correctement leur pouvoir. 

"Est-ce que les entreprises ont conscience qu’elles ont les clés pour « redresser » l’économie française ?"

“Oui je pense que les grandes entreprises ont un rôle à jouer, car elles sont créatrices d’emplois et de croissance."

En ce sens, elles bénéficient d’une perception neutre moralement mais rassurante, dans un contexte où on a l’impression que plus personne ne maîtrise plus rien, à l’échelle du pays voire du continent.

L’attente d’un nouveau contrat entre l’État et les grandes entreprises

En corollaire du point précédent : les entreprises ne pourront exercer correctement leur pouvoir que si l’on crée en France des conditions favorables pour qu’elles le fassent. L’État doit jouer son rôle de régulateur et de protecteur, ce qui signifie aussi faire pression sur les entreprises pour éviter les « écarts » de responsabilité. Les thématiques qui reviennent le plus souvent sont celles de la refonte de la fiscalité, mais aussi de la protection et de la « préférence nationale » en matière de règles commerciales. Pour favoriser les relocalisations, protéger l’emploi, la production et le savoir-faire français. Toute la chaîne des grandes entreprises françaises et des sous-traitants est concernée.

Les entreprises peuvent avoir un rôle à jouer pour redonner un peu d’oxygène à l’économie française. Les politiques aussi. Sans aller jusqu’à devenir protectionniste, demander au minimum que les produits importés soient fabriqués avec des normes proches des nôtres ainsi que les salaires versés aux employés qui les fabriquent soient également similaires, ne serait-ce qu’au niveau des valeurs (travail des enfants, nombre d’heures travaillées, etc). Ensuite, la concurrence reste utile à mon avis. Par contre, les appels d’offres des collectivités territoriales ne devraient pas s’ouvrir hors des frontières, ce qui donnerait un peu de sens au slogan « acheter français » car quand l’Etat nous y incite en passant des commandes de véhicules par exemple à l’étranger, où est l’exemplarité ?

“Que les grandes entreprises arrêtent de délocaliser….. Peut-être faire quelque chose pour cela au niveau fiscalité….”

"La question est : comment permettre aux entreprises de vivre ou survivre en France, comment les inciter à s’y développer ?”

Les grandes entreprises françaises sont attendues sur le terrain de la proposition et de l’action… 

Trois dimensions qui dressent le portrait d’une entreprise sur laquelle on n’a jamais autant compté : l’entreprise-intégratrice.

  • Intégratrice économiquement : parce qu’elle seule est vraiment créatrice d’emplois, parce qu’elle est une ressource fiscale essentielle. Parce que rien n’est possible sans elle.

"Les entreprises françaises ont un rôle à jouer. PRODUIRE en France. Certaines entreprises qui avaient délocalisé en Chine sont revenues produire en France car la qualité de leurs produits est de bien meilleure facture lorsqu’ils sont produits en France. L’innovation est aussi une piste, nous sommes pionniers dans certains domaines, restons-y."

" Les entreprises devraient travailler avec des sous-traitants qui produisent en France."

  • Intégratrice socialement : parce qu’elle peut avoir une vision globale et humaine plutôt que morcelée et technicienne. On compte aussi sur l’entreprise sur ce plan là, même si on ne lui demande pas de devenir philanthropique. Mais peut-être de revenir aux valeurs plus traditionnelles des entreprises familiales, prenant davantage en compte les conditions de vie des travailleurs au-delà des conditions de travail.

" Je sais que certaines entreprises logent par exemple certains de leurs salariés. Dernièrement, une société qui logeait ses salariés, a fait cadeau des 2 derniers mois de loyer. Voilà un exemple de motivation pour les salariés (…) Il faut donc que l’entreprise aide ses salariés en les impliquant dans des projets de leur vie quotidienne."  

"Il faut donc créer une nouvelle culture d’entreprise, et pourquoi pas revenir à une culture de famille ? Utopique certainement mais il faut bien croire à quelque chose."

  • Intégratrice politiquement, au sens de la vie de la Cité : c’est le troisième point. Les Français des classes moyennes, sans devenir des défenseurs inconditionnels de l’entreprise, lui demandent de s’investir davantage sur les terrains de l’économie sociale et solidaire et même au-delà : oser prendre la parole sur des sujets de société comme l’éducation par exemple (vs la question de l’insertion dans le monde du travail et donc dans l’entreprise).


“Un rôle à jouer ? Oui si elles ne délocalisent pas, investissent dans l’économie sociale et solidaire, car elles ont des ressources."

" Promouvoir l’épargne solidaire, revaloriser le rôle de l’école… "

“Alors que ces entreprises soient en partenariat avec l’école, et qu’elles ne soient plus là seulement pour les accueillir en stage une semaine par an, qu’elles soient une roue de secours pour tous ces élèves qui sortent du système éducatif sans aucun diplôme, en créant (pour les grosses et moyennes entreprises) un pôle de formation au sein même de l’entreprise.”

Au fond, tenter de recréer des passerelles entre économie, société et politique, qui aujourd’hui fonctionnent comme des « mondes à part ». 
Tenter de recréer un futur commun. Une destinée commune pour la France.

 “La solution serait évidemment de créer une symbiose entre les Français, les entreprises et l’État (donc les hommes politiques). Une de ces parties, seule, ne pourra pas élever la France. Il faut donc un engagement des Français, mais pour cela il faut que le gouvernement améliore la gestion de l’éducation. Et sans les entreprises, il est évident que la France ira droit au mur.”

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