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Dans la tête des classes 
moyennes : une campagne 
présidentielle pour rien ?
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2012, par les classes moyennes

Un panel de plus de 130 Français des classes moyennes amenés à converser sur la plateforme collaborative FreeThinking. L'étude s'est déroulée du 4 au 7 janvier 2012. Quelles sont leurs attentes pour cette année présidentielle, bercée par la crise ? (Épisode 3/5).

Véronique  Langlois et Xavier Charpentier

Véronique Langlois et Xavier Charpentier

Véronique Langlois et Xavier Charpentier ont créé en mars 2007 FreeThinking, laboratoire de recherche consommateur 2.0 de Publicis Groupe.

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Feuilleton "2012, par les classes moyennes"
Épisodes précédents... 

Episode 1 : Dans la tête des classes moyennes : "Pour moi, le triple A, c'est garder Assez d'Argent pour Alimenter ma famille"

Episode 2 :Dans la tête des classes moyennes : les hommes politiques, jugés responsables de la "Grande Dépossession"

Troisième enseignement majeur de cette investigation : le sentiment très présent sur ce blog que les élections présidentielles ne changeront rien à la situation actuelle sauf à envisager un changement radical de cap. Rien à attendre de bon de la droite comme de la gauche. Preuve en est avec le démarrage de la campagne. Peut-être est-il aujourd’hui temps de se tourner vers ceux  « qui n’ont pas encore trempé dans les erreurs du passé. 

Entre fatalisme et exaspération

Rien n’a changé depuis plusieurs mois dans les opinions qui s’expriment sur le blog quant aux candidats issus des principaux partis traditionnels. 

« Et tu crois qu’avec Hollande ou Sarkozy quelque chose changera ? »

Nicolas Sarkozy - dont certains marginalement s’interrogent sur la réalité de sa candidature (sans aller toutefois jusqu’à émettre d’hypothèses sur des alternatives) -  est mis en cause durement. L’image du Président des riches, de l’échec sur le pouvoir d’achat lui colle à la peau. La perte du triple A dont il s’était fait le fervent défenseur, vient un peu plus ternir son image auprès de ceux qui ne lui accordaient déjà que peu de crédit. Il continue néanmoins de rencontrer le soutien d’une partie des blogueurs qui lui accordent d’être à la manœuvre en cette période de forte turbulence, et affirment que sans lui, la situation serait aujourd’hui encore plus dramatique.

« Nicolas Sarkozy est le seul qui ait voulu réformer la France. Il a reçu en cadeau une France dans un état pitoyable. Il a essayé de redresser la barre mais il n’a pas encore fait assez.»

François Hollande continue de susciter très peu d’appétit. Au doute sur sa personnalité que le dernier blog mené en novembre dernier révélait vient aujourd’hui s’ajouter l’idée d’un candidat aux positions beaucoup trop fluctuantes. A la différence de Nicolas Sarkozy qui bénéficie sur le blog de défenseurs (certes minoritaires mais bien présents), François Hollande n’est jamais présenté comme le possible sauveur. Il est plutôt perçu comme le « choix possible par défaut », y compris parmi ses sympathisants déclarés : on votera pour lui car le « moins pire », c’est lui. 

«Plutôt de sensibilité de gauche, je ne me retrouve pas dans toutes les propositions de Hollande, ni dans sa personnalité. Mais j’en ai marre de Sarko.»

Une campagne sans idées

Deuxième point révélateur de l’état d’esprit des Français des classes moyennes que nous avons interrogés : la colère face à une campagne qui démarre très mal. Et qui n’est vécue que comme une accumulation de coups bas, provenant de la droite comme de la gauche. Et un exercice sans aucune profondeur, sans aucun débat de taille. 

«La campagne ne bat pas encore son plein. Il me semble - mais j’espère me tromper- que les débats ne vont pas s’élever aussi haut qu’il le faudrait. » 

« Ce qui est vraiment triste en 2012, c’est qu’il y a au sein de ce débat (cf. le blog FreeThinking) bien plus d’idées que dans les programmes de tous les partis politiques réunis. »

Les mesures à effet d’annonce, à valeur purement électorale, insuffisamment réfléchies et trop rapidement jetées sur la scène publique sont les marqueurs de ce début de campagne présidentielle. Aucune d’entre elles ne trouve grâce aux yeux de nos participants à ce blog :  

La TVA sociale n’a rien de sociale (bien que l’enjeu de regain de compétitivité des entreprises soit perçu comme réel, il est balayé par l’effet contre-productif du terme « social », comme si celui-ci entraînait une méfiance insurmontable et le décryptage « anti social » de la mesure).  
« En ce qui concerne la TVA sociale, je n’ai pas trop saisi le terme social car faire baisser les charges des entreprises donc du patronat et augmenter la TVA pour tous les ménages pour moi c’est loin d’être social. » 

La Taxe Tobin bien accueillie dans son principe ne génère en fait que très peu d’adhésion tant elle apparaît comme inopérante si elle n’est pas appliquée dans les autres pays. 

« La taxe sur les transactions financières : très bonne idée qui n’est pas toute neuve d’ailleurs. Mais pourquoi n’est-elle toujours pas appliquée ? Au niveau de la France, c’est tout simplement une utopie. Facile pour Sarkozy de lancer ça et de dire ensuite qu’il ne peut rien faire seul et que ce n’est pas de sa faute. »   

Enfin, le quotient familial provoque des réactions très partagées, et plutôt défavorables : oui pour s’attaquer aux inégalités, non pour déstabiliser ce qui constituait un exemple de politique efficace et éprouvée, non pour renforcer l’assistanat en France

« Le quotient familial, on sait ce qu’on va perdre, mais pas clairement ce qu’on va gagner, et vu les nombreuses erreurs du passé, je crains que l’on y perde… » 

Derrière ces trois mesures  mal accueillies et portées par deux candidats soulevant plus de critiques que d’adhésion, ce qu’attendent les Français, c’est une vraie réforme de la fiscalité pensée et remise en perspective avec un vrai projet pour la France. Non pas des mesures qu’ils perçoivent comme éparpillées, non structurées, non articulées au sein d’un programme de fond. 

« Aucun homme politique aujourd’hui n’a le courage de donner une stratégie, une vision de la France ». 


La part belle aux challengers

Troisième point qui fait autorité sur le blog : n’est-il pas temps de se détourner des partis traditionnels pour faire table rase avec le passé et envisager le futur sous une forme différente ?  Tenter autre chose, oui peut-être pour certains, oui sûrement pour d’autres, très présents sur notre blog. 
Jean-Luc Mélenchon est cité à plusieurs reprises mais connaît une relative stabilité depuis le blog mené en novembre dernier qui avait vu la percée des idées du Front de gauche, en réponse déjà à une radicalisation des esprits.

C’est le retour également de François Bayrou (comme en 2007 ?) qui à quelques semaines des élections constitue l’alternative raisonnée aux deux candidats de droite et de gauche. Ne faut-il pas tenter le choix de celui qui saura rassembler des experts de tous bords ?

«  Je ne suis pas de ce bord, mais tout de même à y regarder de plus près, ce n’est pas si idiot comme démarche ! Alors, moi c’est sûr au 1er tour, je vais voter Bayrou, au 2ème tour, je défendrai mes opinions plus personnelles et je ferai front au front !!! »

« Bayrou !! Et si c’était lui ?… Pourquoi s’obstiner à voter gauche/droite depuis 50 ans alors que rien ne change jamais ? Pourquoi ne pas essayer le centre ? »

C’est surtout la confirmation de la position forte et maintenant bien installée de Marine Le Pen comme choix possible et totalement assumé par une partie non négligeable des Français interrogés sur ce blog. Avec une idée force : mettre fin au déclin de la France, c’est - à défaut de connaître son programme et d’avoir des garanties de succès - tenter le choix de celle qui  n’a  rien à se reprocher, celle qui mettra fin à une politique d’assistanat dévastatrice. Celle qui pour l’instant ne s’est pas trompée.

«  Tous des menteurs, tous des voleurs, je voterai Marine Le Pen. »

« 2012 : le FN qui va prendre de plus en plus d’ampleur et dont les idées commencent à faire de plus en plus de partisans car on en voit aujourd’hui l’utilité ».    

« Et à lire tous ces sondages, ne faut-il pas penser que c’est l’extrême droite qui sortira de ce duel ? Et c’est peut- être par là que le changement arrivera ?? Nous sommes       peut-être a l’aube d’un nouveau monde, il suffit de voir comment le « printemps arabe » a commencé. On n’y est peut-être pas loin ?? »


La perte du AAA : un non-événement qui ne change rien… Ou chronique d’un échec annoncé pour la France


Enfin, dernier point puisque notre blog était ouvert à tous au moment de l’annonce de la perte du triple A : c’est tout d’abord et de façon spontanée le sentiment de non-événement qui prédomine tant cette dégradation de la note française leur apparaissait comme prévisible et annoncée. Tant elle vient marquer au fer rouge la dégradation de la situation de la France. Acter la dépossession de la France, aujourd’hui soumise  à des logiques extra nationales et financières. Sanctionner l’échec des politiques se succédant depuis 30 ans. Nicolas Sarkozy ayant de plus auprès de ceux qui ne lui faisaient déjà plus confiance, fait l’erreur de donner à cette notation une importance qu’elle n’aurait pas du avoir. 

« On s’en doutait quand même depuis un moment. Sarko était le seul à croire qu’on allait le garder. » C’est ensuite à la réflexion le sentiment que les choses vont se dégrader davantage pour eux et pour la France : moindre respect vs le reste du monde, mais aussi  annonce de difficultés de vie grandissantes : l’accès déjà difficile et demain impossible aux crédits, le durcissement de la fiscalité à leur désavantage. De nouveau les classes moyennes vont être les premières à payer la perte du triple A. Alors que cette dégradation devrait amener une réflexion de fond sur les dépenses publiques, sur la politique fiscale dans son ensemble.  

« Les taux d’intérêt vont augmenter. On va encore plus nous taxer comme d’habitude, le coût de la vie va encore plus augmenter. On n’est pas prêt de revenir à une situation normale. »

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