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Chômage : François Hollande est le seul et le dernier à croire que ça peut s’arranger
©REUTERS/Philippe Wojazer

Tant qu'il y a de la vie...

François Hollande se rassure en permanence alors que les chiffres sont de plus en plus mauvais.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Le président de la République restera dans l’histoire comme le responsable politique le plus optimiste en dépit d’une situation économique qui devient calamiteuse.

Les chiffres du chômage pour février étaient à peine tombés qu’il restait incroyablement optimiste sur sa capacité à gagner son pari de renverser la tendance. Les propos qu’il tient en privé à ses visiteurs, et ils en reçoivent beaucoup consistent à dire la conviction qui est la sienne.

Mais ça ne s’arrête pas là, les éléments de langages qu’on donne à ses ministres pour qu’ils assurent le service après-vente de l’Insee sont incroyablement sereins …

« En un mot, tout va bien !!! »

« Et en deux mots, pas bien, mais on ne le dit pas »

La communication gouvernementale sur la situation économique ressemble un peu à celle des vieux couples : « on se trompe, mais on ne l’avouera jamais ! »

Ce week-end de Pâques a été précédé d’une cohorte de chiffres désastreux : l’emploi, la dette, la croissance.

Le plus préoccupant étant celui du chômage en hausse de 38 900 soit 1,1% de plus. Février aura donc battu tous les records. Portant le nombre des chômeurs en catégorie A à 3 591 000, principalement des jeunes. Taux moyen du chômage 10 5 % de la population active, mais taux de chômage chez les jeunes de 18 à 27 ans, près de 30%.

La situation de l’emploi est étouffée par une bulle sociale qui risque d’éclater et d’engendrer un mécontentement violent. Pour l’instant il est encore amorti par le matelas des dépenses d’assistances en tout genre.

Hormis la réalité de l’emploi en France, ce qui est décourageant c’est d’entendre la ministre du Travail minimiser l’ampleur de ce résultat en expliquant que cet affaiblissement était imputable au ralentissement de la croissance, alors même que le mois dernier, elle expliquait que l’amélioration en janvier prouvait le bien fondé des mesures prises qui avait alimenté un premier regain de la croissance. Comprenne qui pourra.

Ce qui est incontestable, c’est que tout ce qui a été entrepris par ce gouvernement depuis quatre ans a échoué. Tous les outils ont été tentés et rien n’a marché.

1er temps : l’exécutif essaie une politique fiscale très punitive, qui a finalement découragé les plus riches et fait fuir ceux qui étaient liquides. Or les créateurs d’emplois étaient là.

2e temps : Après avoir échappé à l’asphyxie, le gouvernement a convenu qu’il y avait sans doute un problème de compétitivité, ce que tous les économistes un peu sensés disaient depuis dix ans. D’où le Cice qui a fini par protéger les trésoreries des entreprises, mais ne les a pas convaincues d’embaucher des salariés pour autant.

La première loi Macron a été tellement abimée qu’elle n’a provoqué que des effets épidermiques. Quant à la loi Macron II, sur la réforme du droit du travail, elle est restée coincée entre Matignon et le ministère du Travail, pour finalement changer de nom, en loi El Khomri, et se vider d’une grande partie de son contenu.

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Parallèlement, le gouvernement a multiplié le traitement social en créant à prix d’or des emplois publics et des emplois aidés. Tant mieux pour ceux qui en ont bénéficié, mais ils savent que tous ces emplois aidés ne sont que des expédients auxquels personne ne prédit de longévité. De plus, expédients oui, mais en plus des expédients coûteux.

3e temps, le gouvernement s’est résolu à s’attaquer à la racine du mal : la lourdeur de l’organisation du travail, d’où la loi El Khomri qui devait alléger les procédures et donner aux chefs d’entreprise la confiance dont ils ont besoin pour investir et créer des emplois.

Là encore, c’est raté. On a tellement trituré et amputé le projet de loi que la plupart des chefs d’entreprise ne bougeront pas un sourcil.

En dépit de toutes ces interventions, la situation de l’emploi ne s’est pas arrangée.

En dépit d’une situation qui ne s’améliore pas, le plus étonnant c’est que François Hollande persiste dans l’idée que tout va s’arranger. Il le dit, et il le fait dire. Alors que rien dans les prévisions et les circonstances ne lui permettent de le dire avec autant de certitudes.

Les chiffres de la croissance s’améliorent très légèrement, sans doute 1, 5% en 2016, mais ces 1, 5% ne permettront pas de créer des emplois.

Les chiffres du budget sont mieux équilibrés, aux alentours de 3,5, mais cette légère amélioration n‘est pas imputable à une baisse des dépenses publiques. Le déficit recule de quelques millimètres parce que le prix de la dette diminue. Les taux d’intérêt proches de zéro ont ceci de miraculeux, ils allègent le poids de la dette, mais du coup ils encouragent l’endettement.

Résultats : le déficit budgétaire s’améliore mais le stock de dette grossit et représente plus de 95% du PIB.

Une telle situation à treize mois de la présidentielle impose deux certitudes.

La première est que le gouvernement n’a plus le temps de proposer de nouvelles réformes de structures. Aurait-il ce temps, qu’il ne trouverait aucune majorité pour les faire passer. Le parlement va maintenant jouer la montre.

La deuxième certitude, est que le président sortant ne peut pas se faire réélire sur son bilan. Il est catastrophique. Il aura créé plus d’un million de chômeurs en 5 ans.

Or et de l’avis de tous ceux qui l’approchent, il paraît bien décidé à se représenter. Il est d’ailleurs le seul à gauche à pouvoir le faire, il a tué tous ses adversaires les uns après les autres. Dans ces conditions, sans atouts, sans bilans, sans beaucoup d’amis sincères, le seul moyen qui lui reste pour regagner ses chances c’est d’être confronté à une droite faible et divisée. C’est possible, la droite a ce talent de tout faire pour permettre à François Hollande d’être réélu. 

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