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TVA sociale : la bonne idée qui n’en était (vraiment) pas une
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Zone franche

Les entreprises dont la seule ambition est une baisse de leurs cotisations sociales pour mieux vendre des T-shirts aux Chinois n’ont peut-être plus d’ambition du tout.

Hugues Serraf

Hugues Serraf

Hugues Serraf est écrivain et journaliste. Son dernier roman : La vie, au fond, Intervalles, 2022

 

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Je l’aimais bien, au début, cette histoire de TVA sociale… Mais comme disait l’autre, j’ai changé.

OK, le raisonnement a l’air assez imparable à première vue : une grosse partie du coût d’un produit, ce sont les charges assises sur les salaires ― charges que ne paient pas ces crapules d’importateurs chinois de T-shirts. Réduisez les cotisations des employeurs gaulois, transférez le manque à gagner des organismes sociaux sur la TVA, et vous ramenez mécaniquement un peu d’égalité entre T-shirts chinois et T-shirts tricolores chez Décathlon…

Formidable.

Dès qu’on gratte un peu, pour autant, on commence à déchanter. D’abord, des T-shirts, il y a belle lurette que les Français n’en fabriquent plus. Et au-delà des TGV et des centrales nucléaires, les produits sur lesquels nos entreprises sont effectivement en concurrence frontale avec les boîtes chinoises sont assez peu nombreux. Bon, on peut toujours se remettre à en faire, des "marcels", mais si c’est vraiment la seule perspective que ça ouvre à un pays censément moderne et sophistiqué, non merci ! Quant aux centrales nucléaires et aux TGV, le panier de la ménagère n’en est pas exactement farci…

Bref, si les cotisations des entreprises baissent uniquement pour leur fournir un avantage comparatif inutile ― pour ne pas dire toxique si leur seule aspiration est de descendre en gamme ― et que le pouvoir d’achat des Français est écorné par une nouvelle hausse de la fiscalité quand la consommation est à peu près le dernier rempart contre une récession terminale, on entrevoit plus l’embouchure d’un nouveau du tunnel que la fin du précédent.

Et puis, franchement, les baisses de charges corrélées à de vagues promesses de baisses de prix ou de recrutements, on commence à s’en lasser. Tiens, j’ai même entendu un restaurateur hier matin sur France Inter expliquer qu’il allait réviser tous ses prix à la hausse suite au passage de 5,5% à 7% du taux réduit, frappé d’amnésie qu’il était  sur son gros cadeau de 2009 !

De fait, la critique la plus aboutie de cette fausse bonne idée ne vient pas du PS, qui est contre par principe et n’a pas grand chose à suggérer comme alternative, serait plutôt celle d’Alain Madelin (antilibéraux réflexifs, signez-vous !) que désole une nouvelle ponction fiscale sans impact positif ­et tout juste bonne à accélérer la smicardisation de la société française.

Si leur ambition est encore de s’en tirer par le haut ― German style ― les entreprises françaises n’ont ni besoin d’une monnaie de singe dévaluable à la demande, ni de nouvelles réductions de leurs coûts salariaux : un peu plus d’intelligence et de sens de l’innovation leur feraient un bien meilleur viatique. Mais ça, c’est le genre de truc qui est rarement fourni clé en main par un chef d’État, fut-il "normal" ou "omni".

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