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La Grande-Bretagne, laboratoire du souverainisme ?
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Zone franche

Le « splendide isolement » et le chacun pour soi, c'est déjà naze chez les voisins, ça le serait tout autant chez nous.

Hugues Serraf

Hugues Serraf

Hugues Serraf est écrivain et journaliste. Son dernier roman : La vie, au fond, Intervalles, 2022

 

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On devrait s’intéresser davantage à la Grande-Bretagne, ces jours-ci. Comme laboratoire du « souverainisme », la grosse idée du moment, on peut difficilement faire mieux…

Bien sûr, la Grèce nous avait déjà montré ce qui arrive à un pays dont les dépenses sont à ce point supérieures aux recettes des années durant qu’il finit par sombrer, mais les paramètres sont trop différents pour provoquer une vraie identification : une petite nation aux marges de l’Europe, sans industrie ni prétention à influencer la marche de l'univers… Autant se prendre pour des Lituaniens ou des Bulgares.

Ça viendra peut-être mais on n’en est pas encore là. Et puis même le PS veut réduire les dépenses, désormais.

Dans un autre registre, la Grande-Bretagne est le clone parfait. Même nombre d’habitants, même surface économique, même certitude un peu grotesque d’être restée le phare du monde civilisé… Et surtout, l’application méthodique de toutes les recettes du « go it alone » qui semble tant séduire les Français.

Une monnaie bien à soi, une banque centrale libre de faire ronronner la planche à billets à la demande, des frontières hors-Schengen et, depuis ce weekend, un statut de cousin au troisième degré dans la grande famille européenne… Tout y est. Est-ce que ça fait envie ? A l’époque du blairisme triomphant, lorsque nos jeunes diplômés traversaient la Manche histoire de voir à quoi ressemblait un pays sans chômage ni neurasthénie chronique, certainement. Mais maintenant ?

Ok, les agences de notation font encore semblant de ne pas avoir remarqué qu’une puissance décatie du nord de l’Europe n’avait plus aucun ami véritable nulle part, entre des États-Unis indifférents et une Union européenne agacée. Mais à force de dégrader tous azimuts, elles finiront bien par tester le poids de la livre… Tiens, la dernière fois que quelqu’un a joué à ça, c’était en 92, et le Trésor britannique avait dû engloutir 27 milliards de réserves juste pour l’empêcher de couler à pic, son sterling…

Chez les Lib-Dem et au Labour, on commence d’ailleurs à trouver que le splendide isolement, ça va cinq minutes. Mais ni les premiers, junior partners dans une coalition majoritairement europhobe, ni les seconds, cantonnés au ministère de la parole à la manière de leurs camarades de la rue de Solferino, n’ont les moyens d’empêcher la stratégie du pire.

Bon, moi, je les aime bien, les voisins du dessus. Je ne leur souhaite aucun mal. N’empêche, si cette expérience souverainiste partie pour foirer dans les grandes largeurs pouvait nous servir de repoussoir, ça nous éviterait de devenir nous même le prochain cas d'école. Le souverainisme, laissons-ça à nos amis monarchistes.

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