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La Grèce met en lumière la stratégie hollandaise de l’échec.
La Grèce met en lumière la stratégie hollandaise de l’échec.
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Editorial

Difficile de seriner la Grèce quand on est incapable de mettre en place les réformes nécessaires au respect du déficit européen dans son propre pays ; c'est pourtant l'exercice auquel se livre François Hollande depuis le début de la crise, au grand désespoir d'Angela Merkel.

Michel Garibal

Michel Garibal

Michel Garibal , journaliste, a fait une grande partie de sa carrière à la radio, sur France Inter, et dans la presse écrite, aux Échos et au Figaro Magazine.

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Le referendum grec va-t-il précipiter le pays dans le chaos ? C’est le pronostic formulé par The Economist. Pour le célèbre hebdomadaire britannique, c’est le détonateur qui va générer une crise de première grandeur sur le vieux continent. Le résultat des urnes importe peu. Même si le pays reste dans  l’euro, la face de l’Union européenne aura été changée pour toujours. Un jugement sans appel qui ne surprend pas totalement compte tenu des réserves que le Royaume-Uni a toujours manifesté à l’égard de la construction européenne, mais qui reflète un sentiment largement partagé dans le monde de l’économie, comme en témoignent les  soubresauts des marchés financiers au cours des dernières semaines. 

Le vieil adage selon lequel une petite dette met le débiteur aux abois, alors qu’un endettement massif empêche le créancier de dormir joue à plein. Le gouvernement grec utilise la seule arme dont il dispose, celle des faibles, qui accuse ses prêteurs de l’avoir asphyxié. Il entend garder les mains libres sur sa gestion, conserver une totale autonomie tout en attendant de la communauté internationale qu’elle continue de régler ses factures. Avec un mépris total pour les règles en vigueur dans les relations qui devraient être les siennes vis-à-vis de ses partenaires.

Face aux pantalonnades des dirigeants grecs, aux voltes-faces successives auxquelles ils se prêtent, à l’arrogance qui est la leur, comme s’il s’agissait d’une classe d’adolescents turbulents, on cherche en vain l’autorité qui leur signifierait que la récréation est finie et qu’il convient de regarder la réalité en face et de se remettre au travail. Le spectacle offert par la communauté internationale est désolant. Le Fonds monétaire international continue de raisonner en comptable et d’annoncer la nécessité de prévoir un financement d’une cinquantaine de milliards d’euros supplémentaires d’ici 2018. La Commission européenne est tiraillée entre les plus petits de ses membres, qui viennent de déployer des efforts considérables pour surmonter la crise et qui acceptent de plus en  plus mal le laxisme grec, alors que les leaders européens sont incapables de définir une stratégie. Pour l’instant, seule la Banque centrale européenne tient la situation en mains, en continuant d’assurer au jour le jour les besoins quotidiens du pays, mais elle ne peut prétendre jouer le rôle du pompier, auquel elle n’est pas préparée alors que l’incendie menace de toutes parts.

Dans ce contexte angoissant, on attend en vain les initiatives qui permettraient d’entrevoir une issue à la crise. Inutile désormais de se tourner vers le tandem franco-allemand qui n’existe plus que de nom. Angela Merkel déplore le laxisme dont fait preuve la Commission de Bruxelles sur les dérapages budgétaires de ses membres, en particulier vis-à-vis de la France qu’elle ne morigène même plus sur la lenteur avec laquelle elle envisage de se réformer. Elle est exaspérée par le comportement de François Hollande et avoue ne rien comprendre à sa dialectique. Il prévoit de réaliser cinquante milliards d’économies dans les dépenses publiques d’ici 2017, alors que la dette du pays vient de bondir de 51,6 milliards au premier trimestre. Dans le dossier grec, il a toujours manifesté une attitude ambiguë : il réclame sans cesse la poursuite d’un plan d’aide européen, tandis qu’Athènes devrait respecter ses engagements pour redresser ses comptes. En clair, elle lui reproche ce que certains appellent "une diplomatie de la coulisse", qui est la marque des faibles, et qui débouche sur une stratégie de l’échec, car François Hollande sait qu’aux yeux de certains de ses partenaires, la France ne se distingue pas fondamentalement de la Grèce dans la mesure où elle est incapable de mettre en œuvre les réformes  indispensables à son redressement et de montrer le bon exemple.                                          

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