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Etat Islamique : pourquoi nos vieilles démocraties ont tant de mal à admettre que la France est en guerre
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Bonnes feuilles

La France est en guerre. Face au terrorisme, nous devons entrer dans une ère nouvelle. Il est urgent de comprendre comment nous nous sommes retrouvés dans cette situation et il est impératif de ne plus transiger. 2015 sera une année décisive pour l'avenir de notre pays. Extrait de "Le sursaut ou le chaos", de Thibault de Montbrial, éditions Plon (1/2).

Thibault de Montbrial

Thibault de Montbrial est Avocat au Barreau de Paris, Président du Centre de Réflexion sur la Sécurité Intérieure.

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La France est en guerre, et cette guerre s’inscrit dans un contexte international très fortement dégradé. La comparaison de la carte du monde entre 2011 et aujourd’hui est sans appel : notre époque est marquée par une impressionnante poussée de l’islam radical sunnite. Il existe désormais une ceinture verte, qui s’étend du Pakistan jusqu’à l’ouest de l’Afrique, et qui progresse de semaine en semaine. Certes, il n’y a pas d’homogénéité dans cette poussée ; certains groupes sont en concurrence les uns avec les autres, d’autres ont une implantation très localisée, et la lutte est sans merci entre sunnites et chiites. Il n’empêche : en ce début 2015, l’islam radical sunnite est engagé dans une véritable guerre de conquête ; l’Occident en général et la France en particulier sont désignés comme ennemis sans aucune ambiguïté à longueur de vidéos sur Internet.

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Pourtant, nos vieilles démocraties ont du mal à admettre, non seulement cette réalité, mais encore l’ensemble de ses conséquences.

Il est vrai que les règles géopolitiques auxquelles nous étions habitués depuis plusieurs siècles (conflits entre États, armées en uniformes) avaient déjà été bousculées par les combats de guérilla de la décolonisation. Mais les guerres asymétriques de partisans harcelant les armées régulières n’ont jamais dépassé une dimension régionale, sinon locale. L’enjeu était identifié : expulser la puissance « occupante », certes avec l’aide en sous-main des ennemis de ladite puissance, mais sans que jamais le conflit déborde de ces frontières étroites. Et sans qu’il se rapproche concrètement de nos contrées protégées.

Aujourd’hui, nous glissons chaque jour un peu plus dans une guerre qui nous est menée par des ennemis rassemblés non pas autour des intérêts d’un pays, mais pour la conquête d’une idéologie, religieuse en l’occurrence, et ce sans s’asseoir sur la puissance d’un État officiel.

Deux califats autoproclamés (l’État islamique – Daech –, par Abou Bakr Al-Baghdadi au nord de l’Irak le 29 juin 2014, et Boko Haram par Abubakar Shekau le 24 août 2014 au nord du Nigeria) se sont chacun lancés dans une offensive marquée par les atrocités les plus monstrueuses. Les chrétiens sont martyrisés, les populations asservies, les ressources économiques pillées, les États déstabilisés.

Prélude à une terrible coordination entre deux organisations riches et puissantes, le ralliement de Boko Haram à l’État islamique, annoncé le 7 mars 2015, ouvre de bien sombres perspectives. Dans leur sillage, tantôt s’opposant et tantôt s’alliant, des groupes comme Al-Qaïda et ses filiales (Al-Qaïda pour la péninsule Arabique, Al-Qaïda Maghreb islamique, d’autres encore), ou encore les shebabs somaliens.

Le programme, d’une grande simplicité, est annoncé en vidéo : imposer une charia (la loi islamique qui organise aussi bien les aspects publics et privés de la vie d’un musulman, que les interactions sociétales) radicale.

Bien loin du temps des armées régulières composées de citoyens, les combats sont menés par un regroupement hétéroclite formé aussi bien d’anciens militaires (ex-réguliers irakiens, parfois formés à West Point1) que de jeunes Européens convertis issus de la moyenne bourgeoisie catholique française ou belge.

De Mossoul (Irak) à Paris, de Kobané (frontière turquo-syrienne) à Copenhague, de Dikwa (frontière camerouno-nigériane) à Bruxelles ou Tunis, cette guerre menée en partie par des soldats sans uniforme voit les fronts se multiplier.

Inimaginable à Noël 2014, c’est-à-dire trois mois à peine avant le jour où sont écrites ces lignes, la circulation maritime est aujourd’hui menacée en Méditerranée par les succès galopants de l’État islamique en Libye.

« Vous nous avez vus sur les collines syriennes, maintenant nous sommes au sud de Rome », déclame un djihadiste de l’État islamique dans une vidéo tournée le 16 février 2015 sur une plage libyenne et qui montre la décapitation de 21 chrétiens coptes.

La référence à Rome, l’égorgement des chrétiens… pour qui le message n’est-il pas encore assez clair ?

Extrait de "Le sursaut ou le chaos", de Thibault de Montbrial, éditions Plon, 2015. Pour acheter ce livre, cliquez ici.

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