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Déficit : supprimons les niches fiscales de mon voisin de palier !
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Zone franche

Tous les passe-droits fiscaux sont condamnables sauf les miens. Quel gouvernement aura enfin le courage d’en tirer les conséquences ?

Hugues Serraf

Hugues Serraf

Hugues Serraf est écrivain et journaliste. Son dernier roman : La vie, au fond, Intervalles, 2022

 

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Les 486 niches fiscales officiellement recensées représentent, dit-on, un manque à gagner annuel pour l’État de 73 milliards d’euros ― soit la moitié du déficit budgétaire enregistré l’an dernier (148 milliards). Qu’on s’avise seulement de les supprimer et les agences de notation devront inventer le quintuple A à notre seul usage !

Cinq A : c’est vrai que ça fait rêver. La France rejoindrait alors l’andouillette au nirvana alphabétique, ce qui ne serait qu’un juste retour des choses maintenant que le repas gastronomique hexagonal est inscrit au patrimoine de l’humanité

Hum, le problème avec la suppression radicale de niches aussi nombreuses, c’est qu’elle risque de mettre en colère un fameux paquet de gens. 486 catégories de Français au bas mot, pour ne rien dire de ceux d’entre nous qui bénéficient de deux ou plus de ces petites gâteries fiscales et seraient encore plus en rogne.

Les niches fiscales ? Une biosphère budgétaire...

Tiens, moi qui vous parle, je déduis chaque année 7 650 euros de mon revenu imposable au prétexte que les journalistes ont la capacité de faire plier n’importe quelle majorité à coup de plume sergent-major. Et l’an dernier, en changeant les fenêtres de mon appartement, mon discount supplémentaire a littéralement explosé celui que j’avais obtenu sur ma déclaration précédente en remplaçant ma chaudière…

L’an prochain, je m’achèterai peut-être une œuvre d’art ou deux. Ou un yacht dans les DOM-TOM. Ou des parts dans une SCI en loi Robien. Ou de l’assurance-vie… Je ne sais pas. J’hésite encore. 486 niches, c’est un peu comme le rayon céréales chez Auchan : on voudrait pouvoir tout emporter.

« Attention, s’exclameront les experts en optimisation fiscale, la gestion des ressources du pays, c’est un peu comme la biosphère. On retire un petit bidule anodin ici ou là, genre le taux de TVA réduit sur les tickets d’entrée chez Astérix, et c’est toute une écologie qui se casse la figure. Il y a les niches passives, les niches actives, les niches sociales, les crédits d’impôt, les abattements spéciaux… Bref, tout un tas de machins qui, s’ils ne servent pas à grand chose, mettent du baume au cœur de suffisamment d’électeurs pour qu’on ne remue pas trop le bateau à l’approche d’une présidentielle particulièrement disputée… »

Dont acte. Les niches fiscales, il faudrait les supprimer, tout le monde est d’accord à l’exception de tous les autres. On pourrait évidemment ne supprimer que celles qui ne rapportent vraiment rien à la collectivité, comme celles qui ne profitent qu’à mon voisin de palier et ma cousine Albertine, par exemple, et constituent un véritable scandale.

Courage politique

Ah, mais quel gouvernement aura le courage de s’y attaquer, à mon voisin de palier et à ma cousine Albertine, dont on connaît le légendaire pouvoir de nuisance ?!

Un gouvernement de droite ? Tu parles ! Mon voisin est chef d’entreprise et membre de l’UMP et c’est un risque qu’un Sarkozy ne voudra jamais courir… Un gouvernement de gauche ? Allons donc ! Ma cousine Albertine est responsable syndicale dans l’Éducation nationale et je vous garantis qu’elle ne laissera jamais passer une chose pareille !

Moi, en tout cas, je n’ai pas peur de le dire : celui qui décidera enfin de mettre un grand coup de pied dans la fourmilière aura ma voix. Mais autrement, je me demande si je ne vais pas me remettre à payer ma femme de ménage et mon jardinier au noir avec cette politique de Gribouille sur la fiscalité des emplois à domicile…

Tss, ce gouvernement, franchement, c’est n’importe quoi...

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