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Où est passée la politique 
énergétique européenne ?
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EDITORIAL

La catastrophe japonaise de Fukushima a remis en question les politiques nucléaires menées partout dans le monde. Si le débat divise en France, l'Allemagne, elle, a choisi d'arrêter définitivement ses centrales d'ici 10 ans. Un décision qui met cruellement en lumière, l’absence de politique énergétique en Europe.

Anita Hausser

Anita Hausser

Anita Hausser, journaliste, est éditorialiste à Atlantico, et offre à ses lecteurs un décryptage des coulisses de la politique française et internationale. Elle a notamment publié Sarkozy, itinéraire d'une ambition (Editions l'Archipel, 2003). Elle a également réalisé les documentaires Femme députée, un homme comme les autres ? (2014) et Bruno Le Maire, l'Affranchi (2015). 

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« Heureusement qu’elle ne l’a pas fait avant le G8 ! Angela Merkel nous avait alerté mais elle ne nous a pas prévenu du moment de sa décision d’annoncer la fermeture des centrales nucléaires allemandes  à l’horizon 2022 », explique un officiel français avec un soulagement tout relatif. Les questions énergétiques relevant de la souveraineté des États, l’Allemagne a fait le service minimum. Et l’annonce a cueilli le monde politique hexagonal à froid, provoquant un vif embarras, surtout à l’UMP.

A gauche, si les verts exultent, les socialistes ne sont pas moins embarrassés et leur réaction est tout en nuances. Au PS où pro et anti-nucléaires s’opposent traditionnellement, on affirme vouloir « sortir de la dépendance du nucléaire et du pétrole », et on renvoie à la « transformation des savoirs-faire et la construction d’une filière industrielle de l’énergie renouvelable ». De bonnes intentions et du flou, mais surtout une position d’attente à la veille de la campagne présidentielle pour laquelle PS et Verts devront s’entendre pour gagner.

Le ministre de l’Industrie Eric Besson est dans son rôle quand il affirme que la France ne modifiera pas ses projets de construction de centrale, car, grâce au nucléaire nous avons l’électricité la moins chère du monde. Cependant il a beau multiplier les déclarations sur le mode « Circulez, il n’y a rien à voir », le message passe mal car la catastrophe de Fukushima a bouleversé  la donne. Mais le déni permet de gagner du temps. C’est ce que tente de faire l’UMP.

Pour le moment, le parti majoritaire se voit surtout contraint de réajuster son  argumentaire habituel : difficile en effet d’invoquer dorénavant la quasi-gémellité franco-allemande pour  faire passer  les réformes impopulaires, l’aménagement de l’ISF (qui n’existe pas outre-Rhin) par exemple, et de fermer les yeux quand notre voisin fait des choix industriels en totale contradiction avec les nôtres. Pris de court, ses  responsables se contentent de noter que les énergies alternatives ne suffiront pas pour combler ce manque et que l’Allemagne sera contrainte de compenser en grande partie le déficit de courant produit par les centrales nucléaires par de l’électricité provenant de centrales thermiques fonctionnant au charbon ou au gaz ! Or qui dit centrale thermique, dit augmentation de l’effet de serre, autrement dit dégradation de la planète. Traduisez : avec  la mise en œuvre de cette décision, les Allemands ne seront pas en mesure de tenir leurs engagements pour réduire le réchauffement de la planète.

En fait la décision de la chancelière allemande met cruellement en lumière (sans mauvais jeu de mots), l’absence de politique énergétique en Europe. La situation est d’autant plus ubuesque que  les réseaux européens sont connectés entre eux, ce qui signifie que lorsque la production d’un pays baisse, la compensation est  facile : son réseau peut être alimenté par de l’électricité produite par ses voisins. La France achète de l’électricité à ses voisins  en cas de pics de grand froid ou de grande chaleur. Idem pour l’Allemagne. Pour l’heure, les politiques se réfugient derrière «  la décision politique » de la chancelière allemande, personnellement hostile à l’arrêt du nucléaire mais contrainte de prendre cette décision pour des raisons électorales. Ils se disent que 2022, c’est bien loin et que d’ici là les situations peuvent évoluer ! Dans quelle direction ? C’est toute la question : vers une réduction de la production d’électricité nucléaire, au profit d’énergies alternatives plus aléatoires ? La France pourra-t-elle tenir sa politique du tout nucléaire ? Difficile de le croire, en dépit des certitudes affichées en haut lieu. Sous la pression, Nicolas Sarkozy a déjà été contraint de lancer des audits des centrales et du coût de l’énergie nucléaire. En France, la filière représente 200 000 emplois.  Joli casse-tête pour la présidentielle française et pour l’Europe en général.

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