Pourquoi la réussite du gouvernement Valls tient à une décision de la BCE (qu'elle pourrait prendre dès cette semaine) <!-- --> | Atlantico.fr
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Mario Draghi, président de la BCE.
Mario Draghi, président de la BCE.
©Reuters

Chanceux malgré eux ?

Les gouverneurs des banques centrales se réunissent ce jeudi à Francfort pour discuter d'un éventuel plan de relance économique à l'américaine. De quoi intéresser le tout nouveau gouvernement français, qui pourrait voir sa tâche quelque peu facilitée.

Nicolas Goetzmann

Nicolas Goetzmann

 

Nicolas Goetzmann est journaliste économique senior chez Atlantico.

Il est l'auteur chez Atlantico Editions de l'ouvrage :

 

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L’avenir de Manuel Valls pourrait se jouer dès ce jeudi 3 avril à Francfort. C’est en effet aujourd’hui, dans un contexte macroéconomique alarmiste que la Banque centrale européenne va se réunir pour décider de mettre en place d’éventuelles mesures pour lutter contre la déflation qui menace la zone euro.

Car les dernières nouvelles sont inquiétantes. Alors que l’Espagne est officiellement entrée en situation de déflation ce mois, venant ainsi grossir les rangs formés par le Portugal ou la Grèce, les chiffres consolidés de l’inflation européenne sont tombés au niveau de 0.5%. La déflation pour tous est proche et la BCE ne va pas pouvoir rester sourde longtemps.

Dans un tel contexte, le nouveau gouvernement a tout à espérer d’une action de la BCE qui lui permettrait de récupérer des marges de manœuvre budgétaires et de voir surgir de bonnes nouvelles sur le front de l’emploi.

L’enjeu de la réunion des gouverneurs de ce jour repose principalement sur la mise en place d’un programme d’assouplissement quantitatif, c’est à dire un plan de relance économique à la mode américaine. Mais pour le moment, c’est la surdité de la BCE qui a pu s’exprimer. Notamment le mois dernier lorsque le nouveau membre de la Banque centrale européenne, l’allemande Sabine Lautenschläger, répondait aux questions du Wall Street Journal :

Le quotidien se posait alors la question de l’inaction de l’institution monétaire européenne :

Sabine Lautenschläger : La bonne interprétation est que nous agirons si nécessaire. Il n’y avait pas, en ce moment, de véritable raison d’intervenir. Le scénario de référence du Conseil des gouverneurs a été largement confirmé la semaine dernière. Les données dont nous disposons contiennent quelques signaux positifs, du point de vue économique, par exemple, avec une reprise modeste de l’activité mais aussi dans le domaine financier avec l’amélioration des conditions de financement des banques. De plus, les anticipations d’inflation à moyen terme restent solidement ancrées.

Malheureusement, les anticipations d’inflation « solidement ancrées » sont ressorties à 0.5%, soit une baisse 0.2 point en un seul mois. Certains observateurs avaient également noté l’incroyable réponse, « pas de véritable raison d’intervenir », et ce alors même que le taux de chômage s’affiche encore au taux de 12% en zone euro.

Mais au cours  de la même interview, Lautenschälger ouvrait une voie d’eau en dévoilant les moyens d’actions disponibles en cas de déflation :

Sabine Lautenschläger: Oui, nous pouvons encore agir. Un taux des dépôts négatif est possible, par exemple. Cela dépendra des facteurs sous-jacents que nous observons. Nous disposons de plusieurs instruments. Nous pouvons, notamment, interrompre la stérilisation du Programme pour les marchés de titres ou procéder à une opération de refinancement à plus long terme davantage ciblée. Le cadre de garanties offre également des possibilités.

Pour la première fois, dans la mention « interrompre la stérilisation » Sabine Lautenschläger indique que la BCE réfléchit à un plan de création monétaire, sur le modèle développé au cours des dernières années aux Etats-Unis. En effet, les dernières interventions de la BCE sur le marché de la dette ne se sont jamais traduites par des opérations de créations monétaires, justement en raison de la stérilisation, ou neutralisation, mentionnée par le membre de la BCE

Quelques semaines plus tard, Jens Weidmann, Président de la très stricte Bundesbank confirmait ces propos en répondant à l’agence MNI : « Cela ne signifie pas qu’un programme d’assouplissement quantitatif soit hors de question ». Cette fois, la question est véritablement posée, et ce de façon inédite depuis la création de l’euro.

Un programme d’assouplissement quantitatif correspond à un plan de relance de la demande intérieure européenne. En intervenant de la sorte, et au regard des expériences récentes de telles actions aux Etats-Unis, au Japon ou encore au Royaume Uni, le BCE viendrait enfin contribuer efficacement à la croissance et à l’emploi.

Car si la BCE agit, ce qui permettra de soutenir la croissance et l’emploi, le Premier ministre aura l’occasion de se dégager des marges de manœuvre bien plus importantes que celles qui ont été offertes à son prédécesseur. Dans le tempo, Manuel Valls bénéficierait alors d’une incroyable « chance politique ». A l’inverse, si c’est l’inaction qui prévaut au sein du conseil des gouverneurs, aujourd’hui comme dans les prochains mois, le nouveau chef de gouvernement pourra se préparer un avenir digne de celui de Jean Marc Ayrault. Les mêmes causes entrainant les mêmes effets.

Reste au nouveau gouvernement de se concentrer sur la conférence de presse de Mario Draghi, ce jour à 14h30, pour se faire une idée d’un possible avenir économique européen. Une éventualité qui ne doit pas faire oublier les nécessaires réformes de l’offre dont le pays a besoin.

Pour lire le Hors-Série Atlantico, c'est ici : "France, encéphalogramme plat : Chronique d'une débâcle économique et politique"

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