Déficit français : merci l'Europe ! Si la BCE respectait l'objectif d'inflation inscrit dans les traités européens, la France aurait pu tenir ses objectifs budgétaires<!-- --> | Atlantico.fr
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Le lundi 31 mars, l’INSEE publiait les chiffres de déficit français, 4.3% au lieu des 4.1% prévus par le gouvernement.
Le lundi 31 mars, l’INSEE publiait les chiffres de déficit français, 4.3% au lieu des 4.1% prévus par le gouvernement.
©Reuters

Faites ce que je dis, pas ce que je fais

Alors que la France s’illustre une nouvelle fois par son incapacité à faire la moindre économie nécessaire au rétablissement des comptes publics, les critiquent pleuvent. Mais à Francfort, la Banque centrale européenne n’est pas exempte de critiques sur cette même question.

Nicolas Goetzmann

Nicolas Goetzmann

 

Nicolas Goetzmann est journaliste économique senior chez Atlantico.

Il est l'auteur chez Atlantico Editions de l'ouvrage :

 

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Au Lendemain des élections municipales, le lundi 31 mars, l’INSEE publiait les chiffres de déficit français, 4.3% au lieu des 4.1% prévus par le gouvernement. La nouvelle fut noyée dans la défaite. Mais de nombreux responsables européens ont pu faire entendre leur voix, comme le relate le journal Les Echos:

Le commissaire européen aux affaires économiques et monétaires, le Finlandais Olli Rehn ouvrait le bal :

Il est  "essentiel que le pays (La France) agisse de manière décisive pour assurer la soutenabilité de ses finances publiques à long terme"

Wolfgang Schäuble, le très influent ministre des finances allemand poursuit :

Je vais me référer à ce qu'Olli Rehn, le membre de la Commission compétent a déjà dit : la France connaît ses obligations, et elle sait qu'elle a déjà obtenu deux prolongations de délai"

Puis pour finir, le président de la Bundesbank, Jens Weidmann :

"Les règles budgétaires que nous avons mises en place en réaction à la crise forment aujourd'hui un ensemble de règles très complexes…()…qui est central pour le fonctionnement et la stabilité de l'Union"

Malheureusement pour eux, il aurait peut-être été préférable de se taire sur ces points. Car s’il est avéré que la France n’a pas respecté ses engagements en manquant de tenir son budget à 4.1% du PIB, et ce, en raison de la réelle incapacité du gouvernement à réaliser toute économie, il existe une faille béante dans la rhétorique.

Car la France n’est pas la seule à ne pas respecter les règles. La Banque centrale européenne, de son côté, est aujourd’hui totalement en dehors des objectifs qu’elle s’est elle-même fixée. Alors que la doctrine de la BCE est de « stabiliser » les prix à un niveau de 2% ou proche de 2%, les chiffres publiés le 31 mars font état d’une inflation à 0.5% en zone euro, soit le quart de ce qui est prévu. Factuellement, la BCE est en faute.

Cette situation pourrait relever de l’anecdote si les deux « affaires » n’étaient pas liées. En effet, si la BCE avait rempli son rôle en permettant à l’inflation et donc à la croissance de progresser de façon plus soutenue, le budget de la France aurait été tenu. En effet, inflation et croissance sont les deux faces de la même pièce, une pièce qui s’appelle la demande : pas d’inflation, pas de croissance.

Dans le cas d’espèce, et en retenant l’hypothèse d’une BCE qui aurait rempli son rôle en tenant le niveau d’inflation à 2%, et après révisions de la progression du PIB, de l’impact sur les recettes fiscales, mais aussi sur les dépenses, le déficit de la France aurait été inférieur aux prévisions de 4.1% sur PIB. Et ce sans même comptabiliser les impacts indirects d’une plus forte croissance en France sur le niveau des prestations sociales par exemple.

Manuel Valls, et son nouveau ministre de l’économie, Arnaud Montebourg disposent ici d’un argument difficilement contestable. Si la BCE respectait son mandat, au lieu de se réfugier derrière son indépendance pour justifier son manquement, la France aurait été plus à même de respecter le sien.

En critiquant ouvertement le contexte budgétaire français, Olli Rehn, Wolfgang Schäuble, et Jens Weidmann n’ont fait qu’ouvrir la voie à une virulente réponse contre le manquement de la Banque centrale européenne. La prise serait d’autant plus facile en raison de la montée en puissance des « euro critiques » ou autres « euro exigeants » au sein du nouveau gouvernement. Notamment lorsqu’Arnaud Montebourg déclarait en février dernier  "Euro-critique, ça veut dire que nous, on pense que l'Europe ne fait pas son boulot dans un certain nombre de domaines".

Pour lire le Hors-Série Atlantico, c'est ici : "France, encéphalogramme plat : Chronique d'une débâcle économique et politique"

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