Vous cherchez la croissance ? Ces 200 milliards d'achats publics dont il faudrait faire profiter les petites entreprises <!-- --> | Atlantico.fr
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"Les PME françaises sont abattues en plein vol, victimes de mauvais payeurs".
"Les PME françaises sont abattues en plein vol, victimes de mauvais payeurs".
©http://pixabay.com

Les entrepreneurs parlent aux Français

Ces 200 milliards, collectés par le versement de nos impôts, servent à acheter des prestations à des dizaines de milliers d’entreprises en France, mais seulement aux plus grandes d'entre elles. Ce qui fait grand tort à la croissance de notre pays.

Denis Jacquet

Denis Jacquet

Denis Jacquet est fondateur du Day One Movement. Il a publié Covid: le début de la peur, la fin d'une démocratie aux éditions Eyrolles.  

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Une mine a ciel ouvert donne bonne mine à une PME. Petites, fragiles, au bord du gouffre en permanence, flirtant sans cesse entre un découvert bancaire incertain et un donneur d’ordre mauvais payeur, elles sont 60 000 à avoir rejoint le cimetière des éléphanteaux, le tribunal de commerce, poussées dans cette tombe par l’URSSAF dans les 2/3 des cas.

Paradoxalement, même en pleine croissance, les PME sont abattues en plein vol, victimes de mauvais payeurs, un mal endémique en France, qui les paient en moyenne à 73 jours, ce qui nous assure de figurer au palmarès de la transformation des petits en banquiers des grands. Les délais de paiement sont une lèpre économique qui transforme de beaux visages de créateurs, en une horreur humaine, tellement insupportable aux yeux de tous, qu’on préfère les faire disparaître. Une injure à l’ambition. Une tombe pour la croissance.

Mais avant même de se poser la question du paiement, encore faut-il exister et vendre. Et là, les choses sont tout aussi périlleuses. Pénétrer les services achat d’un grand groupe relève du commando parachutiste, d’une opération réservée aux surentraînés, à l’assaut d’une forteresse souvent barbare. Barbare car les conditions d’entrées sont proches de celles qu’on réserve aujourd’hui à un migrant en Europe. Prix massacrés, clauses juridiques proches de la torture et en ultime récompense, un paiement toujours espéré, qui n’arrive jamais.

Il existe pourtant un moyen de changer cela. De transformer nos sympathiques nains économiques, les TPE, les PME, en Schwarzenegger de la gonflette entrepreneuriale et du bras musclé de la nation. Et ce moyen qui pèse 200 milliards porte le doux nom d’achats publics.

Ces 200 milliards, collectés par le versement de nos impôts, servent à acheter des prestations à des dizaines de milliers d’entreprises en France. Principalement pour les beaux contrats des grandes entreprises. Des systèmes aussi vastes préfèrent l’achat au gros que la discussion avec le petit. Etat, collectivités, agences hôpitaux pensent gros, car entre obèses on se comprend mieux et on peut plus facilement partager le "gras". Alors que cette machine pourrait créer un gisement sans précédent, de champions, parmi les TPE/PME. Imaginez qu’un sol aride voit se déverser, sur sa surface à vif, 200 milliards de mètre cube d’eau et de fertilisant ! Vous transformez le désert en oasis. C’est l’enjeu de notre pays, faire d’une tare une vertu, de la lourdeur de l’état, la souplesse de l’athlète PME.

Il manque peu de choses pour y arriver :

- Enlever au ministère du Budget la tutelle et le contrôle, même partiel, de cet achat.

- Former, rassurer et accompagner les acheteurs publics qui y sont tout à fait disposés.

- Simplifier les procédures et les dématérialiser.

- Avoir et démontrer une volonté politique claire, centrée sur la PME innovante française, qui créé de la richesse en France.

Le ministère du Budget pourquoi ? L’explication est simple. Vous êtes une société innovante qui fait des ampoules LED, innovantes, françaises, qui offre une ampoule qui dure plus de 10 ans. Vous allez voir un hôpital et lui proposez de l’acheter car sur cette période vous allez économiser des centaines d’euros. Faites un petit calcul sur le nombre d’hôpitaux et d’ampoules et nous parlons en dizaines de millions d’euros. Une goutte qui s’ajoute au goutte à goutte potentiel des économies. Notre instinct logique nous dirait qu’il faut l’acheter. L’économie française y gagnerait une entreprise innovante en croissance, leader sur son marché, des emplois et des impôts. Le budget lui dit à l’hôpital "baissez-moi le coût des achats". Et l’hôpital achète… Une ampoule normale, moins chère, qu’il faudra changer tous les 2 ou 3 mois. CQFD. L’ampoule nous coûte un leader national, puis mondial. Les centimes économisés nous coûtent des millions. Brillant. Si je puis me permettre le mauvais jeu de mots.

Le reste est une affaire de culture, de formation, afin que le milliers d’acheteurs publics soient mieux formés, encadrés mais aussi rassuré sur leur "droit" à choisir une entreprise, petite, parfois sans encore un bilan et leur fait peur du fait de sa fragilité. Mais le fragile d’un jour deviendra potentiellement le champion de demain. La frontière qui le sépare de cet état proche du nirvana ? L’achat public. Orienter ces 200 milliards d’achats publics vers les PME, ne serait-ce qu’à 10% permettrait d’injecter 20 milliards dans les dieux économiques de demain. C’est essentiellement une question de volonté. Rien de plus. L’envie de faire réussir nos entreprises. Les plus faibles. Un peu de ces hormones de croissance qui en feront les ETI dont nos politiques se gargarisent sans savoir utiliser cette manne qu’ils contrôlent pourtant quand ils sont au pouvoir. Le comble est que ces sociétés innovantes, en bénéficiant de la commande publique pour doper leur croissance, ferait économiser des milliards à l’Etat. Dépenser pour gagner. Cela devrait séduire tout gouvernement qui se respecte, et nous respecte ? Eh bien non. Trop facile.

Enorme cerise sur le gâteau, la centrale d’achat de l’Etat (UGAP) paie à 30 jours. Aucun donneur d’ordre privé n’offre ce niveau de confort. Une pratique qui pourrait être naturelle mais ne l’est pas. L’achat public est le produit dopant, un gisement à ciel ouvert qui s’ignore. Et qui ignore le moyen de donner vie à un pays riche et en croissance, qui pourrait surfer sur ces sommes titanesques pour transformer, enfin, nos impôts en emplois. Chiche ?

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