Université d’été du Medef : laissez Macron mettre les mots sur les maux<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Economie
Université d’été du Medef : laissez Macron mettre les mots sur les maux
©

Les entrepreneurs parlent aux Français

Le ministre de l'Economie Emmanuel Macron était invité à Jouy-en-Josas, sur le campus d’HEC, à l’occasion de l’université d’été du Medef. Il a précisé que penser que "la France pourrait aller mieux, en travaillant moins, c’était des fausses idées", s'attirant les foudres de la gauche du Parti Socialiste.

Denis Jacquet

Denis Jacquet

Denis Jacquet est fondateur du Day One Movement. Il a publié Covid: le début de la peur, la fin d'une démocratie aux éditions Eyrolles.  

Voir la bio »

Il y a la vieille politique et celle du renouveau. Emmanuel Macron a choisi son camp. Il ira cheminer sur les sentiers de la fraîcheur, du pragmatisme, du parler-vrai et évitera manifestement tout ce qui sent le renfermé, le sapin et les odeurs de vieille garde. Les grognards du PS ont marché longtemps dans des chaussures désormais usées, jusqu’à la corde. Ils marchaient dans les pas de leurs pères, enchaînant les impairs, du pas assuré de l’inconscient qui court vers le gouffre. Inconscient du changement de la société, de leur électorat, des attentes des français, sur lesquelles ils aiment, comme la plupart des politiques, conjecturer, alors que les français les dépassent par leur dynamisme et leur esprit de réforme (contrarié) et les détestent, au point de préférer Drucker les dimanches d’élection.

Les entrepreneurs, sont souvent plutôt centre-droit, car ils savent la valeur de l’humain et sondent et suivent, chaque jour, auprès de leurs salariés le pouls d’une France malade de sa classe gouvernante, alors qu’entre eux ils trouvent les solutions. Sans intermédiaires. Quand on le leur permet. Les entrepreneurs n’ont rien contre la gauche, sauf quand elle l’est. Gauche. Ce que les entrepreneurs ne comprennent pas quand ils écoutent les "flibustiers aux petites palmes" appelés les Frondeurs, c’est pourquoi il existe des inconscients pour prétendre qu’il faut faire du social, non parce que cela marche économiquement, mais parce que cela rapporte électoralement.

Un entrepreneur ne le comprend pas pour 2 raisons.

La première est simple, c’est du bon sens. Pourquoi continuer à se faire le chantre d’un discours pour une population qui ne vote plus et ne votera plus pour vous ? Les ouvriers sont volatiles, ils ont voté Sarko l’agité en 2007, Le Pen au premier tour en 2012 et pour "Sa Mollesse Hollande", uniquement par dépit, au second tour. Ils votent désormais massivement pour l’extrême droite. Le PS pour eux c’est terminé. S’acharner sur un électeur qui ne veut plus vous voir confine à la psychiatrie. Maniaco-obsessionnel le PS ?

La seconde c’est que les valeurs de gauche auxquelles ils font appel, ne résonnent plus chez qui que ce soit. Même le plus humble des français, le moins informé et le moins éduqué, loin des gesticulations pseudo-intellectuelles Parisiennes, a compris depuis un moment que les caisses étaient vides, que la dette et son service grignotent les dernières réserves encore disponibles et que les promesses de social sont des promesses d’ivrognes. Ils savent que ce sont les générations futures, qui trinqueront et auront la gueule de bois. Ils ne croient pas ces pitoyables comiques de quartier que sont les Frondeurs.

Dès lors ce que nous ne comprenons pas, c’est cette peur des mots, qui tenaille les dirigeants politiques de gauche, qui pourraient, en franchissant la frontière du pragmatisme, intéresser les entrepreneurs. Cette peur panique, qui leur impose des exercices d’acrobatie sémantique pour rattraper un coup déjà partit et que tout le monde a bien compris et accepté. Venant de Valls qui était l’homme de gauche le plus compatible à droite, ces "raccrochages aux branches" font vraiment peine à entendre.

Quel est le crime verbal commis par Macron sur le campus d’HEC ? Ce même campus, où 1 année plus tôt, Valls, certainement dopé par l’air pur de la campagne Josacienne, déclarait sa flamme pour les entreprises et la volonté de marquer le départ de la vielle gauche vers un retraite que leur phobie du travail après 60 ans devrait faciliter. Celle qui confond patronat et entrepreneuriat, compétitivité économique et cadeaux de classe à de gros fumeurs de cigares, obèses, qui gagneraient beaucoup, sans jamais travailler (définition officielle de Martinez de la CGT). Celle qui confond le travail et l’esclavage et croit au rapport de force entre le salarié et le dirigeant dans une société où 98% des entreprises ont moins de 250 salariés. Eh bien ce crime, c’est de citer des maux et de les décrire par le bon mot. On comprend que Valls voulait cadrer l’impudent, avant l’université d’été du PS, pour éviter de s’y faire lyncher pour les frondeurs et leur révolte en papier, mais quel dommage, à un moment où une France en panne de croissance et d’emploi, semble s’éveiller à des concepts qu’elle refoulait comme une frustration cachée, comme la conquête, l’entrepreneuriat, l’ascension sociale par le travail et le risque, et lâchons le mot, le gros mot plus exactement, le libéralisme.

Les français savent que seules les entreprises peuvent les sortir du puits dans lequel les politiques les ont enfermé. Pas n’importe quelles entreprises. Les PME. Les jeunes entrepreneurs. Ils savent que cette réussite est basée sur un contrat de confiance entre le salarié et son entreprise, une libéralisation de leur relation, une fluidité permettant de s’adapter au sens des marées, et une promesse de les intéresser à nouveau au travail, notamment en les intéressant plus fortement aux résultats. Bref, ils pensent que travailler est majoritairement un plaisir, un épanouissement et non une torture de chaque instant, ils pensent qu’on devrait les laisser travailler comme ils le souhaitent afin d’accroître leurs revenus et que les petites entreprises ont une capacité à les intéresser aux résultats.

Alors pourquoi tant de haine ? Laissez Emmanuel Macron parler. Cessons de vouloir en faire un Zorro en l’affublant du rôle de Bernardo. Quelle est cette hypocrisie qui demanderait de pousser un cri de changement en lui maintenant un bandeau sur la bouche ? Monsieur le Premier ministre, un peu de cohérence, pour une fois. Ne comptez plus sur les petits calculs politiques qui consistent à caresser dans le sens du poil une gauche de la gauche qui ne pèse rien, et des verts que les plus libéraux fuient par tous moyens non polluants, laissant le parti aux mains de trotskystes qui finiront par le couler. La seule présence de Sarkozy suffira à resserrer les rangs de la gauche sans qu’il y ait besoin pour cela de refuser à la France la libéralisation qui reste sa seule chance de rester en première division.

Les entrepreneurs seront là pour soutenir un mouvement de cette nature, sans tenir compte de la couleur du parti qui en aura le courage. Le courage se clame, il ne s’étouffe pas. Un cri se pousse, il ne s’étouffe pas. La lâcheté seule, étouffe. Les Français risquent de garder leur déclassement en travers de la gorge et ce jour là Monsieur le Premier ministre, les petits calculs se transformeront en grand succès pour le Front National.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !