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Selon The Economist, les entreprises européennes et de la zone euro sont en difficulté face à la concurrence internationale.
Selon The Economist, les entreprises européennes et de la zone euro sont en difficulté face à la concurrence internationale.
©Arne Dedert / dpa / AFP

Les entrepreneurs parlent aux Français

Plus une entreprise européenne, à part LVMH, n’apparaît au classement des meilleures et plus grandes entreprises mondiales.

Denis Jacquet

Denis Jacquet

Denis Jacquet est fondateur du Day One Movement. Il a publié Covid: le début de la peur, la fin d'une démocratie aux éditions Eyrolles.  

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Faire du « french-bashing » c’est facile. De « l’Europe-bashing », encore plus. Elle est en torale déroute, il n’y pas beaucoup à faire pour forcer le trait. C’est toujours plus facile de critiquer que de construire, aussi le « bashing » est souvent le terreau des paresseux. Malheureusement, quand la vérité est crue, indéniable, assourdissante, il faut simplement se poser 2 questions :

  • Pouvons-nous y faire quelque chose ?
  • Est-ce un mal pour un bien ?

Tout d’abord, il n’y a pas d’État sans entreprise, sans travail. L’État est au service (en théorie) du peuple et du pays, mais vit à ses dépens, des impôts perçus, de la valeur créée.

L’État peut ensuite être bien ou mal géré, considérer la réussite comme une honte et la taxer pour éviter de faire des jaloux chez un électorat maintenu dans la crasse de sa mauvaise gestion. Ou bien au contraire, être plus libéral et miser sur l’effet « percolatoire » de la richesse, afin qu’elle profite à tous avec plus ou moins de « justice » (dangereux ce mot !). Et puis il y a l’État stratège, autoritaire souvent, qui laisse le capitalisme offrir ses meilleurs bénéfices, sans remettre en cause la gestion « socialiste » de son gouvernement.

Et puis il y a les organisations supra-gouvernementales, qui ont souvent ajouté de la technocratie à la technocratie, des fonctionnaires aux fonctionnaires, de la lourdeur et de la norme à des pays déjà vieillissant et ankylosés, écrasant de sécurité ce qui réclamerait du risque et de l’innovation, par le privé. Le résultat c’est, par exemple, l’Europe.

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Mais au départ, il y a le travail, l’entreprise, petite ou grande, qui paie les charges, les salaires, les impôts avec la valeur qu’elle façonne chaque jour. C’est ainsi, qu’un continent qui compte parmi ses rangs les meilleures entreprises, assure une forme de prospérité à tous, et l’État a donc intérêt à favoriser le carburant qu’il l’alimente. Nous avons fait tout le contraire et le résultat est terrifiant.

The Economist, qui n’est pas un journal dangereusement complotiste ou doué d’une tendance fâcheuse au « bashing » sortait un magnifique (mais terrifiant) constat ce week-end, qui m’a fait mal et m’a rendu triste, tout en me félicitant d’avoir choisi les USA pour patrie quotidienne (pour le Covid et l’économie, surtout en Floride).

De quel constat parlons-nous ?

L’Europe comptait pour un tiers du « chiffre d’affaire » des entreprises mondiales en 2000. A l’arrivée du 21ème siècle, face à la puissance des USA et la montée de la Chine, l’Europe tenait encore entre ses mains un tiers des « revenus » des entreprises mondiales. Qu’en est-il aujourd’hui ? Au hit-parade des entreprises mondiales, à part LVMH de temps à autre, plus une entreprise Européenne n’apparaît au classement des meilleures et plus grandes entreprises.

Accenture et Deloitte annonçait déjà en 2013, lors d’un congrès auquel j’assistait à l’époque, qu’en 2030, aucun pays Européen, à part, peut-être l’Allemagne ne serait dans le classement des 5 premières, ni même des 10 puissances mondiales. Nous verrons dans 8 ans, mais la France a déjà reculé, la Chine avancé.

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Prenons maintenant le classement de la valorisation des entreprises mondiales. Nous avions en 2000, 41 sociétés Européennes, dans les 100 premières valorisations mondiales. A l’aube de 2022, il en reste 15. Et le compte descend et va continuer à descendre.

Bashing ? Non. De simples chiffres. Non contestables. Pas d’avis, d’opinion, d’évaluation. Les chiffres crus, tristement. The Economist, que je vous laisserai lire en anglais dans le texte, explique les raisons du naufrage, ou du moins, son explication de la catastrophe. Nous n’investissons plus. Nous ne sommes pas dans les bonnes industries. Pas de stratégie des Etats. Pas de volonté de faire des géants mondiaux à tous prix. Des dirigeants âgés, souvent pantouflards, qui obtiennent leur poste pour leur QI supposé, lui-même attribué à 1 ou 2 écoles, qui pourtant ne sont pas là pour former des chefs d’entreprises. (en France en tous cas).

Restent alors les 2 questions qui « tuent » :

Pouvons-nous y faire quelque chose ? En théorie, oui. En pratique, non. Tout le monde connaît le constat. Tout le monde lit les chiffres que je vous ai cités. Tout le monde réalise (ou non ?) l’ampleur du désastre, culturel, identitaire, économique, mais personne n’y fait rien. Les rats ne quittent pas le navire, ils le coulent, en espérant avoir fait leur temps, avant qu’il ne gise tout au fonds. Auparavant ils servaient l’État et désormais se servent de lui, pour leur seul intérêt. En clair, si ils devaient le faire, ce serait déjà fait.

Est-ce un mal pour un bien ? Je ne sais pas. On aimerait bien croire qu’une fois au fonds du trou, il ne reste plus qu’une seule voie : Vers le haut. Ou la stagnation. Mais le temps de la remontée, ou de la stagnation, est aussi celui du sacrifice du plus grand nombre. Un grand nombre qui s’était habitué à des Etats providence, capable de décrocher des milliards pourtant inexistant avant une crise sanitaire gérée de façon hystérique. Privé du matelas, de la chaussette, de la planche à billet, le citoyen Européen va éprouver le vertige de la chute libre et s’accrocher à tout ce qui ralentira sa chute, au prix de la vie de ses concitoyens, si nécessaire.

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L’Histoire de l’humanité nous a appris que le pouvoir et les lumières tournent, d’une ville, d’une région, d’un pays, d’un continent à un autre. Rien de neuf. Mais au bout de 6 siècle de domination occidentale, nous nous étions habitués à ce confort. On aimait bien ! Donc notre tour passe, il a déjà bien duré, et ce sera notre tour, à nouveau, d’ici…

En conclusion, il faudrait un miracle. Il faudrait que les entreprises se réforment, se transforment pour les anciennes, se créent, pour les nouvelles. Il faudrait pour cela, une politique de recherche et d’investissement dotée de moyens colossaux. Renouveler les hommes et leur provenance. Réformer l’Europe de façon drastique, notamment en réduisant le nombre de ses membres pour rester entre puissances cohérentes. Il faudrait, il faudrait… plusieurs miracles, et je ne vois aucun Dieu, aucun Jupiter à la hauteur de la tâche pour les accomplir. Nous sommes battus par la jeunesse, par des hommes qui dirigent les entreprises qu’ils ont fondées et en ont fait des géants dominants. Ils sont financés, vont vite, sont encore souples. Nos ailes d’ex-géants, nous empêchent de marcher.

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