Un hold-up de plus de 3,5 milliards sur l'AGIRC-ARRCO pour combler une partie du déficit budgétaire<!-- --> | Atlantico.fr
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Bercy cherche les moyens de puiser dans les excédents de l'AGIRC-ARRCO.
Bercy cherche les moyens de puiser dans les excédents de l'AGIRC-ARRCO.
©LOIC VENANCE / AFP

Atlantico Business

Bercy cherche les moyens de puiser dans les excédents de l'AGIRC-ARRCO. Ce n'est pas la première fois, mais il prend ainsi le risque de compromettre le modèle social qu'il voulait restaurer après le fiasco des réformes des retraites.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

Il est aussi l'auteur du blog http://www.jeanmarc-sylvestre.com/.

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Alors que le gouvernement finalise le bouclage budgétaire, il répertorie actuellement toutes les recettes exceptionnelles qu'il pourrait récupérer. Lorsqu'il s'agit de trouver des revenus supplémentaires pour éviter que le budget qui sera présenté ne dérape vers le déficit promis à Bruxelles, le gouvernement n'a guère de choix, car il a promis de ne pas toucher à la fiscalité, voire de la réduire. Il met donc en place certaines baisses, mais quand il essaie surtout de boucher marginalement les  trous creuses depuis le Covid.

Il se tourne donc vers les autoroutes, les aéroports et les taxes sur les vols des compagnies aériennes, mais il aura du mal à financer de nouvelles dépenses, notamment la perte de revenus due à la flambée des prix de l'énergie.

Restent ce que l'on appelle à Bercy des ressources exceptionnelles que l'on peut dénicher dans les services publics (mais elles sont rares) ou plutôt dans les institutions sociales. Lors de la discussion sur la réforme du chômage, par exemple, le gouvernement s'est rendu compte qu'il y avait des excédents à l'UNEDIC cette année, d'où la tentation de les utiliser. Cependant, cibler les excédents de trésorerie d'une administration déjà fortement endettée à long terme ne relève pas d'une gestion saine. Il vaut mieux commencer à rembourser les dettes plutôt que de prélever une cagnotte virtuelle.

L'effervescence autour de l'AGIRC-ARRCO est beaucoup plus préoccupante. L'AGIRC-ARRCO est une caisse de retraite complémentaire pour les personnels cadres et assimilés. Cela concerne de nombreuses personnes, près de la moitié des salariés du secteur privé. L'AGIRC-ARRCO fonctionne sur un système de répartition, c'est-à-dire que les actifs contribuent pour les inactifs. Elle présente trois avantages :

Premièrement, elle bénéficie d'une démographie favorable. Le nombre de cadres en activité a tendance à augmenter plus rapidement que ceux qui sont à la retraite, d'autant plus que cette population a tendance à prendre sa retraite plus tard.

Deuxièmement, elle est remarquablement bien gérée par les organisations syndicales. C'est un petit modèle qui prouve que le paritarisme peut fonctionner tant que l'État ne s'en mêle pas. Ce paritarisme décide du montant et de la répartition des cotisations, puis en fonction de l'évolution des effectifs, il détermine le montant des retraites.

Troisièmement, une bonne gestion permet de générer des excédents et donc des réserves en cas de conjoncture difficile.

Il est évident que le gouvernement sait qu'il existe une cagnotte dans laquelle il est tenté de puiser. Il peut saisir cet excédent ou l'emprunter, ce qui reviendrait au même. Le projet qu'il concocte serait de prendre près de 3,5 milliards d'euros, soit environ la moitié de la réserve. Cet argent servirait à financer les difficultés des petites retraites. Pour les partenaires sociaux, c'est inadmissible. Ils ne se laisseront pas faire, pas aujourd'hui, pas pour financer les petites retraites. Si le gouvernement a un problème avec les petites retraites, c'est parce qu'il n'a pas voulu ou n'a pas pu réformer le système. Maintenant, il faut en assumer les conséquences.

Les partenaires sociaux sont tous revenus à la table des négociations après le fiasco des réformes des retraites, manifestant ainsi leur volonté d'assumer leur responsabilité de cogestionnaires du système social.

Si le gouvernement intervient maintenant sur l'AGIRC-ARRCO, les partenaires sociaux ne peuvent pas l'accepter. Si le gouvernement souhaitait décourager les partenaires sociaux de reprendre leur rôle, il ne s'y prendrait pas autrement.

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