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Série de l’été : La France s’est découverte un appétit pour les licornes, des entreprises qui valent plus d’un milliard d’euros
©Ina FASSBENDER / AFP

Atlantico Business

Incroyable : la France s’est découverte une vingtième licorne, c'est l’effet le plus spectaculaire des réactions au Covid-19. Ces entreprises qui pèsent plus d’un milliard d’euros en valeur témoignent de la résilience française et du réveil de l’esprit d'entreprise. Pourquoi et comment ? Atlantico va parcourir le dossier des licornes pendant ces vacances d’été.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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L‘évènement était passé inaperçu, mais la France s’est dotée le mois dernier d’une 20e licorne, c’est à dire que c’est la 20e entreprise (de moins de 20 ans) à avoir dépassé, en valeur, le milliard d’euros, sans pour autant être cotée en bourse. Peu de Français la connaissent : son nom est IAD et c’est devenu un français champion du monde du marché des annonces immobilières.

Le premier semestre de cette année aura vu les effectifs de ce club très sélect des licornes s’accroitre de 8 membres supplémentaires, c’est à dire qu‘en six mois, le nombre de ce type d’entreprises a presque doublé.

Si ce phénomène a autant d’importance, c’est que le nombre de jeunes pousses mesure la capacité d’une économie à appréhender la modernité pour générer du progrès et de la compétitivité.

Ces licornes sont des entreprises qui atteignent une valorisation supérieure à 1 milliard d’euros. Elles peuvent avoir un chiffre d’affaires assez différent (en moyenne 400 millions d’euros) et elles ont des capacités à générer du profit, mais sont encore très incertaines. Il y en a même beaucoup qui n’ont pas encore produit un seul euro de profit, beaucoup qui consomment du capital et qui s’endettent et qui, chaque année, promettent aux détenteurs de capitaux que leur idée est bonne et que leur perspective de croissance et de compétitivité est importante. Normalement arrivées au stade de licorne sur ce marché à plus d’un milliard d’euros, elles commencent générer des profits, mais restent encore fragiles. 

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Le Covid a réveillé l’esprit d’entreprise en France et multiplié les licornes

Les licornes ont toutes quelques caractéristiques assez claires. La plupart sont nées dans les dix dernières années, grâce aux innovations digitales. Surtout, elles sont animées par un taux de croissance de chiffre d’affaires exceptionnellement élevé (croissance à deux chiffres, supérieur à 10 %) et un management capable de gérer ce genre de compétition.

Le résultat est que ces entreprises trouvent, sur les marchés financiers, des capitaux qui leur permettent de financer les investissements nécessaires à cette croissance. Elles lèvent des fonds auprès des institutions financières mondiales qui leur font confiance.

Alors, certains diront que l’activité principale de ces entrepreneurs est de lever des fonds et que c’est devenu un sport. Sans doute ! Sauf que ces levées de fonds ne sont possibles que parce que ces entreprises ont des potentialités qui inspirent confiance aux épargnants. Et l’addition de ces engagements réussit à faire grossir ces entreprises.

Avec 20 licornes, la France n’est pas en retard et ce qui est prometteur, c’est la diversité de ces entreprises qui traduit un dynamisme du tissu entrepreneurial français.

 Dans ce club des 20 membres licornes, on trouve, par ordre alphabétique :

- Alan, créée en 2016, qui, propose un service d’assurance santé digitalisée ;

- Back Market, qui est né en 2014, et qui fait dans le reconditionnement d’appareils électroniques (mobiles, tablettes.) ;

- Blablacar, l’une des plus anciennes (2006), champion du covoiturage ;

OVH Cloud, le premier hébergeur de site et de données Internet en Europe ;

- Contentsquare, plateforme de logiciel SAS spécialisée dans la relation client ;

Datai Ku, entreprise française mais basée à New York et qui est devenue un spécialiste de gestion de Data ;

Deezer, plateforme de distribution de musique, crée en 2007 ;

- Doctolib, plateforme de réservation de consultation médicale, de secrétariat et de gestion de cabinets, qui se développe désormais en Europe. Elle date de 2013 ;

- Ivalua, un site crée en 2000, spécialisé dans la gestion des achats en Sas,

Kariba, créée en 2004 qui produit et vend en mode Sas des logiciels de gestion de trésorerie pour les entreprises ;

- Ledger, française née en 2011, est une fintech qui propose des placements en crypto monnaie ;

Meero, c’est l’application ou la plateforme des photographes, leurs photos, leurs dispos ;

Mirakl, spécialiste du logiciel destiné au e-commerce et aux marketplaces créées en 2011 ;

Shift Technologie, un détecteur de fraudes via l’intelligence artificielle ;

Vestiaire Collective, spécialisée dans la vente de vêtements de luxe ou de marque de seconde main ;

Voodoo, un éditeur de jeux gratuits, crée en 2013 ;

- Socare qui conçoit et vend des jeux ;

Ynsect, une entreprise agro-alimentaire responsable, à base d’insectes ;

- Manomano, un site de e-commerce spécialisé dans les outils, et objets, les services réservés au bricolage pour les consommateurs et les professionnels ;

IAD, la dernière arrivée dans le club, spécialisée dans la gestion des annonces immobilières.

Ces entreprises représentent la ligne de front de l’économie française, dans la compétition mondiale et les fondations de la solidité du système. En arrivant au pouvoir, Emmanuel Macron avait affiché l’ambition de compter 25 licornes avant 2025. L’ambition faisait sourire, mais cette ambition sera atteinte. On en compte déjà 20 qui rayonnent et qui sont parties à la conquête du monde. Emmanuel Macron pourra sans doute mettre ce phénomène à l’actif de son bilan, sauf qu’il n’en est pas totalement responsable. La décision de supprimer de l’assiette de l’impôt sur la fortune les actifs financiers aura, certes, permis de ramener l’argent vers l‘entreprise, mais cette montée en puissance est sans doute liée aux effets du Covid, ou plutôt à la nécessité de trouver des moyens de se défendre.

Ce qu’il faudra retenir de cette crise sanitaire épouvantable, c’est qu’elle aura accélérer la mutation digitale. Le digital aura été l’outil incontournable de la distanciation et il le restera. D’où la résilience extraordinaire dont ont fait preuve les entreprises françaises en s’adaptant aux difficultés et en percevant, dans ces difficultés, des opportunités de création de valeur, de richesse, et donc d’activités et d’emplois.

Les licornes sont l’expression la plus spectaculaire de ce réveil des entrepreneurs. On pensait que la France était devenue un pays d’assistés ou de fonctionnaires. Le Covid a révélé aussi qu’il existait beaucoup d’entrepreneurs.  

Ce sont ces entrepreneurs, à la tête de leurs licornes, que nous allons observer en détail. Leurs activités, leurs parcours et le secret de leur réussite ; et surtout leur ambition et leurs perspectives.

Demain, notre licorne invitée :  Ynsect, la licorne française qui prépare la food révolution avec des protéines d’insectes...

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