Selon le FMI,  l’accès aux vaccins contre la Covid creuse les inégalités de croissance dans le monde et les disparités régionales en France<!-- --> | Atlantico.fr
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Une jeune femme reçoit sa première dose du vaccin Spoutnik-V contre la Covid-19 à Mexico, au Mexique, le 27 juillet 2021.
Une jeune femme reçoit sa première dose du vaccin Spoutnik-V contre la Covid-19 à Mexico, au Mexique, le 27 juillet 2021.
©ALFREDO ESTRELLA / AFP

Atlantico Business

Selon le FMI, l’accès aux vaccins a déjà creusé les inégalités de croissance entre les marchés émergents et les autres. En France, la campagne de vaccination crée des disparités régionales qui vont retarder l’immunité collective.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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La course de vitesse entre le virus et les campagnes de vaccination s’est engagée dans le monde entier, mais on constate que les difficultés d’accès aux vaccins créent des inégalités de croissance, entre ceux qui sont plutôt bien servis et tous les pays émergents qui n’en ont pas les moyens. Près de 40 % des populations des économies avancées ont été vaccinées, alors que les marchés émergents sont en dessous des 11%. Et beaucoup, dans les économies en développement, ne sont pas vaccinées du tout.

Au niveau national, où le taux de primo vaccinés atteint 60 % depuis l’accélération de la campagne, ce sont les disparités régionales qui inquiètent les autorités  de santé, dans la mesure où ces disparités vont encore éloigner l'objectif de l’immunité collective.

Au niveau mondial, les prévisions du FMI permettent d’observer que les marchés émergents et tous les pays en développement, mal servis en vaccins, mal équipés en outils de protection, vont enregistrer une croissance économique beaucoup plus lente que ce que les économistes attendaient avant de savoir que le vaccin serait la seule solution pour sortir de cette crise. Il y a six mois, le FMI pronostiquait une croissance moyenne dans les émergents de 6,3 % cette année 2021. Cette croissance sera plus lente dans ces pays qui ont du mal à se protéger. C’est évidemment l’Inde, ravagée par le variant Delta qui en paiera le plus lourd tribut. Mais la véritable ligne de rupture, entre ceux qui vont redémarrer très vite et ceux qui vont rester collés, est tracée par l’accès aux vaccins.

D’un côté, les économies avancées qui ont accès aux vaccins peuvent se préparer à un retour à l’activité normale à la fin de l’année. De l’autre côté, les pays émergents où les populations sont peu protégées faute de vaccins, vont devoir gérer des infections nouvelles et un nombre de décès anormalement élevé pour cause de Covid.

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Ces inégalités d’accès vont se traduire par des inégalités d’activité et de croissance.

L’Inde va être, de tous les pays émergents, le plus touché, alors que les experts lui prédisaient une sortie de crise assez rapide avant l’apparition du variant delta. La croissance attendue de 9,5 % sera dégradée de 3 points. La Chine, également, va perdre 0,3 points avec une croissance attendue de 8,1%.

Le drame est évidemment en train de se dérouler dans les pays en développement, une partie de l’Asie et de l’Afrique qui peuvent devenir les foyers pour les nouveaux variants. D’où le projet du FMI de dégager une aide de 50 milliards de dollars pour vacciner au moins 40% des populations mondiales d’ici à la fin de l ‘année

Cette inégalité de croissance va, selon le FMI peser sur la situation des pays développés dans la mesure où ils dépendent de leurs fournisseurs installés dans ces pays en difficultés. On voit déjà des ruptures d’approvisionnement de l’industrie du bâtiment qui cherche des matériaux et notamment du ciment. On le voit dans l’industrie automobile qui a un besoin urgent connectique et de batteries.

Situation un peu différente dans les pays riches. La question n’est plus l’accès aux vaccins. La question porte sur l’organisation des campagnes et l’acceptation des populations à se faire vacciner. En France, par exemple, la course de vitesse engagée avec le variant Delta est loin d’être gagnée. En dépit d’une accélération de la vaccination dans le pays depuis deux semaines, on aura du mal à atteindre l’immunité collective à la fin des vacances.

Selon le ministère de la Santé et Covid Tracker, il y avait 54 % de la population française partiellement vaccinée au 14 juillet et seulement 43% qui avaient reçu les deux doses. Bref, Doctolib reçoit plus d’un million de demandes de rendez-vous par semaine maintenant, mais même à ce rythme, et compte tenu des personnes qui ont déjà eu le Covid et en ressortent protégés par leurs anticorps, la France sera protégée à 60-70 % au quatrième trimestre, ce qui ne garantit pas l’arrêt de la circulation et des contaminations. Il faudra donc continuer à se protéger.

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Ce qui ne facilite pas l’opération, ce sont les fortes disparités de populations vaccinées, selon les régions françaises, que l’on visualise très bien dans le tableau ci-joint établi par le site Statista, à partir des données officielles que l’on retrouve sur CovidTracker. 

En fait, la France est partagée en trois parties.

1. La partie Ouest de la France qui se protège et se vaccine plus vite que le reste de la France. 

2. L’Ile-de-France reste en retard. 

3. La France d’outre-mer est à la traine avec très peu de vaccinations. Les taux les plus bas sont enregistrés en Martinique, en Guadeloupe, en Guyane et à Mayotte, avec moins d'une personne sur cinq vaccinées.

Toutes ces disparités s’expliquent très bien mais sont plus difficiles à corriger. Elles ne tiennent pas à des questions de logistique ou d’approvisionnement parce que depuis trois mois, les opérations ont été correctement gérées par les mairies et les collectivités locales, les hôpitaux, la médecine libérale, les pharmacies et Doctolib.

D’abord, la campagne de vaccination a porté sur les personnes les plus âgées, d’où l'avance de l'ouest de la France où la population est en moyenne plus âgée qu’en Ile-de-France. Toute la façade atlantique est vaccinée à plus de 60%.

Ensuite, l’Ile-de-France est en retard, peut-être parce qu’il y a effectivement proportionnellement moins de personnes âgées à Paris qu’ailleurs.

Cela dit, le drame absolu, c’est l’extrême retard des départements et des territoires en outre-mer. Alors, il peut exister des difficultés logistiques mais elles sont gérables. Il existe surtout une méfiance forte vis-à-vis du vaccin de la part des populations antillaises. Ce qui pourrait aussi expliquer le nombre d’aides-soignants qui, dans les hôpitaux publics, en France, refusent la vaccination. C’est un problème culturel, plus que pédagogique, auquel il faudra évidemment s’attaquer. Parce que la propagation de l’épidémie ne sera pas endiguée tant qu’il restera des poches de populations, à risque ou pas, qui seront récalcitrantes à la vaccination.

Le comble dans ce débat sur la vaccination, c’est qu’il a évidemment une composante idéologique et politique très forte. Mais il est aussi bourré de contradictions. Parmi les leaders opposés à la vaccination et au pass sanitaire, il y en avait beaucoup, il y a six mois pour dénoncer les inégalités d’accès aux vaccins dans le monde. « Un vaccin pour les riches mais interdit aux plus pauvres » pouvait-on entendre. Ils avaient raison. Aujourd‘hui, on se retrouve curieusement avec des leaders qui ne veulent pas que les doses ou les pass sanitaires soient utilisées. Il n’y a pas que l‘Etat qui change d’avis.

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