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Rajeunissement cellulaire : la retraite à 60 ans menacée par l’immortalité ?
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Zone franche

Si nous ne mourons plus, pas de doute, il va falloir sacrément allonger la durée des carrières.

Hugues Serraf

Hugues Serraf

Hugues Serraf est écrivain et journaliste. Son dernier roman : La vie, au fond, Intervalles, 2022

 

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C’est vraiment une excellente nouvelle, cette affaire de reprogrammation des cellules souches réussie par une équipe de chercheurs français (cocorico !). Je ne sais pas si vous avez suivi ça mais, en gros, il est désormais possible de prendre une cellule de vieux, d’en faire une cellule de jeune, de la réintroduire dans un organe de vieux et d’en faire un organe de jeune…

Bon, la découverte en est encore à l’état embryonnaire, si j’ose dire, mais en gros, si les crânes d’œuf de l’université de Montpellier continuent sur leur lancée, c’est carrément l’immortalité qui est en vue !

Notez que c’est un concept ambigu, l’immortalité. Ça sonne sympa comme ça de loin, tout ce temps en plus, mais ça finirait peut-être par se révéler lassant. Oh, le premier siècle, ça irait encore, on aurait des trucs nouveaux à apprendre, des choses nouvelles à découvrir. Mais à partir du troisième ou du quatrième, on finirait sans doute par se lasser.

Comme dit Woody Allen, enfin comme on dit que dit Woody Allen parce qu’avec les citations de ce genre, on ne sait jamais vraiment, « L’éternité, c’est bien long. Surtout vers la fin ».

« L'immortalité ? C'est comme les dents c'est super mal remboursé ! »

D’un autre côté, au train où vont les choses, si l’immortalité est disponible en sirop ou en cachets, il faudra avoir une bonne mutuelle pour en profiter. A mon avis, ça risque d’être comme le dentiste et l’ophtalmo : super mal remboursé. Du coup, dans les premiers temps, on ne va surtout croiser que des immortels riches et ça ne va pas améliorer la question de l’accroissement des inégalités.

Mais nous n’en sommes pas là. Pour l’instant, on rajeunit tout juste des cellules isolées dans un labo et le rajeunissement d’une Liliane Bettencourt intégrale est loin d’être d’actualité. Nous n’en sommes pas là, mais gouverner c’est prévoir et on se demande si les politiques ne devraient pas commencer à intégrer cette variable dans leurs plans de réforme des retraites.

Partir à soixante ans avec 37,5 annuités comme le proposent encore certains, je ne vous dessine pas une pyramide des âges, ça commence à être difficile à imaginer si plus personne ne casse sa pipe. D'ailleurs, même à 67 ans et avec 42 ou 43 annuités, on sent que ça va poser deux-trois problèmes de financement.

Ben oui, les jeunes de 50 balais vont se révolter, c’est sûr, lorsqu’ils ne seront plus que quelques centaines de milliers à entretenir plusieurs dizaines de millions de multicentenaires en pleine forme, toujours de retour d’un camp de vacances sur une base lunaire de loisirs ou en partance pour un stage de tai-chi dans le Limousin...

Comme d’habitude, la droite commencera par ressortir les éléments de langages habituels pour amorcer un débat sur l’opportunité d'un allongement des carrières d’un siècle ou deux : « Les Français sont désormais immortels, ce qui est une chance dont il faut se féliciter. Il faut néanmoins réfléchir à la question du financement de leur départ dans de bonnes conditions ». Ce à quoi la gauche répondra que ce n’est pas si simple, qu’il faut abandonner cette terrible logique comptable et que, de toute manière, selon plusieurs économistes, les cadres risquent de vivre en moyenne 4 siècles de plus les ouvriers (argument contestable puisqu’il faudra attendre la fin de l’éternité pour juger sur pièces et rembourser d’éventuels trop perçus)…

Je vous le disais : l’immortalité, ça sonne sympa comme ça au premier coup d’œil mais ça ne va pas beaucoup réduire la conflictualité sociale. Oh ça non…

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