Projet de budget 2013 : la preuve de l'absolue incapacité de l'Etat à se réformer<!-- --> | Atlantico.fr
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Selon le projet de budget 2013 présenté ce vendredi en Conseil des ministres, les comptes publics de la France ne sortiront pas du rouge dès 2017 comme initialement prévu.
Selon le projet de budget 2013 présenté ce vendredi en Conseil des ministres, les comptes publics de la France ne sortiront pas du rouge dès 2017 comme initialement prévu.
©Reuters

#Fail

Inachevé, imprécis, glouton... Le budget présenté ce vendredi en Conseil des ministres suit la routine qui conduit depuis 30 ans l'Etat à laisser dériver la dépense publique.

Michel Garibal

Michel Garibal

Michel Garibal , journaliste, a fait une grande partie de sa carrière à la radio, sur France Inter, et dans la presse écrite, aux Échos et au Figaro Magazine.

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C’est un brouet bien indigeste qui s'offre aux députés avec pour épices une cascade d'impôts au goût bien amer pour les contribuables. Une ponction de 20 milliards d'euros est annoncée d'un coup dans le but de ramener le déficit à 3% du produit intérieur brut l'an prochain. L'effort demandé paraît considérable, mais il laissera une ardoise de 60 milliards dans les comptes publics, tant l'Etat, flanqué des collectivités locales et des bilans sociaux continue de se montrer glouton. Et l'an prochain, la France sera le plus gros emprunteur sur les marchés européens pour honorer ses factures, ce qui signifie qu'elle restera sans relâche sous la surveillance des bailleurs de fonds internationaux.

D'autant que 2013 sera l'année de tous les dangers, avec le ralentissement de la conjoncture mondiale, la poursuite de la hausse des prix de l'énergie, la multiplication des plans sociaux avec un chômage qui pourrait à terme franchir la barre des 3,5 millions de personnes sans emploi. Avec, à court terme, le risque d'une plongée des recettes fiscales, car le budget est calculé sur une prévision irréaliste de 0,8% de croissance. On s'attend, dès lors, à un collectif budgétaire dans quelques mois, pour remettre les pendules à l'heure, faire face à la baisse des rentrées d'impôts par rapport aux prévisions, ce qui pourrait obliger le gouvernement à se renier une fois de plus sur le recours à la TVA ou à la CSG pour resserrer les comptes.

Le gouvernement est tétanisé par la dégradation de la situation qui touche aussi tous nos partenaires européens. Le budget en porte la trace. Il a un air d'inachevé, de provisoire. Il n'a pas d'orientation précise, avec un aspect quelque peu chaotique, reflet des dissensions au sein de la majorité politique qui le soutient. Ainsi, il maintient tout à la fois les carottes fiscales en faveur de l'immobilier, tout en durcissant parallèlement les contraintes réglementaires qui paralysent la construction. Il lance des appels à investir, mais risque de faire fuir les capitaux par une fiscalité écrasante. En définitive, il n'offre pas à nos concitoyens inquiets la boussole qu'ils réclament pour naviguer dans la tempête. Il suit plutôt la routine qui conduit depuis 30 ans l'Etat à laisser dériver la dépense publique alors que dans le secteur privé la chasse aux coûts, impitoyable, fait partie du quotidien.

On se trouve ainsi en fin de course devant un document purement comptable, où l'on rogne certains crédits à la marge pour donner l'illusion de l’action, alors que l'on est toujours guidé par une sorte d'inertie, reflet d’une indécision globale. C'est là, alors qu'il est au pied du mur, que François Hollande devrait sortir de son mutisme, créer un choc d'offre en lançant l'indispensable réforme du marché du travail et des services dont les pays du nord ont donné l'exemple avec succès et amorcer la réorganisation en profondeur du secteur public. Cela suppose aussi de briser les conservatismes qui règnent dans sa majorité, mais c'est le seul moyen d'amorcer un élan qui éviterait à la France la voie du déclin. 

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