Pas de PLF rectificative 2024 ? La surprenante analyse du président Macron<!-- --> | Atlantico.fr
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Emmanuel Macron a déclaré que “nous n’avons pas un problème de dépenses excessives mais un problème de moindres recettes”
Emmanuel Macron a déclaré que “nous n’avons pas un problème de dépenses excessives mais un problème de moindres recettes”
©SARAH MEYSSONNIER / POOL / AFP

À reculons

Selon Le Figaro, le président de la République s’est invité ce lundi à la réunion de coordination de la majorité et a développé une analyse de la situation présente des Finances publiques de notre pays. Le Chef de l’État a déclaré publiquement, donc à titre officiel, que “nous n’avons pas un problème de dépenses excessives mais un problème de moindres recettes”

Jean-Yves Archer

Jean-Yves Archer

Jean-Yves ARCHER est économiste, membre de la SEP (Société d’Économie Politique), profession libérale depuis 34 ans et ancien de l’ENA

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Il est parfaitement exact de souligner que le tassement avéré de la croissance (qualifiée d’atone par l’INSEE) en cours porte atteinte au volume de recettes fiscales du pays.

Ainsi, il y a un manque à gagner d’environ 30 Milliards d’euros : TVA, IS, etc.

Le raisonnement vaut aussi pour les collectivités territoriales dans la mesure où la crise du logement affecte les produits usuellement issus des droits de mutations foncières à titre onéreux, parfois qualifiés à tort de frais de notaire.

Le président, inspecteur général des Finances et doté de capacités cognitives reconnues et appréciées aurait donc raison.

Hélas, trois fois hélas comme l’a dit un jour fameux le général de Gaulle, l’Histoire financière de notre pays donnera tort à l’auteur de cette formule tant il est vrai que le niveau de la dépense publique, en France, est continuellement ascendant et doté d’une dynamique désormais fort préoccupante.

Le déficit public traduit un dérapage des comptes qui est le double du manque à gagner des recettes, la dette ne cesse de prospérer et de signer nos impositions futures conformément à la loi de David Ricardo. Quant au dérapage budgétaire (voté alors même que les prévisions de croissance qui avaient servi à échafauder le budget – PLF 2024 – étaient recouvertes par le Haut Conseil des Finances publiques du qualificatif peu reluisant “d’optimistes”), il est net.

Globalement, notre pays va faire un score terrible : le plus lourd déficit budgétaire de la Vème République (plus de 175 Mds) et le plus fort niveau d'emprunt : Agence France Trésor, 285 Mds à lever.

Non, la formation administrative et financière d'Emmanuel Macron ne le prive pas de comprendre le réel et de voir que les dépenses publiques étouffent le pays qu'il préside.

Bien entendu que le trou d’air (voire l’entrée en récession ?) de la croissance génère un embarras pour nos finances mais c’est raconter des “carabistouilles”   terme usité à plusieurs reprises par l’intéressé) que de le placer en variable de rang 1.

Dans la Beauce, celui qui sème en désordre n’a – normalement – pas l’audace d’accuser la pluie si la récolte est décevante.

Le Chef de l’État et son ministre des Finances n’ont pas le courage,  et je dirai l’honneur républicain, d’assumer le miroir que nous tend leur piètre gestion.

Petit à petit, le voile se lève : on nous avait parlé jusqu’à plus soif du Covid et maintenant on découvre que seuls 280 Mds sont imputables à cette calamité séculaire sur les 1.000 Milliards additionnels de dette estampillée 100% Macron.

On nous prend pour des jambons avant de préparer la tonte des moutons après les élections européennes pour lesquelles il est patent que la candidate du parti présidentiel est approximative en économie.

L’agence de notation Moody’s a déjà évoqué le fait que le retour à 3% de déficit en 2027 “ne parait pas atteignable”.

Autant dire qu’une dégradation de notre note est plus que plausible. Ce qui revient à dire que la prime de risque accolée à nos nouvelles tranches d’endettement sera hélas supérieure et que le différentiel (spread) avec l’Allemagne va s’accentuer.

En tant que citoyen, je garde mes idées pour moi.

En tant que contribuable, je me prépare à la “cuenta”  de ce fiasco où la gestion est évanouie et où la cigale de la fable triomphe.

En tant qu’économiste, j’ai voulu croire que le Président Macron, sur les pas de Mendès-France, aurait l’audace et l’ardeur de faire élaborer un collectif budgétaire avant l’Été pour nous éviter le pire.

La puissance médiatique donnera peut-être un relief à la bourde conceptuelle d’Emmanuel Macron. Un point est acquis, nous ne disposons pas d’un capitaine pour temps de forte houle mais d’un homme qui recule, par tous les moyens, l’heure du gong. Rassurez-vous Emmanuel, l’Histoire vous rattrapera et saura être impitoyable pour ce second mandat.

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