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Un citoyen s'apprête à voter lors des élections. L'avenir du pays, la question des territoires, l'identité et l'autorité seront au coeur des enjeux de l'élection présidentielle de 2022.
Un citoyen s'apprête à voter lors des élections. L'avenir du pays, la question des territoires, l'identité et l'autorité seront au coeur des enjeux de l'élection présidentielle de 2022.
©Ludovic MARIN / AFP

Les entrepreneurs parlent aux Français

L'avenir du pays, la question des territoires, l'identité et l'autorité seront au coeur des enjeux de l'élection présidentielle de 2022.

Denis Jacquet

Denis Jacquet

Denis Jacquet est fondateur du Day One Movement. Il a publié Covid: le début de la peur, la fin d'une démocratie aux éditions Eyrolles.  

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Pour gagner en 2022, il faut observer le monde. C’est finalement assez simple en principe, mais plus compliqué au quotidien pour nos concitoyens, et encore plus pour nos commentateurs, semble-t-il. Mon passage sur une chaîne d’info samedi pendant 2 heures me l’a rappelé avec vivacité. Les politiques français ont perdu le sens du temps et de la distance.

Le temps, car cette impression d’urgence et d’immédiateté qu’exige un monde digital leur a définitivement fermé la porte du temps long. Le passé et son cheminement vers le présent, offre pourtant une direction, un éclairage assez limpide de ce que le monde nous réserve. Au moins dans les tendances. Le nez écrasé sur la minute, l’info et le sondage, nous sommes gouvernés par des aveugles.

La distance, car l’absence de prise de recul sur le monde est encore plus effrayante. La chroniqueuse qui me faisait face, m’a épouvanté non tant par la vacuité de ses propos que l’incapacité à connaître le monde au-delà de la frontière de son arrondissement. Inquiétant. Flippant dirait mes enfants. L’effet que la gestion de la crise du covid aura pour des pays distant de 8000km leur échappe totalement, tout autant que l’effet boomerang que cela aura sur nous. Flippant, je vous le dis !

S’ils retrouvaient la vue et le recul, ils verraient clairement où et quoi faire pour la campagne à venir, et ainsi offriraient aux français un spectacle réjouissant de décideurs guidés par une vision. Ils pourraient ensuite formuler des solutions différentes selon leur famille politique, mais au moins montrer que la lumière est encore allumée à leur « plafond ».

Idée n°1 : L'avenir

Le Covid a accéléré et révélé plus crûment la décadence de l’Europe. Elle ne compte plus, va continuer à s’abimer gentiment, et n’excite plus personne. Le score des dernières élections, allégée d’une abstention record devrait nous le rappeler. Mais tout le monde s’est attaché à l’oublier. Comme si mettre la tête dans le sable faisait disparaître le problème. Nos concitoyens Européens pensent que l’avenir ne se joue plus sur nos territoires et attendent donc soit des candidats mensongers, qui leur promettent le retour au passé, soit des candidats inspirés, qui leur expliqueront avec lucidité et ambition, comment conquérir une nouvelle place pour la France dans un avenir proche. Je vais sans surprise, m’intéresser à cette seconde typologie de candidat.

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Il lui faut donc une vision, et donc être un ou une visionnaire, capable de nous projeter dans l’avenir, rendre à chacun la fierté d’être français, indiquer quelles victoires on a l’intention de gagner, à quelle échéance ? La France a besoin de retrouver la voie de la fierté et abandonner celle du recroquevillement.

Idée n°2 : Les Territoires

Le monde se fracture entre les urbains, et le reste des territoires. La concentration dans les grandes villes, offre elle-même une fracture forte entre les riches et les pauvres, car la misère en milieu urbain progresse chaque jour. L’écart entre les riches et les pauvres à Abidjan sera le même qu’à Paris dans moins de 10 ans. Il a déjà fondu de 50% en 10 ans. Les territoires se sentent abandonné des centres de décisions et des aides, de l’investissement, des services publiques et les pauvres des villes cherchent une revanche sur ceux qui « ont ».

Ainsi, nous avons eu les Gilets Jaunes en France, et Trump a emporté tous les Etats du centre des USA, les « laissés » pour compte, mais aussi une partie du vote de ceux qui grâce à sa politique économique, ont eu un job qu’ils n’avaient pas eu aussi facilement depuis 1969 (meilleur taux de chômage aux USA depuis 69 sous Trump). Ils rassemblent des attelages hétéroclites, qui vont de l’extrême gauche à l’extrême droite, et se rejoigne par un même sentiment de désespoir. Ceux-là voteront pour un homme ou une femme qui saura leur prouver qu’il peut redonner vie à leur territoire de vie, qui ressemble de plus en plus, au local du condamné à mort.

Idée n°3 : Identité et unité

Face à des populations qui souhaitent profiter de sa faiblesse pour l’achever, des pays comme la France, doivent montrer que la radicalisation, la lutte culturelle, religieuse, à laquelle nous avons cédé depuis près de 40 ans, du fait d’une gauche irresponsable qui lui a permis de prospérer et d’une droite imbécile qui a crié au loup, mais n’y a rien fait, va connaître son terme. Et cela de façon ferme, autoritaire presque, et surtout rapide.

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Seul un pays uni, à identité forte a une carte à jouer dans ce monde. La Chine, les USA, Israël, en sont des exemples parfaits. La Chine refoule toujours l’étranger à la fin, pour laisser l’identité Chinoise triompher. Lorsque ses minorités musulmanes se font entendre, elle les abat sans pitié. Au contraire, les USA accueillent les talents et l’argent, qui ne souhaitent qu’une chose, se fondre dans le modèle américain. Au final, le résultat est à peu près identique. Pas un musulman radical pour insulter ou frapper une femme blanche dans une rue devenue interdite à la République, ni aux USA, ni en Chine. Il faut donc autoritarisme ou ambition. Assimiler par la force, ou le réalisme, ou par le rêve. Aucune autre solution. Et certainement pas celle d’un pays « multiculturel », qui se vante d’accueillir les immigrés, pour les laisser vivre au milieu de l’autoroute porte de la Chapelle.

Pour avancer vers l’avenir, il faut avoir une identité, un modèle à préserver et un rêve à faire aboutir. Il faut ramer dans le même sens et ne pas laisser faire le rameur qui veut aller à contre-courant du progrès et du modèle initial.

Idée n°4 : Autorité

On voit bien partout, depuis 15 ans environ, que les régimes autoritaires gagnent du terrain. Par la force, pour certains, par l’assentiment des populations pour d’autres. Un sondage récent de Harvard indique que les pays occidentaux sont prêts à sacrifier liberté à la sécurité. L’autorité est en vogue. Un dirigeant faible n’a aucune chance de gagner une élection aujourd’hui, sauf chez Disney au pays de blanche neige.

Pour nous entrepreneurs, il y a clairement 2 choix qui se distinguent, quant au candidat qui pourrait incarner cela, avec un peu de travail. Macron et Zemmour. Étrange non ?

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Macron continue à faire rêver les dirigeants des grands groupes, que je ne classerais pas néanmoins dans la catégorie entrepreneur. Ils sont Parisiens, souvent issus d’un sérail académique et pensent que Zemmour n’est pas prêt, même si ils lui accordent un crédit sur la société, et que Macron délivré du poids de la réélection pourrait devenir le réformateur qu’il a avait commencé à être, avant de devenir un « dictateur du covid » réduisant sa décision aux 7 personnes du conseil de défense, (pour finalement décider seul) et niant toutes les autorités locales pourtant élues. Ils pensent qu’il est brillant et saura faire côté institutionnel et économique, juridique aussi, la toilette nécessaire à remettre le pays en marche. Avant.

Il est devenu autoritaire, ce qui est dans le sens de l’histoire. Il essaie de dessiner une vision, où la France serait à nouveau au sommet (son plan nain pour l’investissement d’avenir avait cela pour ambition, totalement à côté en termes de montant, mais qui avait objectif de faire rêver à un lendemain plus doré). Il va désormais dans les territoires, qu’il tente de soigner ou assister, car la crise des GJ lui a fait comprendre que la déconnexion coûtait cher. Il a donc des atouts.

Rien d’inspirant chez les LR, et donc tout le monde s’en fout, pour faire simple. Hidalgo apparaît partout comme une dangereuse illuminée et effraie tout le monde à part les bobos Parisiens, heureusement insuffisamment nombreux pour lui valoir plus de 5 à 8% des votes. Mélanchon a passé son heure de gloire, mais ne le sait pas encore. Ou ne veux pas l’admettre. L’élection se joue à droite cette année, pas chez insoumis, soumis en fait à la démagogie et à l’irréalisme le plus pur.

Reste Zemmour. Il incarnerait assez bien le profil idéal pour au moins 50% des entrepreneurs. Autorité. Hors sérail. Unité et identité. Il lui manque la couche rêve et ambition et une posture présidentielle que son manque de doigté (si je puis dire) à Marseille risque d’entamer sérieusement, comme le « casse toi pauvre con » de Sarko. Et lui coller à la peau. Mais il plaît. Enfin un langage de vérité. Enfin une volonté d’en finir avec ces zones et hommes de non droit. Enfin une volonté de mettre fin à l’émiettement de notre culture et un rempart fantastique à la montée de ces débiles de la « woke culture » (lire mon article récent sur le sujet et l’excellent livre de Brice Couture).

Il lui faut donc 2 choses.

  • Ne plus seulement cesser de se concentrer uniquement à corriger les errements du passé et enfin, nous éclairer sur sa vision du futur. Si nous sommes unis, à nouveau, c’est pour aller où ? Comment ? Pour quel bénéfice pour chaque français ? Pour chaque territoire ?
  • Avoir une posture de président et abandonner celle du débatteur TV. Le corps tendu en avant, ainsi que les mains, pour couper la parole de l’adversaire. Il faut être posé. Sûr de soi. Serein et moins excité. Cet aspect a coûté cher à Sarkozy.

S’il sait faire cela il peut au moins aller au second tour, car je ne vois pas vraiment qui peut encore avoir envie de voter à nouveau Marine en 2022, malgré les sondages. Elle a prouvé son incapacité en 2017, et n’a pas vraiment changé depuis, ni d’organigramme, ni de discours. Un programme économique inaudible, toujours assez à gauche. Rien pour tirer la France vers le haut.

En tous cas, Zemmour est indispensable à la campagne, il n’est pas à l’extrême de l’échiquier politique malgré la façon dont le catalogue la presse. Un thème central de campagne., ne mérite pas d’être qualifié d’extrême !! Comme l’écologie, cela devrait être un thème commun à tous les partis.

A ces conditions, Zemmour pourrait devenir le candidat de nombre d’entrepreneurs, qui ont voté Macron en 2017. Il est d’ailleurs bien entouré, de gens très bien, qui sont plutôt centristes à la base, ont parfois fait la candidature de Macron en 2017. A vous de voir !!

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